Comment ces chiens policiers apprennent leur métier
Recherche de stups, armes ou explosifs, mais aussi patrouilles et, si besoin, attaque : ces agents de l’unité cynophile des Alpes-Maritimes remplissent de fiers services. Immersion dans cette brigade très spéciale
Ils s’appellent Eros, Ice et Ghost. Ils ont entre 2,5 et 5 ans, prendront leur retraite dès l’âge de 8 ans. Car ces trois malinois ont, déjà, servi l’essentiel de leur vie dans la police. Sur les rives du Var baignées de soleil, ces chiens policiers s’exercent à leur métier, cet après-midi-là, lors d’un entraînement très sportif à Nice. Bienvenue dans l’unité cynophile des Alpes-Maritimes. Huit fonctionnaires, quatre chiens de défense, cinq chiens de recherche et deux missions : rechercher des produits prohibés et préserver l’ordre public. « Un ou deux équipages patrouillent toutes les nuits dans le département, explique Christelle, le brigadier-chef à la tête de la brigade. Plages, restaurants, cités, rassemblements... Il n’y a pas de zone de contrôle exclusive. Un chien de défense crée un effet dissuasif. Face à quinze individus récalcitrants, ça calme tout le monde ! » Montrer les crocs pour fermer des clapets, donc. Voilà pour les chiens d’intervention. Leurs « collègues » spécialisés dans les recherches, eux, font preuve d’un flair hors pair lors des contrôles, perquisitions ou visites officielles. Stups, billets de banque, armes, fumigènes, explosifs... Tel est le menu proposé à leur odorat averti. « Ils ont un gros potentiel, grâce à un entraînement régulier, expliquent Richard et Sébastien, membres de la « brigade cyno ». On travaille toujours sur un objectif précis. Dès qu’on lui pose le harnais, le chien sait qu’il va au travail. Cela revient à enfiler sa tenue. » En récompense à l’arrivée : un bon jouet-boudin à croquer.
kg de pression
Pour les chiens de défense, c’est un... policier qui s’offre en appât. Romain, « hommeassistant », surgit dans les flots du Var, vêtu d’une imposante protection de 25 kg. Eros, puis Ghost sont successivement lâchés sur lui. Tous crocs dehors. Les attaques sont fulgurantes. Romain, malgré sa maîtrise, en est parfois déséquilibré. Et sa combinaison porte les stigmates de l’attaque. « Ces 42 dents représentent une pression de 180 à 200 kg par cm2, sourit Romain. Ça peut être une arme létale. » D’où la formation spécifique de ces maîtres-chiens, dont le grade va de gardien de la paix à brigadier-major. Trois mois de formation au CNFUC (centre de formation des unités cynophiles) de Cannes-Ecluses, en Seine-etMarne. « C’est très demandé... et pas évident », résume Romain. Il n’est pas rare qu’un maître-chien apprenne à quoi s’en tenir à la faveur d’un bon coup de dent. Mais la technique ne fait pas tout. « On doit s’adapter à la psychologie de chaque chien. Car on ne connaît pas son passé », explique Christelle. Eros, ainsi, a été « recruté » à la SPA de Mougins. Une seconde vie pour des chiens parfois condamnés à la suite d’un grave dérapage. Christelle en appelle aux propriétaires : « Plutôt que les abandonner, contactez le 17 ! »
« Bien traités »
Les maîtres-chiens insistent : ces animaux sont des policiers. Avec un matricule. Une alimentation privilégiée. Et une vraie considération. En témoignent la décoration posthume remise à Diesel, le chien du Raid tué dans l’assaut de Saint-Denis en novembre 2015. Ou cette condamnation, en mai 2016 à Toulon, de l’agresseur d’un chien-policier. « Beaucoup de gens pensent qu’ils sont maltraités. Mais nous, on veut leur bien-être. On adore jouer les Brigitte Bardot ! », s’exclame Christelle. Elle-même a accueilli plusieurs chiens « retraités ». L’amour des animaux, autant que de la justice.