Le Conseil national n’est pas pressé d’aboutir à un accord
L’Europe a déchaîné le microcosme monégasque durant la dernière campagne des élections nationales. Certes, l’accord sera déterminant pour l’avenir de Monaco. Il devra faire l’objet d’une loi de ratification par les conseillers nationaux. Mais après les oppositions de forme qui font traditionnellement le jeu des politiques en lice, que reste-il des divergences ? Moins de six mois après l’élection de Stéphane Valeri à la tête du Conseil national, les esprits, un temps surchauffés, se sont vite calmés. Présidée par Guillaume Rose de la majorité Priorité Monaco, une commission de suivi de la Négociation avec l’Union Européenne a été créée et les tous les élus de l’assemblée en sont membres. Jean-Louis Grinda, unique élu Union Monégasque (UM) souligne d’ailleurs : «Je peux faire entendre ma voix sans difficulté au sein des commissions ad hoc ou bien lors des réunions d’information avec le gouvernement où je représente la Minorité. » Idem pour Horizon Monaco (HM) où Jacques Rit et Béatrice Fresko font connaître les positions de leur groupe.
L’information circule
Les conseillers nationaux des deux minorités se disent également satisfaits des éléments communiqués par l’Exécutif. «Je pense sincèrement que l’information est correctement transmise par le Gouvernement, note JeanLouis Grinda. Je n’ai jamais vu ou senti le Ministre Conseiller en difficulté pour répondre aux questions des élus, même si celles-ci sont parfois très orientées négativement, notamment par le Président du Conseil national.
» Le conseiller national UM, ardent défenseur d’un accord de négociation avec l’Union Européenne, fait son analyse ; sans détours : « Je sens qu’il y a au sein même de la Majorité deux approches relativement différentes : Il y a la frange, majoritaire, de ceux qui sont résolument hostiles, voire allergiques à l’Europe et qui tiennent un discours de repli type ultra-souverainiste. Certains autres sont moins « bloqués» dans leurs raisonnements et écoutent sans tabous les réponses qui sont données à leurs questions légitimes. Ceux-là comprennent que l’option d’ignorer l’Europe serait tout simplement mortifère pour la Principauté. L’Europe a été instrumentalisée lors de la dernière campagne électorale… Il est plus facile de faire peur avec des raisonnements simplistes que de tenir un langage responsable. » Horizon Monaco est, « historiquement », bien plus circonspect sur l’Europe. Avec le gouvernement, « notre
principale divergence est que nous considérons qu’une nonratification du traité ne constituerait pas une atteinte à nos institutions mais pourrait permettre un retour à la négociation, ce qui somme toute, peut dans le cas improbable d’un mauvais accord être favorable à nos compatriotes. »
« Le diable se cache dans les détails »
Seul élément qui semble fédérer tout le monde: le timing. « Le Gouvernement, la majorité et nous-mêmes avons largement exprimé une position commune: la Principauté n’est en aucun cas pressée de signer, explique Horizon Monaco. Mais il y a toujours deux parties dans une négociation et il est possible que ce soit une sorte d’impératif pour la partie européenne. Nous attendons de voir. » Et Jean-Louis Grinda, de son côté, de rajouter : «La date de l’accord m’importe beaucoup moins que la qualité de celui-ci, convient Jean-Louis Grinda. S’il faut négocier un an de plus, pourquoi pas si
c’est pour obtenir une meilleure compréhension de ce que nous sommes. » Pas de compte à rebours non plus pour Stéphane Valeri, président du Conseil national qui souligne : « Nous ne sommes donc absolument pas pressés d’aboutir à un accord avec l’Union Européenne. Le modèle monégasque est à nul autre pareil, mais il repose sur des équilibres subtils et fragiles qu’aucun traité ne saurait remettre en question. Ce modèle apporte prospérité économique et progrès social pour tous. Aujourd’hui tout va bien. De plus, les questions les plus sensibles n’ont pas encore été abordées, comme la liberté d’installation des Européens sur notre sol. Il faut prendre le temps de négocier point par point, car le diable se cache dans les détails. Un seul exemple, rien n’est acquis à ce jour pour ce qui concerne les professions réglementées dont l’accès doit rester exclusivement réservé aux Monégasques. »