jours ferme pour avoir volé dans des voitures et yachts
Quand il accède, menotté, dans le box, le prévenu pressent déjà une sentence sévère de la part du tribunal correctionnel pour avoir dérobé un sac de luxe dans un véhicule et visité un yacht sur le port Hercule. Il balaie d’un regard audacieux le prétoire à la recherche d’un visage compatissant. Qu’essaie-t-il de quérir ce petit bonhomme de 32 ans, soi-disant affamé ? L’indulgence parce qu’il prospectait pour subsister, manger ? Les plateaux-repas n’ont aucune convenance avec le vol dans un véhicule stationné dans le parking de la Digue. Ou encore en forçant la porte d’une cabine sur un bateau pour passer la nuit. Les intentions de ce préparateur roumain, sans domicile fixe, étaient bien autres ces nuits du 16 avril et du 10 juillet 2018. Le premier jour, vers 1 heure, il brise la vitre arrière d’une Lotus. Il en ressort avec un sac Vuitton contenant portefeuille, permis de conduire, papiers d’identité, trois cartes bancaires, un portable et 50 euros en numéraire. Il visite également une Mercedes Maybach, sans vol ni dégâts. Mais il laissera dans l’habitacle ses empreintes… Les enquêteurs se basent sur les enregistrements de la vidéosurveillance afin de cerner (Photo Michael Alesi) l’auteur du délit et récupèrent les dessins anatomiques de ses doigts.
« J’avais faim et je voulais dormir dans un vrai lit »
Ils serviront à démasquer le voleur la seconde fois. Vers 23h25, en effet, le capitaine d’un navire alerte les policiers. Il vient d’apercevoir un homme entrain de forcer la porte de la cabine d’une hôtesse. Munis d’un signalement assez précis, les inspecteurs retrouvent le gredin près de la gare SNCF. Interpellé et confronté grâce aux indices papillaires, l’individu ne peut plus nier les faits. « Qu’étiez-vous venu faire en Principauté ? », demande avec insistance le président Florestan Bellinzona. «J’avais faim, affirme le prévenu. Je cherchais de l’argent dans la voiture et je voulais profiter des restes de repas sur le bateau et dormir ensuite dans un vrai lit… » «Vous déclarez n’avoir jamais eu de problème avec la justice d’aucun pays, relève le magistrat. Pourtant, les informations d’Interpol attestent de deux condamnations en Suisse pour le vol d’un véhicule et un vol simple en janvier, avec mandat d’arrêt. Depuis le mois d’avril vous êtes interdit de séjour dans la Confédération helvétique. À Bucarest, vous avez pris trois ans pour vol; six mois en Espagne pour la même infraction, plus seize mois pour agression. Vous avez été condamné pour vols, encore, en Grande-Bretagne, en Hollande et fait de la détention au Danemark… »
« Ce n’est pas grand-chose pour des milliardaires »
- « Il y a certainement confusion ! » - « C’est impossible ! Chaque fois vos empreintes confirment votre participation. C’était pour dérober de l’argent ? » - « Je n’ai jamais volé plus de 100 euros. Mais dites au milliardaire du yacht que je suis désolé. J’ai juste mangé du poisson… » Le président remarque cette répétition du mot milliardaire dans chaque phrase au cours de l’audition du coupable par les policiers. - « Parking de milliardaire, voiture de milliardaire, poisson de milliardaire… Et les objets volés ? » - «Je n’ai pris que l’iPhone… Ce n’est pas grand-chose pour des milliardaires ! Dieu les jugera ! » L’accumulation de mensonges irrite le premier substitut Cyrielle Colle. « Sur la vidéo, quand cet homme sort du véhicule avec un sachet plastique, le volume démontre bien qu’il y a un sac à l’intérieur. Il ne renferme pas uniquement le téléphone portable. Quant aux condamnations, je serais très étonnée que les services de police d’Europe soient les plus nuls, comme le prétend le prévenu. Aujourd’hui, il n’a pas de port d’attache ni de famille et il vole. Même s’il a faim, il ne peut pas se conduire de la sorte sur notre sol… » Une peine de 45 jours à deux mois d’emprisonnement ferme sera requise. Le tribunal optera pour la première proposition du ministère public avec la jonction des deux dossiers.