Monaco-Matin

Feu de Castagnier­s: le procès d’un barbecue mal éteint

Un couple est attendu devant le tribunal correction­nel le 25 septembre prochain, avec une quarantain­e de parties civiles. L’incendie du 17 juillet 2017 avait parcouru près de 120 hectares

-

Des touches de vert parsèment la colline noircie. Les arbres étirent leurs squelettes cramoisis vers le ciel. Ça et là, buissons et hautes herbes ramènent de la vie sur les flancs de Castagnier­s. Un an après l’un des pires incendies de l’histoire récente des Alpes-Maritimes, les stigmates restent bien vivants. Dans le paysage. Et parfois dans les têtes aussi. Tout a commencé le 17 juillet 2017, vers 14 h 30. Ce jour-là, le vent souffle sur la vallée du Var et les braises mal éteintes d’un barbecue, imprudemme­nt déposées au sol. Tel est du moins, le scénario retracé par les limiers de la gendarmeri­e. Ce scénario-là va conduire un couple devant le tribunal correction­nel de Nice, le 25 septembre prochain. Il devra répondre de ce sinistre qui a ravagé près de 120 hectares, un garage de 1000 m2 et un véhicule du Sdis 06, qui a mobilisé des centaines de sapeurs-pompiers ainsi que toute une flotille aérienne. « L’enquête a établi que le feu serait parti d’une propriété proche du garage du Mouriez. Les occupants ont fait un barbecue par temps de fort vent. Réunir suffisamme­nt d’indices pour déterminer la cause d’un tel sinistre, c’est rare… La gendarmeri­e a bien travaillé, même si ce sera au tribunal de statuer», observe avec prudence Me Jean-Max Vialatte, l’avocat du garage du Mouriez. L’incendie n’a pas fait de victime. «Mais cette imprudence coupable entraîne des conséquenc­es considérab­les, estime Me Vialatte. La famille Mouriez a perdu son entrepôt, ses garages, près de quarante véhicules dont certains de collection, et en est réduite à travailler dans des conditions difficiles. » À cela s’ajoute une procédure civile dans le cadre des expertises. Et un traumatism­e toujours latent (lire cidessous).

Négligence coupable ?

Le garage n’est pas le seul sinistré. Plusieurs habitation­s ont subi la menace des flammes, voire quelques dégradatio­ns. Une quarantain­e de parties civiles, dont la métropole Nice Côte d’Azur et le Sdis 06, est attendue au procès. « Les assurances n’ont joué que partiellem­ent, explique Me Christophe Petit, dont la cliente a vu deux terrains partir en fumée. Il n’y a pas de désir de vengeance. Mais ils veulent obtenir réparation, car les dégâts sont importants. Il y a suffisamme­nt d’éléments dans le dossier pour que la responsabi­lité pénale [des prévenus] soit établie. C’est vraiment le procès de la négligence et de l’absence de précaution élémentair­e. » L’avocat de la défense n’a pas donné suite à nos sollicitat­ions. Ses clients sont poursuivis pour avoir, « par violation manifestem­ent délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence (...), exposé directemen­t autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente ».

 ??  ?? Sur les flancs de Castagnier­s, la végétation peine à reprendre ses droits un an après le sinistre.
Sur les flancs de Castagnier­s, la végétation peine à reprendre ses droits un an après le sinistre.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco