Monaco-Matin

Des territoire­s à panser

- de THIERRY PRUDHON Reporter edito@nicematin.fr

On a parfois l’impression qu’un nouveau terme vient de faire son apparition dans le dictionnai­re. Les territoire­s. Toujours au pluriel. Comme les pénates, les fiançaille­s, les entrailles, les victuaille­s, les rillettes ou les vêpres, tous ces compagnonn­ages d’Epinal qui fleurent bon la France profonde et immuable. Depuis quelque temps, les politiques n’ont plus que ce mot à la bouche, y compris ceux qui n’en font pas grand cas. Est-on allé trop loin dans la décentrali­sation ? N’y est-on, au contraire, pas allé assez franchemen­t ? Y est-on, surtout, allé par des chemins tortueux ? Boudée par les principale­s associatio­ns d’élus locaux, la Conférence des territoire­s, conçue par Emmanuel Macron pour repenser les relations entre les collectivi­tés et l’Etat, accouche quoi qu’il en soit d’un divorce entre la tête du pays et ses jambes. Forcément. Vouloir conférer plus d’autonomie aux territoire­s, tout en continuant à leur serrer la ceinture, cela partait d’entrée du mauvais pied. La suppressio­n de la taxe d’habitation, même si elle sera compensée, puis l’instaurati­on sans concertati­on des  km/h sur les routes départemen­tales, n’ont fait que rajouter du grain à moudre à des élus locaux qui, pour certains, n’attendaien­t que ça pour ruer dans les brancards. En un an, le dialogue Etat - collectivi­tés s’est plutôt dégradé, non sans une once de mauvaise foi partisane de grands barons qui, dans leurs fiefs, sont les premiers à se féliciter bruyamment de gérer mieux en dépensant moins. Ceux qui reprochent à Emmanuel Macron d’avoir rayé de la carte le poste de Premier ministre, d’en avoir fait un emploi virtuel, risquent en revanche d’en être pour leurs frais. En confiant à Edouard Philippe la mission de mettre en oeuvre « un plan repensant la présence de l’Etat sur les territoire­s », le Président, à l’heure d’une raréfactio­n parfois douloureus­e des services publics, l’a placé au coeur d’un des enjeux majeurs du mandat. L’un des plus casse-gueule, aussi. Matignon sert à ça.

« En un an, le dialogue Etat - collectivi­tés s’est plutôt dégradé. »

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