Les murs de Saint Michel ont accueilli Haendel
Philippe Jaroussky et Emöcke Barath ont déroulé à plaisir les guirlandes de leurs vocalises baroques
Le 69e. Festival de Musique s’est ouvert hier soir au son de la musique baroque, en présence du maire Jean-Claude Guibal et de Colette Guidicelli, sénateur. Afin que la musique baroque puisse être entendue jusqu’au dernier rang, qui culmine très haut vers l’église des Pénitents blancs au-dessus du Parvis Saint Michel, musiciens et chanteurs avaient été sonorisés. Ces chanteurs étaient ce qu’il y a de mieux en matière d’interprétation vocale baroque : le contreténor Philippe Jaroussky, qui est la musique-même, et sa complice la soprano hongroise Emöcke Barath, qui en sait long sur le phrasé haendelien. Ils étaient accompagnés par un orchestre au nom d’empereur antique, l’Ensemble Artaserse, dont Philippe Jaroussky est le chef. Philippe Jaroussky et Emöcke Barath ont déroulé à plaisir les guirlandes de leurs vocalises baroques au long d’airs d’opéras de Haendel. Au fur et à mesure de ces airs, ils ont incarné une incroyable série de personnages : Ariodante, fiancé de la fille du roi d’Ecosse, Orphée en recherche de son Eurydice, Sextus, centurion romain allié de César fou furieux de l’assassinat de son père Pompée, Cléopâtre ellemême (dont la face du monde eût été changée si le nez avait été plus court!) chantant son amour pour César, Scipion, centurion romain géolier de Bérénice, Adélaïde reine d’Espagne dont le chef de sa sécurité a des prétentions amoureuses à son égard (Il faut parfois se méfier des gens qui sont trop proches du pouvoir ! ), etc. Toute cette galerie de personnages éminemment baroques dont les histoires nous importaient peu, n’avaient en réalité de valeur que par la musique qu’ils avaient inspirée à Haendel et que les chanteurs nous restituaient avec grâce, dans toute la richesse de leurs ornements. Et, de ce point de vue, ce fut un régal. Inutile de dire que la salle était archi-comble. Le 69e Festival de Menton a bien commencé.