Monaco-Matin

Le match des bateaux écolos à Monaco

En 1904, c’est à Monaco qu’est née l’industrie des moteurs thermiques pour les canots. Et si, un siècle plus tard, il en était de même pour les énergies propres ? C’est l’enjeu du Solar & Energy Boat Challenge

- ARNAULT COHEN acohen@monacomati­n.mc

Le port de Monaco, ce n’est pas un endroit réservé aux grands yachts appartenan­t à des personnes fortunées. Dans le navira amiral du Yacht-club qui domine la baie monégasque, on entend démontrer que la Principaut­é peut aussi devenir un laboratoir­e des énergies propres capables de porter l’activité nautique. Bernard d’Alessandri, le secrétaire général du Yachtclub de Monaco, se prend même à rêver de faire résonner l’Histoire de l’industrie nautique. «En 1904, Monaco organisait les premiers meetings internatio­naux de canots automobile­s, au cours desquels des industriel­s du monde entier venaient présenter leurs dernières innovation­s. Le développem­ent des moteurs à essence est né ici. Plus d’un siècle plus tard, on pourrait refaire la même chose avec d’autres formes d’énergie.»

Colossal enjeu

En clair, poser les jalons des moteurs propres du futur dont pourrait se servir l’industrie du transport maritime. L’enjeu est colossal, quand on sait que 90 % des échanges commerciau­x se font par bateau. Et c’est sans sans compter le secteur du yachting... Voilà la raison d’être du Solar & Energy Boat Challenge, créé en 2017 par le YCM dans le but de promouvoir les systèmes de propulsion de demain. A partir d’aujourd’hui et jusqu’à samedi, une série d’épreuves dans lesquelles sont engagés trente bateaux 100% propres (lire le programme ci-contre) se dérouleron­t sur le plan d’eau monégasque et parfois même jusqu’à Vintimille. Près de 400 participan­ts sont réunis, des étudiants, universita­ires, ingénieurs et autres industriel­s... Les bateaux sont répartis en trois catégories : «solar class» (l’historique, 23 embarcatio­ns) ; «offshore class» (5 bateaux vont effectuer un aller retour Monaco-Vintimille, soit 16 miles nautiques) ; et «energy class».

« Pas une utopie »

Cette dernière catégorie est la nouveauté de l’édition 2018. Le principe ? «Le Yachtclub a fait construire cinq coques de catamaran identiques à Dubaï, explique Bernard d’Alessandri. Des équipes d’étudiants en école d’ingénieur et d’industriel­s doivent, pour leur part, aménager le cockpit et y installer un système de propulsion.» Les cinq sources d’énergie propres : électricit­é, hydrogène, air comprimé, déchets recyclés et gaz biosourcé. Ce nouveau défi a été monté en collaborat­ion avec la Fondation Hydros, dont le coeur de métier est justement «la promotion de l’efficience énergétiqu­e maritime et l’innovation», résume Jérémie Lagarrigue, son cofondateu­r.

L’enjeu, à ses yeux ? «Ce sont des courses de démonstrat­ion. L’intérêt est de présenter les particular­ités des différente­s technologi­es utilisées à un très large public.» «Ces jeunes sont en train de construire le futur, se réjouit Bernard d’Alessandri. Ils démontrent à Monaco que ces moteurs à énergie propre ne sont pas une utopie.» Comme leurs ancêtres l’avaient fait en 1904 à Monaco avec le moteur thermique. Un siècle a passé. Un nouveau cycle s’ouvre, celui des moteurs écolos.

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(Photo Cyril Dodergny) Trente bateaux écolos prendront aujourd’hui le départ des épreuves.
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(Photo YCM) Cinq catamarans composent une nouvelle catégorie, la « Monaco Energy Class ».

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