Le avril , le cercueil de Paganini passe au large de Menton...
Paganini, dont le violoncelliste Alexander Chaushian jouera un « Caprice » cet aprèsmidi (lire ci-dessus), est le violoniste le plus extravagant de l’Histoire de la musique. Sa virtuosité hors norme et sa vie dissolue ont fait croire qu’il était hanté par le diable. Aussi, lorsqu’il mourut en 1 840 à Nice (au 23 de l’actuelle rue de la Préfecture), l’évêque niçois interdit-il qu’il fût enterré en terre chrétienne. Son ami le comte de Cessole, qui était alors président du Sénat de Nice, fit appel au pape et au roi de Piémont-Sardaigne, afin de démêler cette situation. En attendant, il fit embaumer le corps du musicien puis le fit disparaître au nez et à la barbe de la police. Le corps de Paganini s’était volatilisé ! Il le cacha dans différents lieux : dans une cuve à huile de sa propriété (sur l’actuel boulevard de Cessole à Nice), puis au Lazaret de Villefranche – cette ancienne prison où l’on enfermait les galériens – enfin à la pointe Saint-Hospice du Cap Ferrat (… et non dans les îles de Lérins comme l’a prétendu l’écrivain Maupassant). Lorsque le roi Charles-Albert de PiémontSardaigne autorisa enfin son inhumation, le corps du violoniste fut ramené à Nice, puis chargé sous escorte policière sur le bateau Maria-Maddalena, dans un triple cercueil plombé, afin d’ être amené au cimetière de sa ville natale, Gênes. Le voyage eut lieu le plus discrètement possible. Et c’est ainsi que, dans la nuit du 17 avril 1844, le corps du plus grand violoniste de tous les temps passa au large de Menton… Épilogue : déplacé de cimetière en cimetière au gré des protestations des gens qui ne voulaient pas du corps du diable près d’eux, il ne trouva de sépulture définitive, à Parme, qu’en 1896, soit cinquante-six ans après sa mort !