Antibes: «Ils se lançaient le chiot comme un ballon»
Une association ne peut se constituer partie civile que si son existence est déclarée et reconnue depuis au moins cinq ans. Tel est bien le cas d’ASA 06 (Au service des animaux), dont la responsable salariée, Cécilia Fruleux, ne ménage pas sa peine. À 32 ans, elle peut se targuer d’avoir consacré la moitié de sa vie à cette cause. Seize années d’engagement pour la protection animale lui donnent un certain recul. « Non, je ne crois pas que les cas de maltraitance se multiplient. Je pense plutôt que les médias se montrent plus attentifs et que Facebook nous aide énormément. » Dès qu’une alerte est donnée sur la page FB de l’association, la mobilisation se met en marche de façon instantanée et spontanée. C’est ce qui a permis de localiser un survivant après la découverte de deux cadavres de chiots à Antibes. En cause selon elle : « Des gens des pays de l’Est qui se livrent à un trafic illégal d’animaux à Nice, Cannes et Antibes. De la vente à la sauvette », assure Cécilia qui sait pouvoir compter sur les forces de l’ordre. Surtout à Nice où des officiers de police judiciaire seraient très sensibles à l’action d’ASA 06.
« Les gens s’en f… »
Un chiot, donc, de la même portée que ceux de Rabiac, mais celui-là sauvé in extremis. « Quand nous sommes arrivés sur les lieux du signalement, près de la gare, des gens se le lançaient comme un ballon », témoigne Marine Longeard, cofondatrice du collectif d’associations UPA06 (Urgence pour un animal). L’intervention de la police s’est révélée nécessaire. De son côté, ASA 06 a déposé une plainte, comme elle l’avait fait pour les deux ânes et le cheval de Séranon. Cécilia Fruleux dispose d’un budget: prestataire de services pour plusieurs communes, ASA récupère des animaux errants et en divagation. Les subsides qu’elle en tire couvrent l’intégralité des frais vétérinaires engagés, soit 50 000 euros par an. Donateurs et petites subventions complètent la donne. Qu’elle soit ou non en augmentation, la maltraitance pose question. « On a l’impression que les gens s’en f… de plus en plus », estime Marine Longeard. Cette aide-soignante est désabusée : « C’est un peu la même chose pour les humains entre eux. Comme s’il n’y avait plus de conscience. » « C’est vrai que ça ne va pas en s’améliorant », confirme au Cannet Nicole
Vallauri, déléguée de la SPA dans les Alpes-Maritimes. « Des gens prennent un chiot ou un chaton sans réfléchir et réalisent rapidement qu’ils n’ont pas le temps de s’en occuper. Entre les besoins, quelques dégâts, la gêne occasionnée par le voisin qui se plaint ou le syndic qui écrit, on est vite dépassé par les événements. »
Le dispensaire a rouvert
Cette militante a vu récemment un anonyme déposer à travers la grille un carton contenant trois chatons dégoulinants de transpiration. «En vingt ans de SPA, je peux dire que ça ne se calme pas. Sans parler des pervers, des alcooliques ou des drogués, une partie de l’explication tient sans doute dans une vie active de plus en plus compliquée et des situations personnelles parfois très difficiles. » Une aide potentielle : le dispensaire a rouvert ses portes pour l’été. Sur présentation d’un avis d’imposition, les personnes démunies peuvent y faire soigner leur animal gratuitement.
Dispensaire:17avenueMaurice-Jeanpierre,Le Cannet. Du lundi au vendredi en juillet août, de 14 heures à 17 heures. Tél. 04.93.45.29.22.