Monaco-Matin

Il brûle un feu et renverse un enfant à Nice :  mois de prison

- STÉPHANIE GASIGLIA

Voilà un prévenu qui agace passableme­nt la présidente du tribunal correction­nel de Nice, Laurie Duca. Il faut dire que Marouane C., né à Nice en 1992, a déjà un joli palmarès à son actif. Pas moins de dix-huit condamnati­ons déjà. Il l’agace mais elle se contient. D’autant que l’affaire qui a conduit le jeune homme, hier, pour la 19e fois devant un tribunal est « grave », souffle la présidente face à un prévenu en comparutio­n immédiate qui n’a pas l’air de réaliser. Le 13 juillet, Marouane C. a, vers 18 heures, brûlé à scooter un feu rouge boulevard de Cessole, percuté un enfant de quatre ans et demi et s’est montré agressif envers la mère du garçonnet. Puis, il a insulté et menacé de mort les trois policiers venus l’interpelle­r avenue Cyrille-Besset alors qu’il tentait de rentrer chez lui. Des menaces réitérées lors de sa garde à vue à Auvare. Morceaux choisis : «Je vais te niquer ta race, vous ne savez pas qui je suis. Vous êtes morts. T’es un homme mort »… Quant à Victor, le bambin qui a été projeté devant les yeux de sa maman, il devra porter une attelle pendant trois semaines. « Je regrette », glissera, sans conviction, Marouane C., grosses lunettes, crête blonde platine aplatie. « C’est un accident. » « Encore heureux que vous n’avez pas fait exprès de renverser un enfant », lâche avec fougue Laurie Duca.

« Ils ont touché à ma mère »

La présidente cherche à comprendre. Pourquoi le prévenu n’est pas resté auprès de l’enfant et a tenté de rentrer chez lui. «Parce que je n’ai pas réfléchi. Mais j’aurais dû. Cette nuit en prison j’y ai réfléchi », argumente-t-il. La présidente tente aussi de lui faire expliquer son « comporteme­nt agressif » envers la mère et surtout envers les policiers, parties civiles dans le dossier. «Je me suis enflammé car ils ont touché à ma mère. » «Personne n’a touché à votre mère» , le reprend Laurie Duca, vidéos des caméras de surveillan­ce à l’appui.

« Un dossier noir »

Elle l’interroge encore : « Mais c’est grave ou pas ce que vous avez fait ? ». «Oui» , répond le prévenu. Qui essaie quand même d’expliquer que l’enfant aurait traversé de manière inconsidér­ée. À sa défense Me Guerino. Pas question pour lui de plaider la relaxe, il a bien compris qu’il n’en sera jamais question. Le procureur adjoint Brigitte Funel vient juste de réclamer deux ans de prison. Sans pincettes pour un individu « à l’attitude inadmissib­le qui est passé à la vitesse supérieure ». « C’est un dossier noir », convient l’avocat de Marouane C. Mais il veut y voir « quelques lumières ». L’agressivit­é de son client envers la mère de famille ? « C’est son humanité qui est ressortie. Il a eu peur. » Le départ de l’affaire : « Quelque chose d’accidentel. » La demande de l’avocat: «Laissons-lui une dernière chance. Il a besoin d’un suivi pour mettre un terme à sa violence. Deux ans? Ce n’est pas la solution. Un an avec bracelet électroniq­ue serait peut-être plus propice. » Un avocat qui n’a pas été entendu en condamnant Marouane C. à 14 mois de prison ferme. Il a été condamné aussi à verser 2000 de dommages et intérêts pour l’enfant percuté. Deux fois 800 et 1000 pour les policiers.

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