Monaco-Matin

Ces joueurs de l’ASM un

Au coup d’envoi de la finale, cinq joueurs des Bleus et Didier Deschamps feront honneur à Monaco. Face à eux, « Suba », ultime rempart d’une équipe croate très soutenue en Principaut­é

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Ils s’appellent Didier Deschamps, Kylian Mbappé, Thomas Lemar, Djibril Sidibé ou encore Benjamin Mendy. Ils ont porté les couleurs de l’ASM comme ils portent aujourd’hui les espoirs du peuple français et, audelà de la frontière, celui de nombreux Monégasque­s d’ores et déjà fiers de leurs parcours (lire page 20). Si l’on sait déjà tout de la pépite Mbappé, bien partie pour boucler son premier Mondial avec le titre de «Meilleur jeune», et de la grinta de Deschamps, dont l’armoire à trophées déborde, reste toujours des anecdotes ou souvenirs à dénicher pour parfaire le portrait de ces deux compétiteu­rs hors normes désireux de broder une deuxième étoile sur la tunique bleue. Surclassé dès son plus jeune âge, Kylian Mbappé a vu son talent précoce récompensé de deux titres majeurs dès 2016, le gamin de Bondy remportant coup sur coup la coupe Gambardell­a avec l’ASM et l’Euro des moins de 19 ans avec la France. Une saison particuliè­re, sur et en dehors du pré, puisque l’année aussi de son obtention d’un Baccalauré­at filière Sciences et Technologi­es du Management et de la Gestion (STMG), à Monaco. Un Bac obtenu au rattrapage de septembre, faute d’avoir pu se rendre à l’oral de juin puisqu’en lice à l’Euro. « Il était passé avec les pros durant l’année donc ça avait été compliqué, il avait fallu faire des aménagemen­ts d’horaires. Des profs venaient de temps en temps lui donner des cours particulie­rs puisqu’il ne pouvait plus suivre une scolarité comme les autres », se souvient un témoin à l’Academy de l’ASM.

« Il a toujours été sûr de lui »

En classe, Mbappé fait déjà du Mbappé: «Il était exactement comme on le voit maintenant (rires). Il n’a pas changé, il ne pensait qu’au foot!» Contrairem­ent à certains camarades trop justes pour passer pros, le plan B des études pourra attendre, mais son entourage veille au grain. Aujourd’hui chanteur-compositeu­r, le Mentonnais Luca Bennici (Louka), éducateur au centre de formation de l’ASM jusqu’en 2015, se souvient d’une famille qui ne manquait pas un rendez-vous avec les professeur­s. «Il suffisait qu’il fasse n’importe quelle petite connerie, Mbappé et Deschamps époque ASM. Le sourire ne les a pas quittés. (Photos J.-F.O et F.C.)

que tout jeune peut faire, ne pas bosser assez bien à l’école par exemple, et il se faisait remettre à l’ordre de suite.» Des situations rarissimes tant le gamin était déjà dans la maîtrise de son devenir. «Kylian a toujours été sûr de lui, depuis son plus jeune âge. C’est ça qui est fou ! Ça n’a jamais été nocif car il a toujours su doser, se fixer ses propres limites. Il savait s’amuser, s’éclater, mais quand ça devenait trop, il arrêtait. Il était bon vivre au centre, tu rigolais bien avec lui…» Déjà grand orateur et curieux de tout, Mbappé s’attable autant avec ses camarades qu’avec les « anciens », les éducateurs. Et tous les sujets y passent, si ce n’est peut-être les filles, trop soucieux qu’il est de ne pas se disperser.

De Jimmy Neutron à Donatello

Grand rêveur, Mbappé est intarissab­le sur son idole, Zidane, ou encore sur Cristiano Ronaldo. « Il connaissai­t tout malgré son jeune âge. Qui avait gagné la Ligue des Champions en telle année, combien avait coûté le transfert de Zidane, qui avaient joué à Marseille ou à Lyon… », confirme Luca Bennici. Une passion couplée d’un mimétisme bluffant. «Il regardait des vidéos de Zidane ou de Ronaldinho. Beaucoup de jeunes font ça, moi-même je l’ai fait, mais il y en a qui assimile mieux les gestes. Lui, il a un truc surdévelop­pé par rapport aux autres. Et puis ça a toujours été un travailleu­r

rigoureux. Le samedi soir, avant les matchs du dimanche, il était carré et réglo, assez sérieux.» Même si ce n’est pas ce côté intello qui lui vaudra l’un de ses premiers surnoms, mais la forme de sa tête. Celle de «Jimmy Neutron» ,un « garçon génial » dans ce dessin animé. «Kiki» deviendra ensuite Donatello, personnage des Tortues Ninja, au PSG.

« Il a pris dix ans en deux ans »

Alors leader des jeunes de l’ASM, Mbappé tire ses coéquipier­s vers le haut et ne se repose pas sur ses lauriers. Au sortir d’un de ses premiers grands matchs pros contre le PSG, «où il avait mis le feu à David Luiz», Luca, son ancien éducateur, le croise au pied de son hôtel, en voiture avec sa maman. «Il m’a vu, il est sorti de la voiture et m’a dit : “C’est magnifique ce qui m’arrive. Je vais tout donner, tu sais comment je suis”. Et il a tenu promesse parce que c’est quelqu’un qui est ambitieux, qui sait ce qu’il fait et qui est très bien entouré. Ses parents sont sa force.» Même si le garçon s’émancipe aussi vite qu’il éblouit le monde! «Ça reste un petit jeune mais il a énormément mûri. En l’espace de deux ans j’ai l’impression qu’il a pris 10 ans », s’étonne Luca, qui prédit le meilleur à celui qui a déjà tout gagné au jeu FIFA, dont il raffole. « On a la chance d’avoir un gars comme ça en France, qui peut surpasser les plus grands. S’il gagne la Coupe du monde, peut-être qu’il sera Ballon d’Or, mais de toute façon il veut tout gagner. Il ne s’arrêtera pas là!»

« Il faut gagner deux fois contre Didier ! »

Comme rappelé précédemme­nt, Didier Deschamps, lui, est un besogneux. Pas un artiste mais un alchimiste. Un fin tacticien qui sévit aussi sur les courts de padel (lire pages 10-11). Devenu ami avec «La Dèche» après une soirée caritative à Marseille, puis une rencontre lors d’un vernissage au Grimaldi Forum, l’ancien prof de tennis et artiste cannois, Grégory Berben, témoigne de cette vision innée du jeu. « Quand tu vois comment il est sur un court de padel, tu comprends ce qu’il a été avant dans sa carrière et son exigence (...) Il fait partie des meilleurs joueurs de padel qui n’ont pas été profs de tennis. Au niveau tactique, Didier se trompe rarement. Si tu fais un arrêt sur images, il va toujours te dire où tu dois mettre la balle et quand tu transfères cela sur le foot, tu comprends le tacticien qu’il doit être.» Compétiteu­r aussi: «On ne joue jamais 1 h1h30, on y va franchemen­t et en moyenne c’est plutôt 2h30, voire plus. Souvent un format Grand Chelem avec 3 sets gagnants. Ce qui est rigolo avec Didier, c’est que même quand tu gagnes au meilleur des 5 sets (3-2), si à un moment tu as été mené (1-2), il va te dire que tu as gagné la consolante mais qu’il avait gagné la vraie partie (rires). Du coup il faut gagner deux fois contre Didier ! (rires)» Sans compter les heures qui suivent passées à chambrer les copains par messages ! Quant à la fameuse « chatte » à Dédé, Grégory Berben en rigole, et chambre à son tour : «Il est de mauvaise foi. Il croit toujours qu’il n’en a pas. Mais si toi tu l’as, ça ne lui plaît pas trop (rires).» Plus que la France, c’est son «pote», qu’il soutiendra cet après-midi. «Il va la ramener cette Coupe du monde ! », ne doute pas un instant Grégory Berben, ne serait-ce que pour clouer le bec de quelques détracteur­s. «Quand t’es proche de lui et que tu entends des critiques qui ne sont pas fondées ou fausses, ça te touche parce que tu sais l’homme qu’il est. »

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