«Ce sera un moment charnière»
« Même la nuit, j’y pense. Tant que je suis avec les ouvriers, avec des gens, ça va… Mais quand je suis seul, là-bas, ça me prend à la gorge. » Là-bas, c’est ce vallon sinistré qui abritait le garage du Mouriez. Jusqu’au 17 juillet 2017, du moins. Ce jour-là, Maurice Giovannacci, 66 ans, a vu partir en fumée l’oeuvre d’une vie. Le garage d’environ 1 000 m2 qu’il a créé quarante-trois ans plus tôt a été emporté par l’incendie, ainsi que plusieurs dizaines de véhicules stationnés. Sans doute le plus important sinistre dû aux flammes. Un an après, le garage du Mouriez est sur pied. Mais en version compacte, dans l’habitation réaménagée à cent mètres de l’ancien site, le long de la RM 6202. Grâce à la mobilisation d’employés, amis et clients solidaires, le garagiste a relancé son affaire moins d’un mois après l’incendie. Un modèle de solidarité et de résilience. Tout un symbole : à l’entrée trône un drapeau tricolore façonné avec la tôle fondue. « Malgré les contraintes d’espace qui nous freinent, les ouvriers travaillent à temps
plein », salue Maurice Giovannacci. Le garage compte actuellement cinq employés
et deux apprentis. «On n’a pas perdu tant que cela. En revanche, sur la carrosserie et la tôlerie, on a perdu 50 % de notre chiffre d’affaires. » Satisfaction d’avoir relancé la machine. Volonté farouche d’aller de l’avant. Malgré tout, la seconde vie du garage ressuscité ressemble à un combat permanent. «Il a fallu s’adapter. Se rabattre sur les véhicules neufs. Il ne se passe pas une semaine sans qu’arrive une nouvelle em… » Dernier épisode en date : la venue de la gendarmerie et des services de l’État, à la suite d’une plainte visant le stockage d’épaves. Il a fallu les enlever en urgence. Maurice Giovannacci s’agace, se sent « abandonné par l’administration, la mairie… »
« Pas de rancoeur »
Il loue néanmoins l’attention témoignée par Serge Castel, le directeur départemental des territoires et de la mer. Et la fidélité de ses clients qui, malgré tous ces désagréments, ne l’ont pas lâché. À présent, Maurice Giovannacci
attend d’être indemnisé. Mais les procédures
traînent à son goût. «Ce sera plus facile d’être indemnisé si un responsable est désigné. Le procès, c’est un peu le moment charnière. » Le garagiste caresse l’espoir de reconstruire sur site. Et de léguer à son fils Aurélien, qui avait repris les rênes de l’affaire familiale, «une entreprise florissante. Je n’ai pas de rancoeur. Je veux juste repartir comme avant ».