Monaco-Matin

Les Ballets de Monte-Carlo en pleines folies

Création, hier soir, Salle Garnier, du ballet « Lavender follies ». Une « autre vision » de la danse contempora­ine !

- ANDRÉ PEYREGNE

La danse, à Monaco, ne s’endort pas sur ses lauriers. Elle évolue sans cesse. Les Ballets de MonteCarlo sont non seulement une troupe de danseurs que le monde entier applaudit lors des tournées, mais c’est aussi un nid de nouveaux chorégraph­es qui, chaque année, prennent leur envol. Ils sont danseurs puis, un jour, deviennent chorégraph­es. On se souvient, naguère, de la révélation de la personnali­té incandesce­nte de Jeroen Verbruggen, ex danseur qui s’est mis à faire danser les autres. Eh bien, hier soir, il y a eu Joseph Hernandez. En voilà à nouveau une belle personnali­té de chorégraph­e ! Cet américain, fils de musicien militaire, est entré il y a six ans aux Ballets de MonteCarlo. Maintenant, il met les autres en scène. Dans le ballet « The Lavender Follies » qu’il a présenté hier soir à la Salle Garnier, et qui sera donné jusqu’à samedi, il est obsédé par des visions de cabarets du début du XXe siècle. Elles lui reviennent en vrac comme dans un rêve fou. Il nous les déverse sur scène au travers de la danse contempora­ine. Ce spectacle délirant est censé se dérouler devant la journalist­e Sylvia von Harden, chroniqueu­se culturelle allemande du début du XXe siècle. Elle est incarnée par une danseuse, au fond de la scène, assise devant un guéridon, comme dans le portrait qu’on connaît d’elle au Centre Pompidou à Paris. D’étonnants personnage­s défilent sous ses yeux et les nôtres : d’abord un cortège d’hommes et de femmes torse nu, qui sont comme des fantômes surgis d’on sait quel passé, ensuite la présentatr­ice gainée de velours noir, un micro à la main, puis le médecin dément qui se déshabille totalement, ou encore les deux lutteurs dont la bagarre à terre restera un morceau d’anthologie, etc. Ce spectacle étrange et fascinant est à conseiller à tous – y compris aux publics qu’effraie l’idée intellectu­elle de « danse contempora­ine ». Ils trouveront ici de quoi s’étonner et se distraire. Les « Lavender follies » sont une porte dérobée pour entrer joyeusemen­t dans le monde de la danse contempora­ine. Avec « White Darkness » (« Blanche obscurité ») de Nacho Duato, donné en seconde partie du spectacle, on revient à une forme plus habituelle de chorégraph­ie moderne. Ce ballet est entré au répertoire de l’Opéra de Paris. Présenté comme un « ballet-requiem » à la suite d’un deuil enduré par le chorégraph­e, on y voit une évocation de la fuite du temps. Le sable coule entre les mains et sous les pas des danseurs. La scène finale est particuliè­rement impression­nante. (On ne vous la décrit pas pour vous en laisser la surprise). Le temps passe. Les Ballets de MonteCarlo demeurent. Et se s’endorment pas sur leurs lauriers...

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(Photo Alice Blagero- Ballets de Monte-Carlo) «Les «Lavender follies» sont une porte dérobée pour entrer joyeusemen­t dans le monde de la danse contempora­ine.

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