Les jeunes nationalistes français et italiens font front commun
Ils disent «stop à l’immigration» à Menton comme à Vintimille: élus et militants de Génération Nation et de la Lega ont dénoncé hier la «submersion migratoire»
Matteo Salvini et la Lega sont un modèle pour nous. Ils ont démontré que, quand on voulait dire “basta” à la submersion migratoire, on le pouvait!» Basta. Le terme résonne dans les deux langues avec la même acuité. À Menton, à quelques encablures de la frontière franco-italienne, Jordan Bardella lorgne avec envie vers nos voisins. Et le directeur de Génération Nation, porte-parole du Rassemblement national (ex-FN), appelle à s’en inspirer. À ses côtés, Flavio Di Muro, député de la Lega en Ligurie, flatte la politique engagée par son nouveau ministre de l’Interieur. En bloquant l’accès des migrants aux ports, Salvini a selon lui redonné aux Italiens «la fierté d’être italiens». Conférence de presse, distribution de tracts, dévoilement d’une banderole «Basta Immigrazione / Stop à l’immigration» à la frontière : les jeunes nationalistes ont organisé hier une «journée de convergence» inédite. Ils font ainsi écho à l’appel de Marine Le Pen, le 1er mai dernier, lors du meeting des souverainistes européens à Nice.
« Immigrationniste fou »
Depuis, le Front national de la jeunesse (FNJ) s’est rebaptisé, à l’instar du parti. Voici donc Génération Nation, pour sa première sortie médiatique sous son nouveau nom. L’heure est à la (jeune) photo de famille avec les partisans de la Lega. Dans le viseur: cette «submersion migratoire » – terme martelé à l’envi – qui crispe les peuples de part et d’autre de la frontière. Élus, militants: ils sont une cinquantaine à prôner une position ferme, « qui n’est pas un discours raciste ou xénophobe », se défend Flavio Di Muro. Tous appellent à unir leurs forces dans l’optique des élections européennes de 2019. Face à Emmanuel Macron « l’immigrationniste fou », face à des ONG taxées de «complices» des passeurs, Jordan Bardella appelle à en faire «un référendum pour ou contre cette Europe». Davide Quadri, porte-parole de la Lega Giovanni, résume l’objectif d’une formule simple: «Être maîtres chez nous.»
«Une autre Europe»
Les tracts bilingues distribués à la volée à Menton sont, là encore, sans ambiguïté : «Immigration massive, protégeons nos frontières!» Marine Le Pen et Matteo Salvini y apparaissent côte à côte. Symboles de cette «ligue européenne de nos convictions» chère à Salvini et souhaitée par Bryan Masson, référent Génération Nation 06. À Menton comme à Vintimille, la problématique migratoire offre un terreau fertile aux extrêmes. C’est ici qu’Olivier Bettati a frôlé la victoire aux législatives de 2017 (47 % des voix). Le conseiller régional voit se dessiner « le visage d’une autre Europe», où une certaine jeunesse «ne veut pas voir des mafias organiser la venue de pauvres gens pour qui il n’y a pas d’avenir.» À deux pas de là, Maria, 24 ans, activiste italienne promigrants, s’insurge contre la notion d’invasion. « C’est plutôt l’invasion idéologique de l’extrême droite qui attise la peur des gens ! » À cet instant, au poste-frontière voisin, 24 migrants s’apprêtent à être renvoyés vers les hotspots du sud de l’Italie, explique Maria. En 2017, les forces de l’ordre ont refoulé 44 000 migrants à la frontière franco-italienne.