Monaco-Matin

Et en finale ce sera... France-Croatie !

- Vous êtes née en Belgique, d’origine anglo-égyptienne et vous partagez votre temps entre Toulouse et Londres. D’où vous sentez-vous ? PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE DUPUY

Natacha Atlas était à Monaco pour l’inaugurati­on de l’exposition d’été du Grimaldi Forum consacrée à « L’or des Pharaons ». Elle a joué quelques titres de son dernier album en pianovoix pendant le dîner inaugural, puis a donné un concert gratuit avec son groupe, Transgloba­l Undergroun­d, qui effectue une tournée mondiale pour célébrer ses 25 ans d’existence. L’occasion de faire un « point carrière » avec la chanteuse Belgo-Egyptienne, que sa reprise arabisante de Mon amie

la rose (Françoise Hardy) a rendue célèbre dans notre pays…

Qui a eu l’idée de cette reprise, qui vous a valu une Victoire de la musique en  ?

C’est moi. Ma mère adorait Françoise Hardy et particuliè­rement cette chanson. On voulait faire une reprise avec Transgloba­l Undergroun­d et c’est ce titre qui s’est imposé. En plus de la Victoire, cela m’a permis de rencontrer Françoise Hardy qui a été très gentille et m’a dit qu’elle préférait ma version à la sienne…

Pourquoi ne pas avoir capitalisé sur ce succès pour vous imposer en France ?

Le succès de cette reprise a été une totale surprise. Ma timidité fait que, même sur scène, je préfère chanter dans le noir et en groupe plutôt qu’en solo. Je n’étais pas faite pour être célèbre ! [rires]

Pourtant votre groupe est devenu légendaire et vous fêtez son quart de siècle d’existence…

Oui, je suis heureuse que le groupe ait pu se reformer dans sa compositio­n originale pour cette tournée anniversai­re. À l’heure du Brexit et de Donald Trump, l’engagement antifascis­te et antiracist­e de nos chansons est plus que jamais d’actualité. Il faut continuer à transmettr­e le message.

Votre collaborat­ion avec Ibrahim Maalouf sur votre dernier album solo vous a-t-elle ouvert les portes du jazz ?

En quelque sorte, oui. En tout cas, j’ai eu envie de poursuivre mon travail dans cette voie. C’est assez difficile de marier la musique arabe et le jazz, mais ça vaut la peine de travailler dessus. Il y aura aussi, sur l’album, un duo

new soul avec Joss Stone en hommage à Martin Luther King et un titre dédié à la poétesse anglaise engagée Kate Tempest, que j’adore. Le titre de l’album,

Strange Days, reflète les difficulté­s de l’époque…

Votre engagement ne faiblit pas, on dirait ?

Non. Transgloba­l Undergroun­d, avec son mix inédit de musiques arabes, indiennes et électro est devenu un symbole de la lutte contre le racisme et la xénophobie et j’en suis très fière. Je veux continuer à représente­r cela pour ceux qui nous écoutent et viennent nous voir en concert. Je suis une gitane, je voyage tout le temps. C’est pour cela que le Brexit me fait tellement horreur. Les gens qui ont voté pour croient qu’en quittant l’Europe, ils se protégeron­t des flux migratoire­s. Ils se trompent, évidemment. Et cela risque de coûter très cher à l’Angleterre.

L’Égypte vous manque ?

Oui, beaucoup. Une partie de ma famille y vit encore. Mais ils me disent que la situation est pire qu’avant la révolution et j’ai peur d’être déçue quand j’y retournera­i.

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(Photo Julien Benhamou) « À l’heure du Brexit et de Donald Trump, l’engagement antifascis­te et antiracist­e de nos chansons est plus que jamais d’actualité. »

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