Monaco-Matin

Loana: «J’ai traversé tous les enfers. Aujourd’hui, je revis»

Trop longtemps scrutée « à la loupe », elle a fui vers les paradis artificiel­s. Enfin débarrassé­e de ses addictions, Loana, après avoir perdu beaucoup de poids, retrouve à Vence le goût de la vie

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Fracassée par des années d’excès, la pionnière de la téléréalit­é s’est réfugiée à Vence en 2016. Avec le soutien de sa maman Violette, elle s’y est reconstrui­te et parle d’une «renaissanc­e». Amincie, débarrassé­e de ses addictions – cocaïne, alcool, médicament­s –, Loana Petruccian­i, 41 ans, a fait son retour au printemps avec le 2e volet de son autobiogra­phie, Si dure est la nuit, si tendre est la vie. Nul regret. Au contraire, le sentiment d’un « conte de fée ». Le point sur Loana, 17 ans après son irruption dans l’histoire de la télé.

Ce soir, finale du Mondial… Serez-vous devant l’écran ? C’est obligé ! Vendredi dernier, j’étais à Bruxelles lors des matchs France-Uruguay et Belgique-Brésil. Comme j’ai beaucoup d’amis belges, je sais qu’ils sont contents pour nous et je me demande même si les Français se seraient montrés aussi fair-play dans la situation inverse. Mon pronostic: .. Mais ce serait super si on pouvait refaire . vingt ans après. Je ne sortirai pas pour fêter cette victoire. Trop de monde. Pour moi, ce sera FaceTime et WhatsApp.

Sinon, comment va Loana ? Très bien ! J’ai l’impression d’avoir repris ma vie en main. Le livre en mars et ce boom médiatique incroyable avec LCI, Laurence Ferrari, C à vous… Moi, d’habitude je fais plutôt TPMP et c’est normal. Pour la première fois, j’ai été accueillie dans des grands magazines d’informatio­n et j’y avais ma place. Et puis, cette couverture de Elle avec ces photos, très belles. Une fierté. Je crois que je me suis baladée avec le magazine sous le bras pendant un mois en disant partout : c’est moi, c’est moi, c’est moi !

Personnali­té ou personnage ? Oui, je crois que je suis devenue un personnage. Pourtant, c’est moi, il n’y a pas deux Loana. Heureuseme­nt, quand je me vois ! Je l’ai toujours accepté, sauf évidemment dans les années où j’allais mal. Quand on dépasse les  kg, l’étiquette Loana est dure à porter. En , je faisais  kg pour , m. À la fin, je ne rentrais même plus dans un . Je mettais du triple XL. Vous imaginez?

Avec le recul, comment voyezvous cette descente aux enfers ? Les enfers, je les ai tous traversés. J’ai pris plusieurs grammes de cocaïne par jour, à dormir une à deux heures par nuit pendant des mois. Jusqu’à ce que le corps finisse par lâcher. Je suis tombée à  kg. J’étais en anémie. Mes démons sont revenus : la violence de mon père, l’abandon de ma fille. Je ne suis pas sortie pendant deux mois, j’étais devenue paranoïaqu­e. J’avais peur de tout. Je n’avais plus envie de vivre.

Et l’alcool? C’est venu après mes tentatives de suicide. J’ai pris beaucoup de poids pendant mes séjours en psychiatri­e à Sainte-Anne et à la Fontonne. Je suis tombée dans l’alcool pour oublier cette image que j’avais de moi. Un litre de whisky par jour. Pour en sortir, j’ai cru mourir. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de rien. Je suis la preuve que l’on peut y arriver. Moi, grâce à l’amour de ma mère. J’ai fait deux arrêts cardiaques, trois comas, elle a supporté tout ça.

Vous êtes sauvée ? Je me sens revivre. Et cette vie, elle est belle. Heureuseme­nt que j’ai placé la moitié de ce que j’ai gagné. Les intérêts me permettent de ne dépendre de personne.

Mais toujours pas de nouvelles de votre fille ? Non, rien du tout. Je n’ai même jamais vu une seule photo de ma petite-fille Maelysse, et ça me brise le coeur.

Côté coeur, justement ? Rien. Rien depuis . Je crois que j’ai peur d’être avec quelqu’un qui serait avec moi pour de mauvaises raisons. Je ne veux plus d’un amour à sens unique.

Loana serait-elle invivable ? Je ne pense pas ! L’homme qui partage ma vie peut faire ce qu’il veut. J’ai beaucoup appris avec le temps et j’ai cessé d’être jalouse. Étant tombée sur quelqu’un qui l’était, j’ai compris. J’ai compris le mal qu’il me faisait et le mal qu’il se faisait. Aujourd’hui, une belle histoire d’amour, j’en ai besoin, ça me manque. Mais peut-être que les hommes ont peur de moi ? Je ne me fais jamais aborder. En même temps, quand je sors, c’est au Glam. Une boîte gay, à Nice…

Tout changera avec La villa des coeurs brisés à la rentrée ? Je fais tout et n’importe quoi pour rencontrer l’amour. Y compris de la téléréalit­é. On me verra sur TFX en septembre et octobre dans la e saison de cette émission, que j’ai tournée cet hiver en République Dominicain­e.

La téléréalit­é a-t-elle changé ? C’est un monde différent. La téléréalit­é s’est profession­nalisée. À notre époque, on s’amusait. Il n’y avait pas les réseaux sociaux, Internet c’était tout juste. Aujourd’hui, quand ils s’affichent en maillot de bain, c’est pour faire de la promo. On a l’impression d’être à Broadway : ça rit et ça pleure sur commande. Si bien qu’au bout de trois semaines, je ne savais toujours pas avec qui je me trouvais : certaines personnes ne me disaient bonjour qu’une fois la caméra allumée !

Ce que vous avez vécu en  est dément. S’en remet-on ? C’était à la fois terrifiant et fantastiqu­e.  jours dans le loft, puis un mois et demi à SaintTrope­z, sans pouvoir mettre le nez dehors parce que des gens se pressaient devant la villa. C’est fou comme je me sentais seule au monde en étant si entourée. À  ans on assume, mais à  ans, rien ne prépare à ça. Pourtant, je n’ai jamais regretté. C’était la chance de ma vie, dire le contraire serait hypocrite. Le  avril , je suis une inconnue. Le  juillet de la même année, je suis Loana, ma photo en x et dans les kiosques.

Être Loana, au fond, c’est quoi ? Encore une fois, c’est moi. Les gens m’ont connue telle que je suis. Loana lambda. La petite Loana, quoi ! Je ne change pas. Je ne me trahis pas. Je suis un mystère pour moi-même, mais je m’apprivoise. Je ne mens pas sur les moments par lesquels je suis passée, les bons comme les mauvais. Les gens qui m’aiment, c’est pour ce que je suis. Pourquoi moi plus que d’autres? Je ne sais toujours pas.

La célébrité sans le talent, diraient les opposants ? C’est vrai qu’au début, quand on me demandait un autographe, j’avais l’impression de tromper les gens. Je ne me sentais pas de légitimité. Après, j’ai commencé à dire: attendez un peu. Je voulais montrer que j’étais autre chose qu’une bimbo qui se baignait dans une piscine. Avec mon premier livre, Elle m’appelait Miette, les choses ont changé. J’ai customisé des pièces pendant sept ans pour La Halle aux vêtements, j’ai défilé pour Gaultier, posé pour Mondino et à New York pour Demarcheli­er, j’ai été animatrice télé…

Et aujourd’hui, nouveau départ ? Je vais là où le vent me porte. Mais je rêve d’un petit rôle dans une comédie romantique. Je pense même que je serais un vrai sujet de film. Des débuts difficiles, et ce coup de baguette magique : je suis la Cendrillon des temps modernes ! Malgré cette descente aux enfers parce qu’un jour le poids est trop lourd quand, depuis dix ans, on vous observe à la loupe. Vient l’envie de s’échapper dans les paradis artificiel­s. On a l’argent et des gens qui vous le proposent en permanence, alors on plonge. Je ne le revivrais pas, mais il fallait sans doute passer par là. Depuis mon opération de réduction de l’estomac, je reprends confiance en moi et j’apprécie chaque jour qui passe. Maman est devenue ma drogue et ma béquille. Je n’ai envie que d’une chose : la rendre heureuse en redevenant celle que j’étais.

C’était à la fois terrifiant et fantastiqu­e” Je vais où le vent me porte”

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(Photo F.L.)

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