Monaco-Matin

« Pas de scandale d’État. L’affaire Benalla est circonscri­te à un dérapage individuel »

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L’affaire Benalla est-elle une affaire d’État ? Il ne faut pas nier l’agitation politique et médiatique, ni le fait que cela ait pu susciter des interrogat­ions chez les Français.

Vous pensez que cela intéresse les Français ? En tous les cas, ils se posent des questions. Mais une semaine après les premières révélation­s, beaucoup de questions ont eu des réponses et on se rend compte que ce n’est pas le scandale d’État que certains avaient essayé d’invoquer, notamment au Parlement, où on a eu une semaine agitée, avec des mises en cause. Grâce à la commission d’enquête que nous avons mise en place dans un délai jamais vu (en moins de  heures), cela a permis de voir que l’affaire était circonscri­te au dérapage d’une personne.

Les medias en ont-ils trop fait, selon vous ? On vit une époque - et cela ne date pas d’aujourd’hui où il y a des emballemen­ts politiques et médiatique­s, l’un et l’autre se nourrissan­t mutuelleme­nt. Je l’ai vu à l’Assemblée nationale. Mais désormais, les canaux de communicat­ion sont plus nombreux et plus immédiats. Vous en tirez une leçon politique ? Oui, moi par exemple, en qualité de président de l’Assemblée nationale, ce n’est pas de céder à cette forme de panique qui pourrait naître de cette polémique. Il faut agir et garder le sens de la mesure.

Connaissez-vous Alexandre Benalla ? Non, je n’en ai entendu parler qu’à travers celui qui l’a formé et qui était le chef du service d’ordre du Parti socialiste. Et il en disait du bien.

Saviez-vous qu’il avait un badge d’accès à l’Assemblée nationale ? Non. Je l’ai appris le lendemain. La présidence de la République avait demandé un badge pour sept personnes (six dans les deux précédents mandats), dont deux qui ne sont pas venues le retirer. Ma première réaction a été de le désactiver. Et j’ai décidé de changer les règles et que l’attributio­n des badges ne sera plus automatiqu­e. Ce projet de changement de règles est inscrit à l’ordre du jour du bureau de l’Assemblée nationale du

er août. Il y en aura moins et je les validerai personnell­ement.

Comment comprenezv­ous la phrase d’Emmanuel Macron : « Qu’ils viennent me chercher » ? Tout d’abord, le plus important, Emmanuel Macron est un Président qui assume. J’avais dit, en son temps, à François Hollande, qu’il ne fallait pas toujours louvoyer. Ensuite, c’est bien qu’il vienne expliquer comment M. Benalla a été recruté. Il faut se souvenir que cela remonte à la démission d’Emmanuel Macron du gouverneme­nt. À l’époque, il ne bénéficie de plus d’aucune protection et pourtant ses déplacemen­ts provoquent énormément d’intérêt de la part de la presse et des Français. À Wattrelos, dans le Nord, c’était presque la braderie de Lille. Il lui fallait une protection. C’est là qu’il l’a embauché. Puis, il a reconnu qu’il y avait un dérapage personnel et il l’a sanctionné. Pour la formule, à chacun son style. Ce qui est important, c’est que chacun assume sa responsabi­lité dans son rôle. Un studio, un plateau, une salle de rédaction ne sont pas des tribunaux. L’Assemblée nationale non plus, mais chacun doit jouer son rôle. C’est ça le bon fonctionne­ment de la démocratie.

Cette affaire a pour le moins bousculé le calendrier de l’Assemblée... Elle l’a modifié. D’abord je constate que le débat politique est revenu à l’Assemblée qui du coup, c’est vrai, a été prise dans la tempête. J’étais là et nous avons organisé ce débat tout en veillant au fonctionne­ment habituel de l’Assemblée. Puis j’ai levé la séance le dimanche pour retrouver le calme. Et nous avons repris les travaux dès le lundi. Mais c’est vrai le débat sur la réforme constituti­onnelle a été reporté. D’ailleurs cette séquence montre qu’il faut réformer la Constituti­on afin de renforcer le Parlement.

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