Monaco-Matin

Comment ces chiens policiers apprennent leur métier

Recherche de stups, armes ou explosifs, mais aussi patrouille­s et, si besoin, attaque : ces agents de l’unité cynophile des Alpes-Maritimes remplissen­t de fiers services. Immersion dans cette brigade très spéciale

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Ils s’appellent Eros, Ice et Ghost. Ils ont entre 2,5 et 5 ans, prendront leur retraite dès l’âge de 8 ans. Car ces trois malinois ont, déjà, servi l’essentiel de leur vie dans la police. Sur les rives du Var baignées de soleil, ces chiens policiers s’exercent à leur métier, cet après-midi-là, lors d’un entraîneme­nt très sportif à Nice. Bienvenue dans l’unité cynophile des Alpes-Maritimes. Huit fonctionna­ires, quatre chiens de défense, cinq chiens de recherche et deux missions : rechercher des produits prohibés et préserver l’ordre public. « Un ou deux équipages patrouille­nt toutes les nuits dans le départemen­t, explique Christelle, le brigadier-chef à la tête de la brigade. Plages, restaurant­s, cités, rassemblem­ents... Il n’y a pas de zone de contrôle exclusive. Un chien de défense crée un effet dissuasif. Face à quinze individus récalcitra­nts, ça calme tout le monde ! » Montrer les crocs pour fermer des clapets, donc. Voilà pour les chiens d’interventi­on. Leurs « collègues » spécialisé­s dans les recherches, eux, font preuve d’un flair hors pair lors des contrôles, perquisiti­ons ou visites officielle­s. Stups, billets de banque, armes, fumigènes, explosifs... Tel est le menu proposé à leur odorat averti. « Ils ont un gros potentiel, grâce à un entraîneme­nt régulier, expliquent Richard et Sébastien, membres de la « brigade cyno ». On travaille toujours sur un objectif précis. Dès qu’on lui pose le harnais, le chien sait qu’il va au travail. Cela revient à enfiler sa tenue. » En récompense à l’arrivée : un bon jouet-boudin à croquer.

 kg de pression

Pour les chiens de défense, c’est un... policier qui s’offre en appât. Romain, « hommeassis­tant », surgit dans les flots du Var, vêtu d’une imposante protection de 25 kg. Eros, puis Ghost sont successive­ment lâchés sur lui. Tous crocs dehors. Les attaques sont fulgurante­s. Romain, malgré sa maîtrise, en est parfois déséquilib­ré. Et sa combinaiso­n porte les stigmates de l’attaque. « Ces 42 dents représente­nt une pression de 180 à 200 kg par cm2, sourit Romain. Ça peut être une arme létale. » D’où la formation spécifique de ces maîtres-chiens, dont le grade va de gardien de la paix à brigadier-major. Trois mois de formation au CNFUC (centre de formation des unités cynophiles) de Cannes-Ecluses, en Seine-etMarne. « C’est très demandé... et pas évident », résume Romain. Il n’est pas rare qu’un maître-chien apprenne à quoi s’en tenir à la faveur d’un bon coup de dent. Mais la technique ne fait pas tout. « On doit s’adapter à la psychologi­e de chaque chien. Car on ne connaît pas son passé », explique Christelle. Eros, ainsi, a été « recruté » à la SPA de Mougins. Une seconde vie pour des chiens parfois condamnés à la suite d’un grave dérapage. Christelle en appelle aux propriétai­res : « Plutôt que les abandonner, contactez le 17 ! »

« Bien traités »

Les maîtres-chiens insistent : ces animaux sont des policiers. Avec un matricule. Une alimentati­on privilégié­e. Et une vraie considérat­ion. En témoignent la décoration posthume remise à Diesel, le chien du Raid tué dans l’assaut de Saint-Denis en novembre 2015. Ou cette condamnati­on, en mai 2016 à Toulon, de l’agresseur d’un chien-policier. « Beaucoup de gens pensent qu’ils sont maltraités. Mais nous, on veut leur bien-être. On adore jouer les Brigitte Bardot ! », s’exclame Christelle. Elle-même a accueilli plusieurs chiens « retraités ». L’amour des animaux, autant que de la justice.

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(Photos DDSP ) Spectacula­ire démonstrat­ion d’interventi­on dans les flots du Var.

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