Une vague populaire pour les migrants à Vintimille
Plusieurs milliers de personnes venues d’Italie, d’Espagne et de France ont manifesté hier à Vintimille pour l’ouverture des frontières et un permis de séjour européen. Un rassemblement inédit
La solidarité n’est pas un crime », « Le droit pour tous », «Ouvrez les ports et les frontières». En face du cimetière de Vintimille, via Tenda, les manifestants dégainent les slogans aiguisés. Reprennent des chants engagés. Après une mini-manifestation ce vendredi au poste frontière de Saint-Ludovic, ils étaient des milliers, hier aprèsmidi, à avoir déboulé dans la cité frontalière, surnommée pour l’occasion « ville ouverte ». Pour prôner l’ouverture des frontières. Pour que les migrants bénéficient d’un permis de séjour européen. Dans la foule, des Italiens de toute la péninsule, des Espagnols, des Français… Des citoyens lambdas et activistes de gauche mais aussi des migrants en tête du cortège. Un rassemblement monstre (1), à l’initiative du collectif italien « Progetto 20k », dont l’ampleur était inédite dans une cité divisée qui subit depuis 2015 la problématique migratoire. « Soit on choisit d’être solidaire, soit on devient un complice. On est là pour abattre les barrières physiques et législatives qui sont de véritables murs. Combien de morts ici et en Méditerranée ? », questionne l’un des leaders du mouvement au mégaphone.
Message pour les habitants
Lequel invite, dans la foulée, qui le veut à s’emparer du micro. Des discours optimistes pour certains. Des diatribes pour d’autres. Contre Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur italien réputé pour ses positions politiques fermes envers les migrants. Contre Enrico Ioculano, le maire de Vintimille, critiqué pour sa gestion locale de la problématique migratoire, à l’instar de cet arrêté municipal de 2017 interdisant aux gens de donner à manger et à boire aux migrants. Emmanuel Macron, également, n’a guère été épargné par les quolibets.
« Les autres États doivent les accueillir »
D’autres ont profité de la tribune pour haranguer les habitants de Vintimille pendus à leurs fenêtres. « Vous qui nous regardez, si des choses ne vont pas dans votre ville, ce n’est pas de la faute des migrants. Eux aussi sont les boucs émissaires de cette situation. » Une habitante à la fenêtre, soutien de la Ligue du Nord de Salvini, secoue la tête. « Moi aussi j’aimerais qu’ils ouvrent les frontières pour que les migrants partent d’ici. L’Italie ne peut pas tous les accueillir, les autres États européens doivent le faire. » Le cortège, parti du cimetière, est ensuite passé devant l’église Sant’Antonio, ancien centre d’accueil pour les migrants, puis par le pont Cassini avant de prendre le Corso Francia et de rejoindre le centre-ville de Vintimille. Trois heures de marche rythmées par les chants, les discours et les slogans. Six observateurs d’Amnesty International étaient sur place pour veiller au respect du droit lors de cette manifestation autorisée par la préfecture d’Imperia. Une démonstration populaire, encadrée par 200 policiers locaux et carabiniers, qui s’est déroulée sans heurts. Et qui, quelle que soit la position de chacun sur la question, a marqué les esprits. (1) 3 700 manifestants selon la police, entre 7000 et10000 selonlesorganisateurs.