L’UE en quête d’alliances contre Trump en Chine et au Japon
Faible, l’Union européenne ? Comme pour faire taire les critiques au sujet d’un continent accusé de boxer moins fort que ses adversaires, la Commission européenne s’est employée à montrer, vendredi, qu’elle ne se laisserait pas faire dans la guerre commerciale qui s’amorce. En agissant sur deux tableaux : une réaction ferme aux taxes américaines d’une part, et le lancement, plus inattendu, d’une plainte contre la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Trump : « La Russie, l’UE et la Chine sont nos ennemis »
Le président américain Donald Trump a estimé que la Russie, l’Union européenne et la Chine étaient, pour différentes raisons, des « ennemis » des Etats-Unis, dans une interview diffusée à la veille de sa première rencontre bilatérale avec son homologue russe Vladimir Poutine à Helsinki. « Je pense que nous avons beaucoup d’ennemis. Je pense que l’Union européenne est un ennemi, avec ce qu’ils nous font sur le commerce. Bien sûr on ne penserait pas à l’Union européenne, mais c’est un ennemi », a estimé le chef de l’Etat. « La Russie est un ennemi par certains aspects. La Chine est un ennemi économique, évidemment c’est un ennemi. Mais ça ne veut pas dire qu’ils sont mauvais, ça ne veut rien dire. Ca veut dire qu’ils sont compétitifs. » La commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, n’a pas cherché à minimiser l’ampleur du différend avec les Etats-Unis. La décision américaine de taxer l’acier et l’aluminium « affaiblit un peu plus la relation transatlantique », a estimé la commissaire suédoise, estimant que Washington
joue à un « jeu dangereux ». Quant à l’offre des Vingt-Huit , lors du sommet européen de Sofia, de négocier un accord commercial restreint avec la première économie mondiale à condition que les taxes américaines soient définitivement oubliées, elle n’est plus sur la table. « La porte est fermée », a martelé Cecilia Malmström.
L’UE se tourne vers l’Asie
Dans le cas où le président américain, Donald Trump, déclencherait les hostilités, l’Union européenne se prépare en se tournant vers l’Asie, notamment la Chine et le Japon. Les dirigeants de l’UE se rendent aujourd’hui et demain à Pékin puis à Tokyo pour renforcer les relations commerciales avec ces deux pays. La tournée asiatique des représentants de l’Union européenne s’inscrit dans une démarche d’alliances forgées par l’UE - 28 pays, 500 millions d’habitants, le plus grand marché unique
du monde - face au protectionnisme de l’administration de Trump dont le slogan est « América First ». Le président du Conseil européen Donald Tusk et le chef de la Commission Jean-Claude Juncker participeront lundi à Pékin au 20e sommet UE-Chine et s’entretiendront avec le président Xi Jinping le jour où Donald Trump rencontrera le président russe Vladimir Poutine à Helsinki. Le sommet devrait être l’occasion pour les dirigeants de la Chine et de l’UE de réaffirmer leur engagement commun en faveur d’une modernisation de l’Organisation mondiale du commerce à laquelle le président américain s’oppose. Mais l’UE et la Chine devront aplanir les divergences sur les pratiques commerciales restrictives de Pékin, y compris le « dumping » des importations chinoises bon marché, en particulier de l’acier.