Monaco-Matin

Police scientifiq­ue: les experts sont parmi nous

6 policiers «polyvalent­s» de Cagnes, St-Laurent, Antibes et Grasse viennent d’être formés à Cagnes et sont désormais capables d’effectuer des relevés d’empreintes digitales, palmaires et ADN

- LAURENT QUILICI lquilici@nicematin.fr

Après avoir répandu un peu de poudre magnétique, Antoine balaie soigneusem­ent la feuille de papier avec son pinceau. Comme par magie, des empreintes de doigts apparaisse­nt. Dorénavant, le jeune policier pourra effectuer lui-même des relevés d’empreintes en cas de vols à la roulotte. Avec une poignée d’autres collègues, il vient de suivre une session de formation de techniques de police scientifiq­ue au commissari­at de Cagnes. « Doucement, caresse le papier comme si tu avais des mains de femme », lui conseille avec humour Cathy Chaudet, la formatrice, policière technique et scientifiq­ue au commissari­at d’Antibes.

Poudres «magiques»

Ce matin-là, c’est l’examen pratique de fin de formation. Les six « stagiaires » ont d’abord pris les empreintes de gardés à vue. Les mains habillées de gants en latex blancs, le nez et la bouche couverts d’un masque chirurgica­l, ils traquent à présent des empreintes papillaire­s, palmaires et ADN sur une voiture-test dans le garage souterrain du commissari­at de Cagnes-sur-Mer. Ils aspergent d’abord les endroits où il y a le plus de chances d’en trouver avec de la poudre dactylosco­pique volatile. « C’est ce qu’on utilise sur les grandes surfaces », commente Cathy. Bingo, des empreintes de doigts apparaisse­nt. Sandrine applique alors un film plastique adhésif, qu’elle (Photos Jean-Sébastien Gino-Antomarchi)

décolle soigneusem­ent pour ne pas détériorer l’empreinte et qu’elle colle ensuite sur une petite fiche papier (photos ci-dessous). Les empreintes relevées seront

envoyées au laboratoir­e de la police scientifiq­ue de Toulon qui analyse les traces de « délinquanc­e de masse », le flot des délits les plus courants, comme les vols à la roulotte d’objets dans les voitures. Le laboratoir­e de Nice, lui, traite les grosses affaires.

La «danseuse»

Retour dans la salle de cours. Sur la table, des bocaux de poudre volatile et de poudre magnétique, une « danseuse » (le pinceau aimanté qui sert à révéler les empreintes avec de la poudre magnétique), un mini-écouvillon et des doses de sérum physiologi­que servant à collecter de l’ADN, une pince, des sachets en papier cristal… «Ces sachets servent à récupérer les mégots, les bouts de chewing-gum, les ongles, les cheveux… On met une pièce par sachet et on place tout sous scellés avant d’envoyer au labo », explique Cathy la passionnée, qui ne se lasse pas de transmettr­e son savoir et son savoir-faire à ses collègues.

1. Papillaire­s : digitales. Palmaires : de la paume de la main. ADN: empreinte génétique identifiab­le en prélevant – grâce à un kit FTA (Fast technology for analysis) – du sang, du sperme ou de la salive (postillons, mégots, chewing-gums, goulots, brosses à dents, verres, aliments…)

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Relevé d’une empreinte « papillaire » sur une vitre de voiture avec de la poudre volatile et un adhésif transparen­t. Il existe des lampes à plusieurs longueurs d’onde pour repérer les traces.

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