De la ferveur à revendre au marché des Halles de Menton
Dans les allées ou derrière les étalages, le foot occupe les discussions des clients et des commerçants. À quelques heures du match, aficionados ou profanes, tous sont avec les Bleus
Sous les tuiles du marché des Halles, les guéguerres entre supporteurs de clubs ont cessé. Marseillais, Parisiens, Stéphanois… même les Italiens ; tous sont derrière l’équipe de France pour la finale de la coupe du monde. « Au verger mentonnais », Arnaud Lavocat arbore fièrement son chapeau bleu, blanc, rouge. « En 1998 je travaillais à Roquebrune, je n’étais pas loin des Allobroges, on suivait beaucoup le foot là-bas. Ici moins », admetil. Mais le maraîcher le revendique fièrement: «Nous, on est footeux !».
« Je ne comprends pas grand-chose mais je supporte »
«Nous»; c’est-à-dire lui, sa femme, l’Italien de la boutique d’en face, le charcutier de «La Campagnarde», qui habituellement soutient le PSG. En ce jour, « nous » semble pouvoir s’appliquer à tout le marché. Derrière les murs jaunes, la ferveur est là. Irène Leprêtre tient une boucherie. Sur le mur, une affiche de l’équipe de France féminine. Pourtant, son chouchou sera bien sûr le terrain ce soir, « moi j’aime bien Griezmann», glisse-t-elle. Aujourd’hui elle aura fini le travail à 14h30, juste à temps pour rentrer chez elle et regarder le match en famille.
« J’ai l’impression de revivre mais en mieux »
«Chez Laurence », le drapeau français s’exhibe. Laurence Martin s’excuse presque, « je ne comprends pas grandchose mais je supporte». Un peu superstitieuse, elle continue, «on a mis le drapeau au début du mondial, c’est pour ça qu’on est en finale». Pour son mari, l’Italien Pino Barilla, la réponse semble évidente, «bien sûr je suis pour la France, c’est ici que je travaille, que je mange». De cette coupe du monde, Pino Barilla retient une chose, «il n’y a plus de couleur de peau, les gens sont unis, c’est ça la vraie magie du sport ». Le retour de la France « black, blanc, beur » ?
« On parle de bonhommes, plus de fric »
Sylvie Barret est nostalgique de cette période, « dimanche j’aurai le maillot de 1998 sur le dos, puis elle rajoute, l’ambiance était super pendant la demi-finale j’ai l’impression de revivre cette époque mais en mieux». Pour l’ancienne joueuse de (Photos F. Bardos) l’Étoile de Menton, la France est tout simplement ensemble au-delà de ses différences. «Cette équipe, c’est un peu comme nos enfants », assure-t-elle avec son t-shirt floqué « France 98 la victoire ». Lors des discussions entre commerçants ou clients, une chose ressort. L’équipe de France a redonné une bonne image du pays et du football. Pino Barilla et Sylvie Barret s’enthousiasment, «ils arrivent à nous faire oublier l’argent, on parle de bonhommes, plus de fric».