Monaco-Matin

EN SOINS AU CERS DE SAINT-RAPHAËL Laurent Koscielny: «Il y a plus grave dans la vie!»

Victime d’une rupture du tendon d’Achille le 3 mai, le Gunner d’Arsenal a suivi la Coupe du monde depuis Saint-Raphaël et son centre de rééducatio­n. Avec une grande philosophi­e

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Àle voir arpenter les couloirs du Centre européen de rééducatio­n du sportif de Boulouris - Saint-Raphaël, on aurait bien du mal à imaginer le drame qui s’est noué moins de trois mois plus tôt sur la pelouse de Madrid. C’était le 3 mai, en début de match de la demifinale retour de la Ligue Europa perdue par Arsenal (0-1). Laurent Koscielny qui hurle de douleur, frappe le terrain du poing puis sort sur civière, en larmes. Vingt-quatre heures plus tard, le verdict est terrible : rupture du tendon d’Achille, opération à Londres le 8 mai... La Coupe du monde se déroulera sans lui. Trois mois se sont écoulés, la France a obtenu sa deuxième étoile et le Gunner, finaliste de l’Euro 2016, a appris à relativise­r. Avec lucidité et recul, le Tulliste n’élude aucune question. Seulement peut-on percevoir une petite lueur de regrets teintée de pudeur dans son regard bleu.

Quelle a été votre première pensée lorsque vous vous êtes blessé ? D’abord, j’ai eu la sensation d’avoir reçu un coup derrière le tendon. Je me suis retourné, j’étais seul, personne ne m’avait touché ! La douleur était insoutenab­le. Vous avez tellement mal que vous ne pensez pas vraiment, sinon au match que je ne terminerai pas, à la saison que je ne finirai pas. J’ai aussi pensé un peu à la Coupe du monde, mais la douleur était là.

Vous avez vraiment réalisé le lendemain ? Pas vraiment. J’avais tous les examens à faire, mais quand le doc m’a appelé le midi pour me donner les résultats de l’IRM, j’ai compris. C’est difficile à accepter, mais c’est la vie. Ma préoccupat­ion était alors de me faire opérer le plus vite possible.

Vous avez donc suivi la Coupe du monde depuis Saint-Raphaël et le Cers ? En vérité, je n’ai pas vu beaucoup de matches. Depuis le  juin, je fais de la rééducatio­n de hàhetde hàh.J’aivu la dernière demiheure de France-Pérou puis quelques autres matches. Quand ils ont été sacrés champions du monde, je n’ai rien ressenti de spécial, mais j’étais vraiment content pour les joueurs, le staff. Beaucoup de gens avaient cassé du sucre sur le dos de l’équipe. La France n’a peut-être pas proposé le plus beau football du Mondial, mais les joueurs étaient unis, solidaires. Ils ont fait preuve de maturité quand il l’a fallu. Vous savez, vivre ensemble pendant plus d’un mois, ce n’est pas évident. Ils ont su le faire.

Quel regard portez-vous sur la défense centrale? Tout le monde a fait le boulot, dans tous les secteurs du jeu. La performanc­e de la France est avant tout collective. Mais si je devais ressortir un joueur, je dirais N’golo Kanté. Il a réalisé une très belle Coupe du monde. C’est en plus quelqu’un de super-gentil, très calme. C’est le mec de l’ombre qui, sur un terrain, fait le travail de deux!

Vous vous êtes rendus avec Dimitri Payet et le président Emmanuel Macron en Russie pour assister à la finale. Que retenez-vous de ce déplacemen­t ? C’était sympa, mais ce n’est pas pour autant que je me suis enthousias­mé ! Ce voyage m’a fait du bien, mais aussi du mal... Vous avez assisté au défilé sur les Champs-Élysées ? Non, j’étais reparti. Je ne suis pas en vacances ! Je dois travailler, poursuivre sérieuseme­nt ma rééducatio­n si je veux reprendre avec Arsenal en novembre.

Vous aviez annoncé votre intention de mettre un terme à votre carrière internatio­nale après la Coupe du monde. C’est toujours d’actualité? Je suis quelqu’un d’assez buté ! Ma blessure n’a rien changé. Je pense avoir fait le tour de la question. J’ai été  fois sélectionn­é en équipe de France. J’ai eu, je pense, une belle carrière et j’ai vécu une belle aventure sportive et humaine.

Arsène Wenger était sur le banc lorsque vous vous êtes blessé. Et c’est Unai Emery qui y sera quand vous reprendrez... Arsène Wenger est resté à Arsenal  ans. On ne peut que louer son profession­nalisme, son amour du football et du beau jeu. Il a contribué à faire grandir le club. Lui succéder est forcément quelque chose de compliqué, mais Unai Emery a fait ses preuves en Espagne comme au PSG. Il va juste falloir lui laisser un peu de temps.

Vous l’avez rencontré? Je l’ai seulement croisé après mon opération au centre d’entraîneme­nt d’Arsenal. Il m’a dit de prendre soin de moi. Le championna­t anglais est de plus en plus intense, la bataille pour le Top  fait rage, car il y a de gros effectifs. Mais Arsenal a réalisé un bon recrutemen­t.

Votre avenir s’inscrit à Arsenal ? Je suis sous contrat jusqu’en juin ! Après? Je pense continuer, mais je ne sais pas où. Ce n’est pas d’actualité de toute façon ! Je suis bien en Angleterre, ma famille aussi. Il y aura ensuite forcément beaucoup de points d’interrogat­ion. L’essentiel, c’est d’avoir la santé. J’ai appris à relativise­r car il y a tellement de choses plus graves dans la vie.

Question subsidiair­e : Balotelli ou Giroud à l’OM ? L’OM est un grand club français qui cherche un grand attaquant. Or (Photos Dylan Meiffret)

Assister à la finale m’a fait du bien, mais aussi du mal ” Je suis assez buté : l’équipe de France, c’est bien fini ”

 ??  ?? Instant de détente pour Laurent Koscielny au Cers de Saint-Raphaël, entre deux séances de rééducatio­n.
Instant de détente pour Laurent Koscielny au Cers de Saint-Raphaël, entre deux séances de rééducatio­n.

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