Eclipse totale de Lune exceptionnelle
Aujourd’hui, vers 21h30, la Lune se soustraira aux regards de la moitié des Terriens. Qui profiteront cependant de sa belle teinte rougeoyante, signe de… pollution atmosphérique !
Des éclipses, il s’en produit au moins quatre par an. Deux de Soleil, deux de Lune. Avec sept éclipses au total, 2018 est une année faste. Le spectacle qui se jouera ce vendredi soir promet de belles émotions. L’intensité maximale étant prévue entre 21 h 30 et 23 h 13, et l’apogée à 22 h 28. Que verra-t-on exactement ? Comment en profiter vraiment ? Que se passera-t-il au-delà des apparences ? Et quelles conclusions pourrat-on en tirer? Jean-Louis Heudier, longtemps astronome à l’Observatoire de Nice et fondateur de l’Astrorama du col d’Èze où il animera d’ailleurs la soirée, répond à toutes les questions. Y compris à celles que l’on n’aurait jamais eu l’idée de se poser…
Une éclipse, ça fait rêver. Pourquoi ? Dès que ce nom est prononcé, on se met à papillonner. Mais comme le disait mon vieux copain Sénèque il y a un peu plus de ans, « Le Soleil n’a de spectateur que lorsqu’il s’éclipse. On n’observe la Lune que lorsqu’elle subit pareille crise. » Il concluait d’ailleurs en faisant ce constat : « Il est dans notre nature d’admirer le nouveau plutôt que le grand… » En tout cas, oui, les éclipses de Soleil sont extrêmement surprenantes. Celles de Lune le sont un peu moins, mais elles ont un autre avantage : la moitié de la Terre peut les voir !
En quoi celle-ci est-elle exceptionnelle ? C’est surtout qu’elle survient en juillet, c’est-àdire pendant les vacances, et à une heure raisonnable. Tout le monde pourra en profiter. Autrement dit, ce sera très sympa ! Pour le reste, mais on s’en fiche, sauf les statisticiens, plus la Lune passe au centre de l’ombre, plus cela prend du temps. Elle se lèvera déjà éclipsée et sera totalement dans l’ombre de la Terre pendant une bonne heure et demie. Mais elle ne disparaîtra pas complètement. En gros, le soleil se trouvera « derrière » la Terre et, dans son prolongement, l’ombre formera une sorte de cône dans lequel, en y passant, la Lune ne recevra plus toute la lumière.
Que nous apprend une éclipse de Lune ? La première fois que l’on a décrit correctement ce phénomène, c’était en . Ce qui nous a permis de comprendre que, l’ombre de la Terre étant circulaire, la Terre ellemême devait être ronde. Pas mal, déjà ! Plus tard, aux environs de -, Aristarque s’en est servi pour montrer deux choses : la Lune est plus petite que la Terre et le Soleil est plus gros que la Terre. Il en a aussi déduit la distance de la Terre à la Lune, et ce avec une très bonne précision. Nous ferons la même chose que les Grecs, vendredi soir à l’Astrorama. Avec les outils mathématiques les plus simples qui soient.
La science se donne en spectacle ? En plus, nous avons un ciel extraordinaire puisque quatre planètes sont visibles en même temps. Une planète, c’est quoi ? Une étoile qui plane. Saturne fait le tour du ciel en ans, Jupiter en ans, Mars en mois, à quoi s’ajoutent Mercure et Vénus. Soit sept bizarreries si l’on ajoute le Soleil et la Lune. Vendredi soir, nous les avons toutes, sauf Mercure. Il y a de quoi s’amuser !
Y a-t-il des précautions à prendre pour mieux voir ? Aucune. On verra l’éclipse de partout, à l’oeil nu. Le plus spectaculaire étant d’admirer la Lune quand elle deviendra rouge. Plus ou moins, selon le degré de pollution de l’atmosphère. C’est comme un coucher de Soleil : si l’atmosphère était parfaite, on verrait tout jaune. C’est beau, mais ça vaut le coup aussi de se poser des questions. Il faut regarder tout cela avec son cerveau, plutôt qu’avec ses yeux. Le propre de l’Homme étant d’avoir un esprit critique.
Quels sont les prochains phénomènes annoncés ?
Ilyadéjàpasmalde choses en ce moment. Quatre des cinq planètes visibles à l’oeil nu, un joli ballet d’étoiles filantes… Il suffit de lever la tête, ce que l’on fait de moins en moins, en choisissant un endroit qui ne soit pas trop envahi de lampadaires. Ensuite, admirer et essayer de comprendre.