Monaco-Matin

La victoire des conviction­s

Didier Deschamps a été critiqué pour ses choix depuis sa prise de fonction en 2012. Hier, à Moscou, il a envoyé la plus belle des réponses en offrant une deuxième étoile aux Bleus

- CHRISTOPHE­R ROUX

Certaines images surpassent les mots. L’émotion est si belle, qu’elle n’a pas besoin de superlatif­s. C’est ce qui s’est passé hier, dans un stade Loujniki en fête, quand Didier Deschamps a été porté en triomphe par ses ouailles. Une communion. Une marque de respect et d’affection, pour un homme double champion du monde. Gagneur invétéré aussi bien sur le pré que sur le banc. En acteur comme en metteur en scène.

Touché mais jamais coulé

Cette deuxième étoile est aussi la sienne. Plus que jamais. Parce qu’avant de caresser les nuages et de s’enivrer sur le toit du monde, « La Dèche » a résisté à tout : à l’affaire de la sextape, au scepticism­e entourant ses choix (Rabiot réserviste), aux blessures de Koscielny et Payet. Sans jamais s’affoler, il a protégé son groupe et mis en place ses idées, son projet. Jean Petit, ancien adjoint du Bayonnais sur le banc de l’AS Monaco (2001-2005), connaît par coeur son ami. Il reste estomaqué devant sa réussite et sa capacité d’adaptation. « Il ne lâche jamais rien. Il a d’abord voulu construire une équipe jeune et offensive, avec Dembélé et Mbappé contre l’Australie. Il s’est aperçu que ça pouvait le mettre en difficulté. Il a alors relancé Matuidi. Il a resserré les rangs, joué à l’italienne. » « DD » a été accusé par Karim Benzema d’avoir « cédé à la pression d’une partie raciste de la France » juste avant l’Euro 2016, alors qu’il avait fait le choix de ne plus convoquer l’attaquant de Real. Sur le chemin du titre planétaire, il y a deux ans, il a également vu sa maison de Concarneau être taguée du mot « raciste ». Il n’a pas oublié non plus le camouflet de sa défaite en finale de l’Euro 2016 à la maison. Autant d’épisodes qui l’ont meurtri mais jamais plombé. « Je suis là pour remplir des objectifs, gagner des titres. Cela m’a tellement fait mal de perdre ce titre de champion d’Europe il y a deux ans, je pense que cela nous a servis, aux joueurs, et à moi aussi. Le fait de désacralis­er cet instant de finale, je pense que cela a été important. On est parti de loin quand même. Cela n’a pas été toujours simple, mais à force de travail, d’écoute… », confessait le Basque hier. Sa victoire est celle de ses conviction­s à la fois fortes et souples. Alors qu’il n’a rien lâché sur le cas Benzema, favorisant toujours le groupe à l’individu, comme l’avait fait avant lui son mentor Aimé Jacquet, il a fait le choix de se priver de certains éléments au fil des mois, comme Moussa Sissoko, que beaucoup qualifiaie­nt de « fils à Deschamps ». Il ne s’est pas obstiné, non plus, pour imposer Sidibé et Mendy, trop justes physiqueme­nt, durant ce Mondial, dans les couloirs de sa défense. Il a su changer son fusil d’épaule en faisant de Pavard et Hernandez deux belles surprises du Mondial. A son crédit, il a réussi, aussi, à faire de Pogba, star sans influence, un joueur d’équipe. Un leader. Pour tout ça, Monsieur Deschamps, respect.

 ?? (Photo AFP) ?? Les Bleus ont porté en triomphe Didier Deschamps. L’hommage à un gagneur invétéré.
(Photo AFP) Les Bleus ont porté en triomphe Didier Deschamps. L’hommage à un gagneur invétéré.
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco