Elle est Française, lui Croate : c’est leur match
Au coeur de cet ancien immeuble près de la gare du Cros-de-Cagnes, deux noms sont apposés sur la boîte aux lettres. Morel. Grubelic. Sur les balcons, deux drapeaux flottent. Celui de la Croatie se mêle à celui de la France. Bienvenue chez Marion et Nikola. Elle, elle est Française. Passionnée par l’histoire de son pays. De ses héros. Aujourd’hui, elle a envie que les héros de Deschamps rentrent dans l’Histoire. Lui est riche d’une double culture. Il aime les spécialités culinaires croates autant que les pâtisseries françaises. Il se définit « comme un Français aux racines croates »,
qu’il tient de son papa. Ses parents, comme tous les étés, sont actuellement en Croatie.
« Choisir entre mon père et ma mère »
« Gamin, à chaque période de vacances, j’étais là-bas. On ne faisait pas de ski l’hiver. Ma grand-mère, ma tante vivent près de Split. Quand tu y vas depuis tout petit, forcément tu y es très attaché. C’est un petit pays mais leur amour pour la patrie est très fort. » Au milieu de leur salon, un petit bout n’a qu’un mot à la bouche : « ballon ». C’est Jadran, leur fils de 22 mois. Il a le maillot de l’équipe de Croatie, et le short des Bleus. Symbole de ce qui se joue sur leur terrain intime. Depuis le début de cette Coupe du monde, le couple est à fond. « Je trouve ce
Mondial exceptionnel », commente Nikola. Marion hoche la tête. À chaque match de la Croatie, la jeune maman a supporté l’équipe de son amoureux. Et inversement pour Nikola. Ils sont heureux de voir ces deux nations s’opposer aujourd’hui. « Ce que l’on vit à travers cette finale est magique. Historique. Pour moi, c’est délicat. Je suis Français. J’aime la France. C’est comme si on me demandait de choisir entre mon père et ma mère. » Il réfléchit, sous le regard bienveillant de Marion.
« Souffrances ancrées dans la chair des Croates »
« C’est vrai que je vais être beaucoup plus touché si la Croatie l’emporte. C’est un peuple qui a souffert. Son histoire est douloureuse. Pendant la guerre, mon oncle pêchait pour nourrir sa famille. Toutes ces souffrances sont ancrées dans la chair des Croates. Il y a cette rage intense… En même temps, ça m’embêterait de ne pas voir la deuxième étoile sur le maillot bleu... » Aujourd’hui, Marion aura le maillot de l’équipe de France. Celui de Zizou. Nikola, lui portera les couleurs du pays de son papa. Leur petite tête blonde, Jadran, sera aux couleurs des deux équipes. Et « peu importe le résultat final, on va vibrer dans tous les cas », commente, à l’unisson ce couple. Marion caresse les cheveux de son fils :
« Et, quand il sera plus grand, on lui apprendra La Marseillaise et l’hymne croate ».