Le nouvel entraîneur vise haut
Interview Nouveau coach de la Roca Team depuis fin juin, Sasa Filipovski, 43 ans, se confie sur son choix, le recrutement en cours et les ambitions affichées par le club de basket de Monaco
Officiellement en poste depuis le 27 juin sur le banc de la Roca Team, Sasa Filipovski succède à son compatriote des Balkans Zvezdan Mitrovic. A 43 ans, l’ancien coach de Banvit (Turquie) peut compter sur un effectif très peu remanié. Sur un collectif bien huilé, donc. Sans ambages, ce gaillard au sourire facile a martelé les objectifs affichés par les dirigeants de l’AS Monaco. Le titre et rien d’autre. Au moins pour la Jeep Élite (ex-PRO A). Pour l’EuroCoupe, il faudra se frotter aux meilleurs mais le groupe dirigé par Sasa Filipovski compte bien se tailler une part du gâteau. Entretien.
Pourquoi avoir accepté le poste de coach à l’ASM Basket ? J’ai décidé de venir à Monaco pour le challenge. Monaco se bat pour des titres. C’était une belle opportunité d’évoluer dans une ligue française qui est très forte avec de très bons coachs et des joueurs de qualité, de surcroît athlétiques. Avec Banvit, j’ai joué deux années de suite contre Monaco en Champions League. Désormais, je veux mener cette équipe, faire partie de la famille.
Quels sont les objectifs fixés par la direction pour cette saison ? À titre personnel, je coache toujours pour accomplir quelque chose. Le club, aussi, se bat pour des objectifs élevés. Dans les deux compétitions (Jeep Élite et EuroCoupe), on vise les médailles. En Jeep Élite, bien sûr, on veut se battre pour le titre. En EuroCoupe, on veut représenter les couleurs de Monaco de la meilleure des manières et présenter un beau basket. On verra quel sera notre niveau face aux autres grosses équipes. Ma philosophie se résume à « une étape après une autre ». Je veux être prêt à gagner chaque match, que l’on joue un basket intelligent. On veut construire une sorte d’alchimie, que les gens se sentent bien avec nous, qu’ils nous supportent et qu’ils soient notre sixième homme pour chaque match.
Vous succédez à Zvezdan Mitrovic. Qu’est-ce qui vous différencie de lui ? Je respecte beaucoup Mitrovic. C’est un très bon coach et mon collègue. On a des caractères différents même si l’on vient tous les deux de l’ex-Yougoslavie. Mais nous avons des similitudes dans la façon de penser. Je voudrais
continuer ce qu’il a fait de grand à Monaco et, bien sûr, ajouter ma touche personnelle. Le premier match, nous jouerons contre lui ! Ce que j’aime dans le basket, c’est le jeu collectif. Je crois qu’avec une cohésion d’équipe, on peut atteindre des objectifs élevés. Dès le premier jour d’entraînement, je mettrais l’accent sur l’esprit d’équipe. C’est la clef pour fabriquer le succès.
Quel est votre caractère sur un banc ? Je suis un coach exigeant et je veux de la discipline. Je veux avoir une approche individuelle avec chaque joueur car ils sont tous différents. J’aime pousser les gens au-delà de leurs limites pour qu’ils progressent. Si l’on veut changer les choses, il faut d’abord changer soi-même intérieurement. Je veux aussi qu’on s’améliore sur tous les aspects du basket, pas seulement sur l’attaque et la défense. Mais aussi sur la stratégie, la personnalité, la concentration, le contrôle des émotions et la communication… Ce sont des aspects primordiaux chez les sportifs professionnels. La psychologie est importante.
Vous conservez pratiquement le (Photo Jean-François Ottonello)
même effectif que l’an passé. C’est important de garder une stabilité ? Monaco a très bien joué dans les deux compétitions. Je me suis donc dit qu’il fallait conserver un maximum de joueurs. Mais garder tout le monde n’était pas possible. Il y a très peu de nouveaux noms. Aaron Craft s’est engagé en faveur du club monténégrin de Buducnost, où il découvrira l’EuroLigue. La clef de tout, ce sont les liens dans l’équipe. L’équipe joue déjà un très beau basket et j’aimerais ajouter ma touche personnelle, ma philosophie.
Vous aviez des vues sur certains joueurs pour le recrutement ? Sur le marché des transferts, vous vous battez toujours pour avoir les meilleurs possibles et surtout qu’ils conviennent à l’équipe. L’alchimie est très importante. Angelo Caloiaro, par exemple, vient de signer au Maccabi TelAviv. D’autres aussi n’ont pas pu signer chez nous. L’important, c’est de parler de ceux qui ont pu. Derek Needham, en position de meneur, est le nouveau venu. Il partagera des minutes avec D.J. Cooper. Je suis très heureux, aussi, que l’on ait gardé Paul Lacombe et notre capitaine, Amara Sy, vieux par l’âge mais jeune dans le coeur et qui donne tout ce qu’il a de meilleur pour l’équipe. Je crois que Yakuba Ouattara aura une meilleure saison, sans blessures. Cette année, il nous aidera beaucoup plus qu’il ne l’a fait l’an passé. On aura une équipe compétitive. Quel est votre regard sur le championnat français par rapport à ceux dans lesquels vous avez évolué auparavant ? Le championnat français est athlétique. Il y a beaucoup de joueurs explosifs qui peuvent sauter et courir vite. Je veux pratiquer un basket intelligent, mais bien sûr il faut de bonnes bases athlétiques.
Avec Banvit, vous avez affronté deux fois l’AS Monaco ces deux dernières années. Que disiezvous à vos joueurs dans le vestiaire ? Que l’AS Monaco était une équipe agressive avec une grosse défense. Qu’il fallait avoir une attaque intelligente pour protéger le ballon, qu’il ne fallait pas perdre la balle et leur donner des points faciles. Ils avaient de bons éléments : Craft, Cooper, Lacombe, Kikanovic… Le premier match, on ne s’était pas assez préparés mais on a gagné. Le deuxième match, un peu mieux, mais ils étaient meilleurs.
Quel est le programme des prochains jours ? Les joueurs arrivent et ils auront des tests médicaux et d’efforts. Le , il y aura une rencontre et un entraînement. Le , nous allons en Italie pour deux semaines de stage de préparation. Puis, nous avons planifié des matchs amicaux aux tournois d’Olbia en Italie et d’Antalya en Turquie. Avant le premier match contre l’ASVEL, fin septembre.
Un mot sur Monaco ? J’aime l’atmosphère, ici. Les gens sont souriants et polis dans la rue. Je constate qu’il y a différentes cultures, que les gens prennent soin de leur corps en allant courir et nager notamment. Je vois beaucoup de filles qui font du yoga et de l’aérobic. J’aime être ici et faire partie de cette société.