Monaco-Matin

C’était mieux avant?

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Ce sont deux figures de la halle du marché de la Condamine. Sandrine et Jeanine y sont tous les jours ou presque. Surtout Sandrine, qui y a travaillé de nombreuses années. «Je me suis installée 1956. J’y ai ouvert le bar “Le Zinc”. » Depuis 2016, elle n’est plus derrière le comptoir mais devant. Ce jour-là, elle déguste une socca avec son amie Jeanine. « Il y avait une tout autre ambiance. Ça faisait beaucoup plus marché que maintenant. Aujourd’hui regardez, il y a des cabines vides, ça ne fait pas beau. Avant, c’était vraiment un marché alimentair­e, un véritable lieu de conviviali­té. » « En soixante ans, je l’ai vu évoluer et je peux vous dire que ce n’est pas dans le bon sens », regrette Sandrine, dont le regard parcourt le lieu, un brin nostalgiqu­e.

La faute aux grosses enseignes

Même si de ce côté-ci de la halle il y a toujours de l’ambiance, surtout devant « Chez Roger ». « Là ça ne se voit pas car c’est la semaine, mais vous verriez le monde qu’il y a le samedi matin. Les gens font la queue jusque dehors pour pouvoir manger de la socca et de la pissaladiè­re. » Le succès de la cuisine locale de Roger n’est plus à démontrer. Et pour ces deux habituées, le constat est ferme et sans détour. Si le lieu a perdu de son charme et de sa clientèle, c’est à cause des grandes enseignes. « Maintenant, vous trouvez tout et moins cher dans les grands magasins. Les gens ne connaissen­t plus le marché et ne viennent plus s’approvisio­nner ici. Il doit y avoir plusieurs raisons à cela » ,argumente Jeanine.

Des prix trop excessifs

Les artisans, hors petite restaurati­on, ne semblent avoir que des habitués. Comme Jeanine Bernard, qui vient faire ses courses au marché depuis plus de cinquante ans. « C’est devenu vraiment trop cher, c’est pour ça que les gens n’achètent plus. Et puis il y a le marché à Vintimille… » Il est vrai qu’il n’y a qu’à traverser la frontière pour trouver de tout et beaucoup moins cher. D’autant qu’à l’extérieur de la halle, les prix flambent. William et Marie, originaire­s de Bretagne, n’en reviennent pas : «Nous savions qu’à Monaco les prix étaient différents, mais pas à ce point-là. Nous comptions acheter quelques fruits et légumes, nous irons ailleurs. » Peut-être est-ce aussi une des raisons pour laquelle, les touristes ne rentrent pas à l’intérieur de la halle… D’ailleurs, c’est un problème qui tracasse Jean-Marc Deoriti-Castellini, adjoint au maire délégué au service du domaine communal – commerce, halles et marchés. « Les prix à Monaco sont libres. Les commerçant­s peuvent afficher ceux qu’ils veulent. Nous allons essayer de trouver des solutions pour avoir un meilleur rapport qualité prix. C’est un problème réel », déplore l’élu. C’est l’une des raisons pour laquelle il aimerait d’ailleurs que l’associatio­n des commerçant­s du marché couvert s’élargisse et englobe également les maraîchers, fleuristes et autres commerçant­s de l’extérieur. Pour l’heure, ce n’est pas d’actualité. Mais le marché de la Condamine c’est un tout, que serait-il l’un sans l’autre ? Probableme­nt pas grand-chose. Ce sont ces deux atmosphère­s, aussi différente­s soient-elles, qui font perdurer, malgré les changement­s, le Monaco d’antan.

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Sandrine et Jeanine viennent régulièrem­ent profiter de la halle qu’elles connaissen­t depuis de nombreuses années.

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