Le destin de Fadila Farouk lié à la Principauté
Quand elle épouse en 1976 à Monaco le roi Fouad II d’Égypte, souverain en exil, Dominique Picard devient Fadila Farouk, et embrasse un destin lié à l’histoire du pays des pharaons
Tout ce que j’ai fait dans la vie, je l’ai fait par amour ». Ainsi Fadila Farouk résume son parcours en ouvrant son livre de souvenirs. En épousant en 1976, le roi Fouad II, dernier souverain d’Égypte, elle a choisi un destin particulier. Aux côtés d’un roi en exil rencontré à l’adolescence, par le biais de son frère, pensionnaire de l’école du Rosey en Suisse, comme Fouad II. Elle s’appelle à l’époque Dominique Picard, fille de parents alsaciens. Le couple s’unit civilement le 16 avril 1976 dans le seizième arrondissement de Paris. « Mais le roi Fouad II tenait à une cérémonie religieuse ». Cette cérémonie religieuse, célébrée à l’automne 1977, se tient dans un lieu inédit. La salle des Glaces du Palais princier de Monaco. Un honneur permis par le couple princier de l’époque, le prince Rainier III et la princesse Grace. « Au moment de son exil, le prince Rainier a donné la nationalité monégasque au roi Farouk et à sa famille. Le couple princier à l’époque a toujours eu de l’affection pour le jeune Fouad, orphelin de père à 13 ans » explique Fadila Farouk qui se souvient d’une journée pluvieuse mais « d’une cérémonie très émouvante, empreinte de gravité ». Avec la présence de la reine Narriman, sa belle-mère, dernière reine d’Égypte. « Elle avait exceptionnellement fait le voyage depuis l’Égypte. Et comme le veut la tradition, pour porter bonheur, elle nous a lancés à la fin de la cérémonie des pièces en or à l’effigie du roi Farouk».
La princesse Grace pour modèle
De ce mariage inédit, un lien s’est tissé avec la princesse Grace. À son adolescence, Fadila Farouk croisait parfois la princesse dans la vallée de Gstaad, où ses parents possèdent un chalet voisin de celui des Grimaldi. Elle garde en mémoire sa gentillesse et sa bienveillance pour l’accompagner
dans son nouveau rôle de princesse. « C’était une femme aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur » continue-t-elle, évoquant son élégance et son style.
« Pour l’anecdote, mes parents m’avaient offert un sac Kelly de la maison Hermès quand j’ai obtenu mon baccalauréat. Grace Kelly a toujours été un modèle. Alors vous pouvez imaginer l’émotion de me marier au Palais princier, de la côtoyer et de bénéficier de ses conseils. Elle m’a dit qu’il fallait s’habituer à cette nouvelle vie, et je me suis fondue dans le moule. Elle m’a guidée en quelque sorte. Par la suite, nous étions voisins à Paris. Encore aujourd’hui, je pense très souvent à elle. Sa mort tragique fut un déchirement ». Épouse d’un souverain en exil, Fadila Farouk découvre pour la première fois l’Égypte en 1979. «Cette vie d’exil était rude mais elle a été adoucie par la solidarité des princes de Monaco, des rois du Maroc et d’Arabie Saoudite. J’ai pour eux beaucoup de gratitude. En 1979, alors enceinte de mon premier fils, c’est d’ailleurs le roi Hassan II qui m’a suggéré d’aller accoucher en Égypte, pour poursuivre une tradition ». À trente ans, la jeune femme accepte et part donc seule vers Le Caire pour donner naissance en 1979 à Mohamed Ali. Deux autres enfants suivront, Fawzia en 1982 et Fakhreddin en 1987. Une famille qui s’établit aujourd’hui entre la France, la Suisse et la Principauté, où Fadila Farouk réside une partie de l’année. Si le roi Fouad II n’est retourné en Égypte qu’en 1991 depuis son exil de 1953, la princesse y a effectué des séjours réguliers après son premier voyage en 1979. Un pays qu’elle a apprivoisé et dont elle apprécie les charmes. Et l’héritage. À l’image de l’exposition estivale présentée à Monaco. « Cette exposition est magique. Les pièces présentées ont été mises en valeur par l’extraordinaire travail des équipes du Grimaldi Forum. L’hospitalité de Monaco est légendaire et les amis égyptiens ont été ravis de l’accueil réservé ».