Monaco-Matin

Danilo, parcours d’un combattant

A 22 ans, le milieu brésilien n’a pas connu que des moments faciles dans sa carrière comme dans sa vie. C’est ainsi qu’il s’est forgé un tempéramen­t de battant

- WILLIAM HUMBERSET

Danilo est un battant. « C’est un garçon qui va nous amener l’agressivit­é qui nous a souvent manqué la saison passée », soufflait le président Jean-Pierre Rivère lors de sa signature, pas mécontent de son coup. Avec son gabarit imposant et sa musculatur­e saillante (1,83 m, 80 kg), le Brésilien de 22 ans est un athlète solide dans les duels en prime d’une technicité soyeuse. Ce soir face au Sporting Lisbonne (19 heures), il va retrouver un adversaire qu’il connaît particuliè­rement bien pour avoir évolué pendant deux saisons et demie dans la Liga Nos. Sous le maillot de Benfica (5 matchs), mais surtout sous les couleurs de Braga (74 rencontres). Le club qui lui a ouvert les portes de l’Europe à tout juste 18 ans et permis de réaliser un rêve presque incongru chez les Barbosa. Le père, ouvrier, n’a jamais été passionné par le football. Sa passion, Danilo l’a découverte dans la rue. « A 5-6 ans, je jouais comme ça, avec les copains. Puis j’ai intégré mon premier club à onze ans, à Grémio. C’est trois ans après, à mon retour à Victoria, un club plus proche de chez moi, que j’ai senti que je pouvais faire du football mon métier. » Parce que la Seleçao des moins de 14 ans l’appelle. Très vite le milieu de terrain, admiratif de Gerrard, Lampard et Hernanes, tape dans l’oeil des recruteurs qui le croisent dans les sélections jeunes du Brésil. Trois apparition­s en première division avec le Vasco de Gama suffisent à définitive­ment convaincre Braga. «Si c’est ce que tu veux faire, fonce », lui dit sa maman, chef de cuisine de profession.

Au nom du frère

Parmi la fratrie de sept enfants, le frangin de Danilo sera également un fidèle soutien. « Lui aussi voulait être footballeu­r profession­nel. Je vivais un moment difficile à ce moment-là, je venais de subir une grosse perte. Mais ma famille m’a toujours soutenu et encouragé à vivre mon rêve en Europe. Aujourd’hui c’est aussi en pensant à mon frère que j’exerce ce métier. Je fais une carrière pour deux en quelque sorte. » Danilo a l’esprit famille. Ses 13 neveux lui manquent et quand il retrouve sa ville natale, Simões Filho, dans l’Etat de Bahia, son coeur balance toujours entre deux émotions. Entre bonheur de retrouver les siens et tristesse de ne plus revoir des amis trop tôt partis. Triste conséquenc­e d’une ville meurtrie par la violence au fil du temps. La cité sportive rayonnait par sa conviviali­té quand Danilo était enfant. « Tout le monde se connaissai­t, il y faisait bon vivre. Puis elle est devenue une ville dangereuse, polluée par les trafics. »

« Nice, une belle chance à ne pas laisser passer »

Les souvenirs ne sont pas tous agréables. Et lui rappellent combien dans la vie, « tu ne sais jamais quand arrivera la prochaine triste nouvelle, confie le nouvel Aiglon. Je veux profiter de chaque moment de bonheur, sourire à la vie. Profiter des miens, saisir toutes les belles opportunit­és qui se présentent. Ne jamais me relâcher dans l’envie de réussir. Et venir à Nice a typiquemen­t été une belle chance à ne pas laisser passer. » Le Gym n’a pas hésité à débourser entre six et huit millions d’euros pour attirer le milieu de Braga. Après l’Espagne avec Valence (34m en 2015-16) - « où j’ai découvert la Ligue des champions mais été trop irrégulier pour m’imposer » - la Belgique avec le Standard (6m en 2017)- « où le vestiaire me considérai­t comme le meilleur joueur mais la situation difficile du club ne m’a pas permis de m’exprimer » -, et donc le Portugal, Danilo Barbosa débarque dans le championna­t de France à l’issue «de la meilleure saison de ma carrière » (4 buts, 5 passes en 41m) détaille le nouveau protégé de Dante. Le capitaine niçois facilite son intégratio­n et les traduction­s. Et partage le même goût pour la musique. «J’aimerais reprendre les cours de violon, » avoue la recrue niçoise dans un large sourire qui le quitte rarement. Dans quinze jours, Danilo s’installera dans son nouveau chez soi, avec sa compagne et son fils d’un an, Elias. Il découvrira bientôt l’Allianz, mais connaissai­t déjà le Ray. « J’avais gagné le Festival de Toulon dans ce stade en 2013. Je sortais d’une grosse blessure mais j’avais pourtant réalisé un gros tournoi. Et j’avais été élu meilleur jeune de la compétitio­n. Nice m’a déjà apporté un très bon souvenir. » Et quelques notions de français qui pourraient s’avérer prémonitoi­res si le meilleur restait à venir : « Merci Monsieur » ponctue en riant le Brésilien.

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 ??  ?? Dante facilite l’intégratio­n de son compatriot­e. Hier, il a même joué les traducteur­s pour son premier entretien avec un média.
Dante facilite l’intégratio­n de son compatriot­e. Hier, il a même joué les traducteur­s pour son premier entretien avec un média.

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