Monaco-Matin

La belle et le prédateur

- CÉDRIC COPPOLA

Une jeune femme (Claire Foy), convaincue d’être harcelée, est enfermée contre son gré dans une institutio­n psychiatri­que. Alors même qu’elle tente de convaincre tout le monde qu’elle est en danger, elle commence à se demander si sa peur est fondée ou le fruit de son imaginatio­n… Ce qu’il y a de formidable, chez Steven Soderbergh, c’est qu’il ne fait jamais deux fois le même film. Après avoir marqué une longue pause, le cinéaste s’attache depuis l’an dernier à des production­s à budgets restreints qui lui permettent, en contrepart­ie, de conserver une plus grande liberté artistique. Suite à l’enthousias­mant braquage en milieu prolétaire manoeuvré Logan Lucky ,le cinéaste de Sexe, mensonges et vidéo revient avec un thriller haletant, sur l’internemen­t d’une femme – Claire Foy, connue pour son rôle d’Elisabeth II dans la série The Crown – victime d’un prédateur… qu’elle croit reconnaîtr­e dans l’un des membres du personnel médical. Le scénario joue habilement sur cette situation et multiplie les moments de tensions. À la croisée de Vol audessus d’un nid de coucou et Miser y, le thriller dénonce ouvertemen­t certaines arnaques à l’assurance montées par des établissem­ents de soin. Ça prend aux tripes, c’est incarné et surtout brillammen­t réalisé avec une caméra qui cherche autant à capter les perspectiv­es, qu’à « écraser » par l’usage d’un grand angle au plus près de sa formidable actrice et l’instabilit­é de son personnage. Un esprit virtuose qui ne néglige pas la psychologi­e, à l’image d’une joute verbale en chambre confinée entre la victime et son bourreau. Exercice de style nerveux, jusqu’au bout.

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