Monaco-Matin

Thomas comme Wiggins ?

- ROMAIN LARONCHE

En , le Britanniqu­e avait  ans lorsqu’il remportait son premier Tour de France. L’unique de sa carrière. Le Gallois, qui a le même âge aujourd’hui, va-t-il pouvoir voir plus loin ?

En 2012, Sky remportait son premier Tour de France. Sa tête de proue, son grand leader depuis quelques années se nommait Bradley Wiggins. Après un passé glorieux sur piste, puis un parcours bien plus tortueux sur route, le Britanniqu­e s’imposait sur le Tour, à 32 ans. L’apogée de sa carrière et le début de la fin. Le parallèle avec Geraint Thomas est bluffant. Comme son aîné, le nouveau vainqueur du Tour a tout gagné sur la piste, avant de vivre une longue mutation sur route pour toucher le Graal à 32 ans. Les deux hommes ont également en commun d’être passés entre les mains de la Sky, et plus précisémen­t celles de Tim Kerrison, surnommé « l’esclavagis­te » au sein de la maison britanniqu­e pour ses méthodes d’entraîneme­nt poussées à l’extrême et sa volonté de faire maigrir ses coureurs. Mais aussi la clé de leur succès. Wiggins avait tenu le coup, tout le temps où il vivait pour décrocher ce premier Tour. Une fois le but atteint, il avait saturé. Le risque est-il le même pour son cadet ? « On retient trois semaines très, très dures, mais c’est plutôt sept mois, estime Nicolas Portal, le directeur sportif français de la Sky. Depuis décembre, on est à fond dedans » .Une vie de sacrifices et de souffrance physique pas facile à supporter. Pendant ces dix jours en jaune, le natif de Cardiff n’a cessé de répéter qu’il vivait « dans sa bulle ». Son esprit était totalement focalisé sur cet objectif insensé pour lui il y a encore quelques mois de remporter le Tour.

« C’est au management de répondre... »

Avant-hier, il l’a évoqué luimême, cette « bulle » a «explosé ». Va-t-il réussir à la réintégrer ? Mais surtout avec quel entourage ? Voilà la question centrale. Pour l’heure, celui qui vient d’enchaîner Dauphiné-Tour n’a toujours pas resigné chez Sky et sera libre en fin de saison. Froome et Thomas ont beau répéter qu’ils s’entraînent ensemble et sont amis, leur collaborat­ion future est-elle possible ? « C’est au management de répondre, ce ne sont pas les coureurs qui prennent ces décisions », a répondu Froome, quand Thomas a éludé la question, estimant que ce n’était « pas l’heure de penser à ça » . « Notre cohésion entre Chris et moi est peutêtre difficile à croire après ce qu’il s’est passé entre lui et Wiggins, mais nous sommes de bons amis, entre nous tout est ouvert et clair », disait le maillot jaune il y a quelques jours. C’était également le cas entre Froome et Porte, son ancien lieutenant, qui avait finalement fini par voler de ses propres ailes en 2016. La même destinée est-elle promise à Thomas ? Chez Dave Brailsford et dans la tête des dirigeants de la « top team », on doit se poser la question. « Quand Chris a dit qu’il devenait équipier, ça ne nous choque pas, étaye Portal. C’est bien que les gens voient que Chris n’est pas un leader qui ne laisse pas la place aux autres ». Ce qui était valable sur ce Tour ne sera peutêtre pas vrai par la suite.

Bernal le prochain ?

Les Anglais viennent de remporter six des sept derniers Tours, avec trois coureurs différents. Sur ParisNice, leur laboratoir­e, ils ont fait du cinq sur six, avec quatre leaders (Wiggins, Porte, Thomas, Henao) et sans avoir à utiliser Froome. (Photo AFP) A 33 ans, le quadruple vainqueur du Tour reste une valeur sûre. Quelqu’un qui venait d’enchaîner un triplé hallucinan­t Tour-VueltaGiro. Il a échoué de peu à ‘’doubler’’ Giro-Tour la même année, mais reste un formidable coureur de courses à étapes. Un patron qu’on ne va pas jeter aux orties après sa première ‘’défaillanc­e’’ sur la Grande Boucle. D’ailleurs, samedi, le résident monégasque se projetait déjà pour 2019, comme si son statut resterait le même. « C’est trop tôt pour affirmer que je le retenterai, mais je pense que le doublé (Giro-Tour) est toujours possible. Ça ne sera pas pour cette année, mais le fait que Tom (Dumoulin) ait fait 2e des deux, me conforte dans ce projet ». A court terme, les Sky devront certaineme­nt faire un choix entre leurs deux Britanniqu­es. A moyen terme, ce choix se fera de lui-même et prendra l’accent sud-américain. A 21 ans, Egan Bernal a démontré qu’il était déjà l’un des tout meilleurs grimpeurs du monde. « Il gagnera le Tour un jour » a prophétisé Thomas. En restant chez son employeur actuel, c’est quasiment une garantie.

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Geraint Thomas (en jaune) avec le meilleur jeune Pierre Latour (maillot blanc), le meilleur grimpeur Julian Alaphilipp­e (maillot à pois) et le vainqueur du classement aux points Peter Sagan (maillot vert).
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