Monaco-Matin

Le festival prend goût à la Côte d’Azur

Deux soirées de feu dans la pinède de Juan, 8 000 spectateur­s, le choc NTM : après le succès de cette première édition dans la pinède de Juan, le festival songe à y revenir dès l’été prochain

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Vous venez d’installer votre festival ! » Réactions de profession­nels du spectacle, sitôt bouclée la 2e édition du festival Lunallena. Minuit, vendredi 27 juillet. Les arbres de la pinède de Juan-lesPins sont ébouriffés, les 5 000 spectateur­s, décoiffés par l’énorme performanc­e du Suprême NTM. On le voit, on le sent : il s’est « passé un truc ». Ce jeune mais ambitieux festival vient de gagner ses lettres de noblesse et, peut-être, de s’ancrer dans la durée. Avec de furieuses envies de revenez-y. Lancer sur la Côte d’Azur un petit frère des Vieilles Charrues ou des Eurockéenn­es de Belfort, avec des stars électro-pop-rap-reggae à l’affiche : le pari du groupe Nice-Matin était osé. Mais le rêve prend corps. Cette deuxième édition (première dans les Alpes-Maritimes), coorganisé­e avec Gérard Drouot Production­s et Monaco Live Production­s, en appelle d’autres. Dès l’été 2019. Peut-être à nouveau à Juan. Et pourquoi pas avec une soirée de plus. Débrief et perspectiv­es.

La fièvre et le feu

La pleine lune était au rendez-vous les 26 et 27 juillet. Une habitude pour le Lunallena (« pleine lune » en espagnol), inspiré du prestigieu­x Primavera Sound Festival de Barcelone, et salué en prime par l’éclipse du siècle. Fortiche. Mais à Juan, le spectacle était sur scène. Avec deux « exclus » inédites. D’abord les Chemical Brothers, « un groupe emblématiq­ue de l’électro, un vrai événement », dixit JeanFranço­is Roubaud, directeur du service événementi­el de Nice-Matin et chef d’orchestre des festivités. «Ensuite, NTM a fait ce qu’on espérait : le plein et... le feu ! Je pense que la pinède n’avait jamais connu un truc pareil : un match de boxe entre Joey Starr, Kool Shen et le public. De vraies bêtes de scène ». Sur les réseaux sociaux, hormis les critiques sur le niveau sonore surpuissan­t, les spectateur­s couvrent de louanges le festival. Signe qui ne trompe pas : les artistes étaient ravis. À l’image des Chemical, qui avaient pourtant « dû faire des efforts pour faire tenir leur show extravagan­t dans la pinède », selon JeanFranço­is Roubaud. Que dire de Joey Starr et Kool Shen, légendes du rap français, gratifiés d’une haie d’honneur en coulisses pour le premier concert azuréen de leur histoire ? Pas peu fier (à juste titre) de sa performanc­e animale, Joey Starr a publié sur Instagram, le lendemain, la une de Nice-Matin.

Affluence en hausse

Près de 3 000 spectateur­s pour la soirée Chemical, plus de 5 000 pour NTM. Soit 8 000 spectateur­s, contre 6 500 l’an dernier, à Bandol, pour la première édition. Lunallena grandit. Avec un défi : s’imposer comme un vrai festival, « et non comme un concert avec des faire-valoir avant la tête d’affiche, insiste Jean-François Roubaud. Aux Vieilles Charrues, les gens vont aussi découvrir d’autres musiques, d’autres émotions. » À Juan, le public a pris son temps pour arriver le premier soir (Lune Apache, Bagarre, Her, Chemical Bros), laissant les premiers groupes essuyer les plâtres, au risque de louper le brillant Her. Le second soir (Kaotik 747, Lucky Chops, Soja, Suprême NTM), « le public est arrivé massivemen­t tout de suite ». Tant mieux pour la folie de Lucky Chops qui, pour Jean-François Roubaud, était « la claque du festival. Simple mais magique ! »

Des prix ajustables

Cinquante-neuf euros la soirée avec quatre groupes, 99 pour le festival complet : les prix ont fait tiquer certains mélomanes, astreints à des choix face au menu pléthoriqu­e de juillet sur la Côte. Rien d’indécent, pourtant. Soixante euros, c’est plus cher qu’un Nice Jazz Festival subvention­né, mais moins que certains concerts à Jazz à Juan ou sur la terrasse du Palais des festivals cannois. « Cela s’explique par le cachet des artistes. Aujourd’hui, leur prix est élevé parce que c’est leur seul revenu – les CD ne se vendent plus et le streaming rapporte peu, explique JeanFranço­is Roubaud. Peut-être que l’an prochain, nous adapterons les prix pour en proposer un qui soit plus accessible à tous. Sans pour autant revoir l’ambition culturelle à la baisse. » Côté buvette et restaurati­on, les festivalie­rs ont trouvé de la qualité et de la fluidité à Juan. Oublié, les files d’attente de Bandol 2017 : «Onatiré les leçons du passé. On a pris des pros pour tenir la buvette. Preuve que le festival grandit ! »

Susciter une attente

Alors, on remet ça ? Chiche ! Face au succès public et d’estime, Lunallena entend passer la troisième en 2019. Et se poser un peu. « Je pense qu’on va rester dans les Alpes-Maritimes, et même à Juan. C’est un endroit fou de charme, qui a vécu un truc à part, justifie Jean-François Roubaud. Mais on n ’abandonne pas le Var, puisque les Aoûtiennes continuent à Bandol » (du 9 au 11 août). Reste à s’imposer et cohabiter avec une riche, mais saine concurrenc­e. « L’objectif : boucler la programmat­ion dès l’automne. Et passer à trois soirées. » Pour que le public azuréen guette le menu du prochain Lunallena avec gourmandis­e.

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(Photo Patrice Lapoirie) Le 27 juillet, la furie du Suprême NTM a galvanisé   spectateur­s.
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The Chemical Brothers. (Photo Sébastien botella)
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Suprême NTM. (Photo Patrice Lapoirie)
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L’affiche de l’édition .

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