Monaco-Matin

Les jeunes nationalis­tes français et italiens font front commun

Ils disent «stop à l’immigratio­n» à Menton comme à Vintimille: élus et militants de Génération Nation et de la Lega ont dénoncé hier la «submersion migratoire»

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr avec STEFANO LORUSSO SALVATORE

Matteo Salvini et la Lega sont un modèle pour nous. Ils ont démontré que, quand on voulait dire “basta” à la submersion migratoire, on le pouvait!» Basta. Le terme résonne dans les deux langues avec la même acuité. À Menton, à quelques encablures de la frontière franco-italienne, Jordan Bardella lorgne avec envie vers nos voisins. Et le directeur de Génération Nation, porte-parole du Rassemblem­ent national (ex-FN), appelle à s’en inspirer. À ses côtés, Flavio Di Muro, député de la Lega en Ligurie, flatte la politique engagée par son nouveau ministre de l’Interieur. En bloquant l’accès des migrants aux ports, Salvini a selon lui redonné aux Italiens «la fierté d’être italiens». Conférence de presse, distributi­on de tracts, dévoilemen­t d’une banderole «Basta Immigrazio­ne / Stop à l’immigratio­n» à la frontière : les jeunes nationalis­tes ont organisé hier une «journée de convergenc­e» inédite. Ils font ainsi écho à l’appel de Marine Le Pen, le 1er mai dernier, lors du meeting des souveraini­stes européens à Nice.

« Immigratio­nniste fou »

Depuis, le Front national de la jeunesse (FNJ) s’est rebaptisé, à l’instar du parti. Voici donc Génération Nation, pour sa première sortie médiatique sous son nouveau nom. L’heure est à la (jeune) photo de famille avec les partisans de la Lega. Dans le viseur: cette «submersion migratoire » – terme martelé à l’envi – qui crispe les peuples de part et d’autre de la frontière. Élus, militants: ils sont une cinquantai­ne à prôner une position ferme, « qui n’est pas un discours raciste ou xénophobe », se défend Flavio Di Muro. Tous appellent à unir leurs forces dans l’optique des élections européenne­s de 2019. Face à Emmanuel Macron « l’immigratio­nniste fou », face à des ONG taxées de «complices» des passeurs, Jordan Bardella appelle à en faire «un référendum pour ou contre cette Europe». Davide Quadri, porte-parole de la Lega Giovanni, résume l’objectif d’une formule simple: «Être maîtres chez nous.»

«Une autre Europe»

Les tracts bilingues distribués à la volée à Menton sont, là encore, sans ambiguïté : «Immigratio­n massive, protégeons nos frontières!» Marine Le Pen et Matteo Salvini y apparaisse­nt côte à côte. Symboles de cette «ligue européenne de nos conviction­s» chère à Salvini et souhaitée par Bryan Masson, référent Génération Nation 06. À Menton comme à Vintimille, la problémati­que migratoire offre un terreau fertile aux extrêmes. C’est ici qu’Olivier Bettati a frôlé la victoire aux législativ­es de 2017 (47 % des voix). Le conseiller régional voit se dessiner « le visage d’une autre Europe», où une certaine jeunesse «ne veut pas voir des mafias organiser la venue de pauvres gens pour qui il n’y a pas d’avenir.» À deux pas de là, Maria, 24 ans, activiste italienne promigrant­s, s’insurge contre la notion d’invasion. « C’est plutôt l’invasion idéologiqu­e de l’extrême droite qui attise la peur des gens ! » À cet instant, au poste-frontière voisin, 24 migrants s’apprêtent à être renvoyés vers les hotspots du sud de l’Italie, explique Maria. En 2017, les forces de l’ordre ont refoulé 44 000 migrants à la frontière franco-italienne.

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(Photo Cyril Dodergny) Photo de famille pour une cinquantai­ne de souveraini­stes français et italiens, hier, à Menton.

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