Le MEB se tourne vers un «nouveau dragon» d’Asie
Une délégation d’entrepreneurs monégasques se greffera au premier déplacement officiel du souverain au Vietnam, à l’automne, pour mesurer le potentiel d’un pays stable, jeune et ambitieux
Les adhérents du MEB et ses partenaires avaient rendezvous à l’Automobile Club de Monaco, hier, comme pour mieux accentuer le clin d’oeil inaugural de Michel Dotta à la récente obtention d’un Grand Prix de Formule 1 au Vietman. Si les premiers tours de roues à Hanoï devront attendre 2021, une délégation d’entrepreneurs monégasques se rendra sur les terres de ce « nouveau dragon » de l’économie asiatique, du 5 et 9 novembre, dans le sillage de la première visite officielle du souverain. Le Vietnam, un pays en plein essor économique (lire ci-contre) qui connaît « un développement remarquable dans des secteurs comme le textile ou l’électronique », selon le président du MEB. Michel Dotta précisant que tout est à construire puisque, entre les deux pays, « les relations économiques sont encore peu importantes. »
Finance, énergie et santé
Pour «aider à appréhender ce potentiel », le président du MEB a cédé la tribune à Thiep Nguyen, ambassadeur de la République Socialiste du Vietnam en France et à Monaco, venu effectuer « une mise à jour des connaissances» sur son pays. Une revue théorique des atouts du Vietnam complétée d’« un retour de terrain» de Djivan Djierdjian, directeur exécutif de la SIAMP - CEDAP, société spécialisée dans les sanitaires et implantée depuis 20 ans à Hô-Chi-Minh-Ville (lire ci-dessous). Une mise en lumière appréciée des adhérents, d’autant qu’il n’est pas toujours évident d’avoir pareil témoignage en amont des déplacements. L’occasion d’asseoir la décision de certains, ou d’en enrôler d’autres dans cette virée de cinq jours sur les côtes du Golfe du Siam. Après un bref rappel de l’histoire mouvementée et tragique du Vietnam au cours du XXe siècle. De la guerre d’Indochine au conflit armé avec les Khmers rouges cambodgiens de Pol Pot, jusqu’à l’opposition avec la Chine conclue par une guerre civile éteinte seulement dans les années 90. Thiep Nguyen a évoqué des opportunités d’affaires pour les entrepreneurs monégasques autour de trois axes majeurs : la finance, l’énergie renouvelable et la santé.
Communisme et capitaux étrangers
Et si le pays ne renie pas son héritage communiste, il s’avère sacrément décomplexé économiquement parlant, s’ouvrant largement à l’économie privée. La faute à de mauvaises expériences également. L’ambassadeur concédant «une mauvaise utilisation des capitaux étrangers par les entreprises publiques» par le passé… D’où la main tendue au secteur privé. Résultat, dans les banques, des partenaires étrangers proéminents, Japon en tête. Côté énergie renouvelable, la politique est ambitieuse. En 2015, capacité et imports représentaient 1 milliard de kilowatt-heures. Objectifs : multiplier par 2 d’ici 2020 et par quatre à horizon 2030. Quant à la santé, un taux d’occupation des hôpitaux supérieur à 200%. Un retard critique en terme de maladies transmissibles, de surdose et abus médicamenteux, ou encore sur la gestion de la pollution et l’alimentation ont accouché d’« une réforme en cours sur l’autonomie des hôpitaux publics». L’ambassadeur ajoutant que l’ouverture aux capitaux étrangers peut jouer en faveur des francophones, notamment à l’hôpital français d’Hanoï. Des secteurs « porteurs » au coeur d’un « renouveau économique » .Ce «renouveau» , ou «Doi Moi» en version originale, a été acté en 1986 et poursuit deux idées « faire sortir le (Photos REALIS) pays de l’isolement diplomatique et de l’embargo économique ».
Carrefour stratégique et classe moyenne
D’où une politique d’expansion constante depuis les années 90, marquée par quelques dates clés. Une « normalisation » des échanges avec la Chine dès 1991, la première visite du président Mitterrand en 1993, une diplomatie renaissante avec les États-Unis, ou encore l’adhésion à l’OMC en 2007 et la signature d’accords cadres avec l’Union européenne dès 1995. Des accords actuellement en renégociation. « Le Vietnam est le seul pays, avec Singapour, à voir mené à terme une discussion sur ces accords de libres échanges. Nous sommes en attente de ratifications européennes. »