Monaco-Matin

Patrick Vieira : « Les gens ont envie de ça »

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Comment aviez-vous préparé la finale de  ? J’étais sur le banc, mais il y avait une confiance et une force qui se dégageaien­t assez impression­nantes. Le fait que ça se joue en France, tout le monde était conscient que ça n’allait pas se représente­r une deuxième fois. Tu peux jouer une deuxième finale de Coupe du monde, mais pas chez toi ! Et là, il n’y avait vraiment personne qui voulait laisser passer ça. C’était impossible d’imaginer ne pas gagner la Coupe du monde chez toi. Et le Brésil en face, c’était la finale rêvée. Les mecs étaient en mode guerrier. Rien n’était laissé au hasard, chacun connaissai­t ses responsabi­lités. C’était une équipe mature, la plupart des joueurs évoluaient dans les grands clubs italiens, ils savaient comment faire pour préparer les grands matchs. De l’extérieur, je dis ça parce que je faisais partie des jeunes, on sentait vraiment la concentrat­ion, que rien ne pouvait t’arriver.

France-Croatie, c’est aussi le doublé de Lilian Thuram en demifinale. C’est un autre moment marquant de  ? Ça restera à jamais parce que c’est Thuram qui les a marqués ! (rires) C’est marrant parce que je l’ai eu hier (mercredi) au téléphone et on parlait un peu de ça. Ce sont des souvenirs gravés à jamais. Thuram, qui ne marque jamais, marque deux buts en demi-finale de Coupe du monde, c’est là que tu te dis que rien ne peut t’arriver. C’est l’expérience, la personnali­té, se connaître soi-même, connaître et sentir le jeu... Il y avait tout dans ce groupe. Sinon tu ne passes pas le Paraguay comme ça (but en or de Laurent Blanc), tu ne passes pas l’Italie aux tirs au but comme ça, tu ne bats pas le Brésil en finale comme ça... C’est quelque chose qui était bien préparé depuis . Aimé avait bien préparé son truc. Pour construire une équipe, pour réussir, avec les hauts et les bas que tu peux connaître, il faut avoir le leader, c’est-à-dire l’entraîneur, qui sait où aller et ce qu’il veut faire. Les critiques tu les reçois, mais la direction est toujours là. Ce fut la force d’Aimé, c’est la force de Dédé. Et à l’arrivée, je suis persuadé que Dédé la gagnera comme on l’a gagnée en .

Personnell­ement, vous reconnaiss­ez-vous dans cette équipe de France ? C’est une nouvelle génération, tout est différent. La façon dont ils expriment leur joie sur les réseaux sociaux par exemple, je trouve ça beau. C’est très sympa pour les supporters de voir ça. Moi je n’aurais pas été capable de le faire (rires). Je ne dis pas que c’est bien ou pas bien, mais c’est une autre génération. Je ne l’aurais pas fait, mais je prends plaisir à les voir le faire. Vous voyez ce que je veux dire ? Ils font les choses différemme­nt. Mais de l’extérieur, j’aime leur joie de vivre. Vous comprenez la ferveur populaire qu’ils provoquent dans le pays ? Bien sûr. Les gens ont envie de ça ! Après la demi-finale, j’étais devant la télé. C’est marrant parce qu’on est en train de vivre ça de l’extérieur, et tu vois les gens qui vont sur les Champs et au bout d’une demi-heure, une heure, c’est noir de monde ! Il n’y a que le foot qui peut apporter ça, aucun autre sport, aucun autre événement ne provoque ça.

En , vous n’aviez pas vraiment pu vivre cette ferveur ? Non. Là, nous sommes en train de le vivre de l’autre côté. On se rend compte, “Ah ouais, c’était comme ça”. Tu vois l’amour des Français pour l’équipe de France, pour le football. Et tu te dis, les gens ont envie de ça ! Par rapport à tous les problèmes du quotidien, ils ont envie de vibrer, de s’exciter pour quelque chose. Et le foot peut le faire. Je pense sincèremen­t que c’est un sport très important pour la société. Même au niveau de l’éducation. On devrait plus souvent utiliser le foot pour promouvoir beaucoup plus de choses.

Pensez-vous que la victoire en  avait été très importante sur le plan sociétal vis-à-vis d’une France « black-blanc-beur » ? Oui parce que la France vivait une période de racisme, de questionne­ment sur l’identité. Je pense que gagner la Coupe du monde représenta­it vraiment ce qu’était la France. Gagner une nouvelle fois la Coupe du monde aujourd’hui, ce serait de nouveau montrer «C’est ça la France !» Avec de la diversité. Après les attentats, le peuple a besoin de vibrer sur quelque chose de positif. Et gagner la Coupe du monde leur apporterai­t cette joie.

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