NÉGOCIATIONS AVEC L’EUROPE : EN DOUCEUR
Les représentants d’Andorre et de Saint-Marin ont évoqué avec Serge Telle, ministre d’Etat, l’avancée des négociations avec l’Union européenne. Un seul mot d’ordre : faire valoir leurs spécificités.
Rien ne pourra se faire autour de l’isolement et en pensant que cela va durer éternellement. Nous en convenons tous les trois. » C’était en mars 2017. Les mots d’Antoni Martí Petit, prononcés lors d’une conférence de presse à la résidence du Ministre d’État, avaient donné un ton nouveau dans les explications pondérées et nuancées des décideurs politiques locaux. «Eurosceptiques», «europrudents», «europragmatiques »… Entre les mots eurosavants qui ménagent la chèvre et le chou d’une part, le secret imposé par des relations diplomatiques en cours d’autre part, rien de concret ne filtre. Pas question donc d’en savoir plus cet été, alors que la dernière année de négociations pourrait bien commencer - l’UE souhaitant conclure ses accords d’ici l’automne 2019 (c’est-à-dire avant la fin du mandat du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, N.D.L.R.). Autant dire demain quand il s’agit
de diplomatie… Une chose est sûre, les trois petits États d’Europe que sont Monaco, Andorre et Saint-Marin ont des intérêts communs et des spécificités propres. Le principal objectif
est de permettre à tous les acteurs économiques de participer au marché intérieur européen, quand des obstacles juridiques entravent, comme aujourd’hui encore, les exportations vers
les États membres. Mais un accord serait également synonyme de facilités et de coopération dans la recherche, l’environnement ou l’éducation (ERASMUS). Perspective fort intéressante mais conditionnée au respect des principes de l’Europe, et notamment, pour Monaco, celui de la libre circulation des personnes… Difficile quand la Principauté défend la priorité nationale. Alors, pour tenter de concilier ce qui semble a priori inconciliable, il faut négocier. Et d’abord, parfaitement se connaître. Et pour cela, faire un travail pédagogique en profondeur à l’endroit de l’UE, afin qu’elle prenne pleinement la mesure des enjeux pour les petits pays.
« Défendre nos particularités ensemble »
La semaine dernière, le chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre et Nicola Renzi, ministre des Affaires Étrangères, des Affaires politiques et de la Justice de la République de Saint-Marin étaient de retour en terres monégasques, aux côtés du ministre d’État Serge Telle. Les trois petits pays ont des points communs et tous des intérêts à vouloir rentrer dans un marché économique de 500 millions d’individus. Mais ils ont aussi leurs propres spécificités. Il s’agissait donc vendredi dernier d’échanger sur les négociations engagées depuis mars 2015 avec l’Union européenne (UE). Quelle stratégie? Quel calendrier? Quelles positions communes défendre? En conférence de presse, Serge Telle a souligné: «Ces rencontres régulières au niveau des chefs de Gouvernement sont importantes car elles permettent d’apprécier le cadre politique dans lequel nos trois pays négocient avec l’Union européenne et de voir dans quelle mesure nous pouvons défendre nos particularités ensemble. (...) Nous sommes en ordre de travail pour que cette négociation se passe dans les meilleures conditions possibles. Pour autant, cet accord est plus important qu’il n’est urgent. Nous ne signerons pas un accord qui ne prend pas en compte nos spécificités».