Monaco-Matin

Schumann parmi les fous célèbres

- A.P.

La programmat­ion des « Pièces de fantaisie » de Schumann, ce soir, donne l’occasion d’aborder le thème de la folie des artistes. Schumann, dont la musique romantique nous caresse le coeur et l’âme a fini sa vie dans un asile de fous. Il a rejoint, dans l’Histoire, cette cohorte d’artistes qui ont sombré dans la démence. Citons, au hasard, le poète Gérard de Nerval qui conduisait un homard en laisse quelques jours avant de se pendre à un réverbère, le peintre Van Gogh qui, on le sait, se coupa une oreille, la sculptrice Camille Claudel qui, se croyant persécutée, détruisait ses propres oeuvres, l’écrivain Maupassant qui dut être enfermé, le romancier Gogol ou le danseur Nijinsky qui se prenaient pour Dieu, le poète Verlaine qui, après avoir tenté de tuer Rimbaud et d’étrangler sa mère, sombra dans une vie de clochard, l’écrivain Virginia Woolf qui se jeta dans une rivière pour mettre fin à ses visions, le romancier Hemingway qui retourna un fusil contre lui par peur de vieillir, le compositeu­r Brückner qui se levait la nuit pour aller compter les fleurs de son jardin. La liste est sans fin. Lorsque Schumann composa, en 1849, ses « Pièces de fantaisie », il avait déjà ressenti les phobies qui le conduiront à la folie. Quelques années après, les troubles s’aggravent. Il est l’objet d’hallucinat­ions auditives autour de la note la. En février 1854, cette note se transforme en « une musique si magnifique que je n’en ai jamais entendue de pareille, dit-il ». Il entre dans la démence. Le 27 février il tente de se suicider en se jetant dans le Rhin. Il est repêché par des bateliers. Sa femme Clara, enceinte de son huitième enfant, fait son possible pour le soigner. Schumann entre à sa demande dans un asile. Son grand ami le compositeu­r Brahms (dont on entendra également une sonate ce soir) lui rend fréquemmen­t visite. Schumann mourra le 29 juillet 1856 à l’âge de 46 ans. Reste l’ineffable beauté de sa musique.

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