LA RÉVOLTE DES USAGERS DU TER
Hier matin à Nice-Riquier, des voyageurs ont manifesté sur les voies leur exaspération face à des TER bondés. Un mouvement qui a perturbé le trafic ferroviaire pendant près de trois heures
Ulcérés par le manque de trains, de nombreux voyageurs dans l’impossibilité de monter dans les wagons bondés ont bloqué les voies hier en gare de Nice-Riquier, paralysant le trafic.
Dans de nombreuses gares des Alpes-Maritimes, notamment entre Nice et Menton, la même scène : des quais bondés, des passagers agacés, regardant la montre avec inquiétude, peut-être déjà en retard au travail. Et des trains qui n’arrivent pas. Entre 7h15 et 10 h hier matin, quasiment aucun n’a pu circuler sur l’axe Nice-Vintimille. La raison ? Des usagers – souvent abonnés – que la SNCF ne peut prendre en charge faute de trains et de places dans les rames. Et qui manifestent, à même les rails, leur ulcération. Bloquant de facto la circulation ferroviaire.
Ce qu’il s’est passé
Les deux premiers trains de la journée ? Annulés à cause de « problèmes mécaniques», selon la SNCF. Le troisième ? Trop bondé, à son entrée en gare de Nice-Riquier, pour permettre à quiconque d’y monter. Si bondé, même, que pour « raisons de sécurité » ,il reste à quai. C’en était trop pour des usagers exaspérés, lassés des annulations, du manque d’information. Alors, spontanément, sans concertation, ils sont descendus sur les voies. Pour se faire entendre. Et obtenir des réponses. Après deux heures d’un blocage vite – et bien – encadré par de nombreuses forces de police, une délégation a été reçue par le directeur adjoint de la SNCF Côte d’Azur. Vingt minutes de discussion plus tard, un Régio2N (le plus grand modèle, d’une capacité de 1 000 places) était affrété de la gare Nice-Thiers, où il était stationné, pour désengorger la gare de Riquier. Le blocus était levé et les trains pouvaient repartir. Mais le retard accumulé pendant près de trois heures a eu des répercussions sur le trafic une bonne partie de la matinée.
Ce que disent les usagers
« On est traités comme du bétail. » Voilà comment Ahlem Kechiche, l’une des porte-parole du mouvement d’hier, a résumé les doléances des usagers mécontents au cadre de la SNCF. C’est le principal problème soulevé par les usagers : des TER trop courts aux heures de pointe pour répondre à la demande. Résultat : des passagers qui restent à quai et des trains si bondés qu’on y respire à peine. « Quand il y a enfin un train, et qu’on arrive à y monter, on est serrés comme des boeufs. J’ai l’impression de prendre les trains vers les camps de concentration. Et on paie un abonnement ! » Les usagers ont également pointé le manque de communication de la SNCF, notamment via son application. Joint par téléphone, le président de l’association des Naufragés du TER Grasse-Vintimille « ne cautionne pas le blocage des voies» mais «comprend le mouvement» de « gens qui n’en peuvent plus ». « Depuis la fin de la grève, c’est encore pire », tonne-t-il.
Ce que répond la SNCF
Le directeur adjoint de la SNCF Côte d’Azur a assuré les usagers, qu’il a rencontrés, de son écoute et de son soutien. « Nous sommes à leurs côtés dans les difficultés qu’ils traversent », a-t-il affirmé plus tard, devant la presse. Claude Ambrosioni a indiqué que les deux annulations étaient dues à «des problèmes de maintenance qui durent depuis trois mois » et le début de la grève perlée des cheminots. Il a surtout promis des ajustements rapides : « Nous travaillons depuis plusieurs semaines sur un plan de transports qui permettra de faire des grandes compositions sur nos trains de pointe, pour nos abonnés notamment. » En clair : de mettre sur les rails les trains à forte capacité le matin et le soir, quitte à alléger le dispositif roulant en journée.
Ce qui va être fait
Comme il s’y était engagé le matin, le cadre de la SNCF a écrit dans l’après-midi aux représentants des usagers. Il leur a assuré que deux Régio2N rouleraient lundi matin (heures de passage à Riquier: 8 h 10 et 8 h 26) et que trois scénarios de repli étaient prévus en cas de défaillance du matériel. Il faudra au moins ça pour calmer la colère des usagers, dont les plus exaspérés se disaient prêts à remettre le couvert lundi matin en cas de nouvelle défaillance de la SNCF.