Ils poursuivent leurs études tout en donnant leurs concerts
Lors de leurs récitals, il arrive que les pianistes jouent des « études » au milieu des « sonates » ou « concertos ». Ce sera le cas de Jean-Frédéric Neuberger cet après-midi et Bertrand Chamayou demain soir. Cela étonne souvent les néophytes car il y a dans ce terme d’ « étude » une idée d’inachevé et d’exercice technique qui semble contraire à une production en public. A l’origine, les « études » sont en effet des exercices destinés à améliorer l’agilité des doigts, la souplesse du poignet, la rapidité des traits, le passage du pouce, les doubles notes, octaves, le legato, le staccato, bref tout ce qui fait la technique des pianistes. Mais lorsque ces études ont été écrites par de grands compositeurs, elles sont parfois aussi belles que des pièces de concert. Voilà pourquoi les pianistes les jouent sur scène. Dans l’une de ses études, Chopin a mis tant d’émotion qu’elle est devenue célèbre sous le titre de « Tristesse ». Dans une autre, pleine de rage, appelée « Etude révolutionnaire », Chopin s’insurge contre l’invasion de la Pologne par la Russie. Parmi les études de Liszt que Bertrand Chamayou jouera demain, on trouve les célèbres « Feux follets », ou la périlleuse « Mazeppa » qui s’inspire de la chevauchée du héros hongrois décrite par Hugo dans un poème achevé par ce vers célèbre « Il tombe enfin, et se relève roi ! » Les Etudes de Debussy portent les titres rébarbatifs de « Pour les degrés chromatiques», «Pour les agréments » ou « Pour les accords ». Mais les oeuvres sont si belles, fluides, lumineuses, transparentes qu’elles sont de vraies oeuvres de concert. Jean-Frédéric Neuberger les interprètera cet après-midi. Et c’est ainsi que les pianistes, tout en donnant leurs concerts, poursuivent leurs études…