Deux avions évacués à Nice à cause des SMS d’un enfant
Il y a une bombe dans cet avion à destination de Rome. » Une simple phrase, rédigée en anglais. Un message reçu par SMS, suivi d’un second : « Dirigez-vous vers les toilettes1et allons discuter ; il y a une bombe. » ( ) Il n’en a pas fallu davantage pour amener à l’évacuation d’un avion, et même deux, sur le tarmac de l’aéroport Nice Côte d’Azur. Fausse alerte à la bombe, vraie grosse bêtise. Ces messages expédiés par un certain « Ali » émanaient d’un passager âgé de... 12 ans. La scène se joue le dimanche 22 juillet dernier, en début d’après-midi. Le vol Alitalia de 15 h 15 s’apprête à décoller pour Rome-Fiumicino, avec 79 passagers à bord. C’est alors qu’une poignée d’entre eux reçoit l’inquiétant message. Ils alertent le personnel de bord, qui avise la police. Décision est prise de débarquer tout le monde sans attendre. Et sans panique. Le contenu du message ne s’est pas encore ébruité.
Coup double involontaire
« L’info », elle, a fuité. Au même instant, un autre avion est en partance pour Rome à quelques pas de là. Le vol easyJet de 15 h 30 convoie, lui, 179 passagers. Là encore, l’alerte à la bombe apparaît sur certains écrans de téléphone portable. Même cause, mêmes effets : tout le monde descend. La police aux frontières (PAF) intervient aussitôt. Et entreprend d’éplucher le listing des passagers des deux vols, à la recherche de ce fameux « Ali ». Ils n’y en a qu’un. Un gamin de 12 ans, qui voyage avec sa famille originaire du Koweït. Il ne tarde pas à avouer aux agents que le message est de lui. Ses parents tombent des nues. Leur pré-ado s’est servi de l’application AirDrop et de la connexion Bluetooth pour partager ces messages anxiogènes aux passagers, au hasard. Sans mesurer la portée de tels mots, dans une France et une ville, Nice - marquée par les attentats. Sans deviner, non plus, qu’il allait faire coup double ! Direction les locaux du Quart de la PAF pour une explication de texte en règle. Le parquet de Nice est avisé. Pas de garde à vue possible à 12 ans. Mais une mesure de retenue judiciaire pouvant s’étendre à 12 heures, oui.
Son iPhone confisqué
La mère du petit Ali se retient de sortir la boîte à gifles, mais force son enfant à s’excuser. L’intéressé s’exécute. Verse quelques larmes. Et en ajoute quelques-unes de plus quand les policiers lui confisquent son iPhone 10. Pour lever tout semblant de doute, la police fait appel aux chiens-explosifs. Deux équipes cynophiles de la sécurité publique (DDSP) et de la gendarmerie des transports aériens (GTA) inspectent cabine et bagages en soute. Rien. L’affaire est entendue. Et classée. Policiers et magistrats estiment que cette blague mêlant immaturité et stupidité ne mérite pas de poursuites judiciaires. Au plan aérien, en revanche, l’histoire n’est pas sans conséquence. Les deux avions décollent avec plus de trois heures de retard. « Bien que ce soit indépendant de notre volonté, easyJet s’excuse (Photo Patrice Lapoirie) pour la gêne occasionnée. La sécurité, le bien-être de nos équipages et passagers est notre première priorité », explique la compagnie britannique, contactée.
Insolite et préoccupant
Côté Alitalia, pas de seconde chance pour la famille d’Ali. Celle-ci a rejoint Rome en voiture, puisqu’au final, tous les chemins y mènent. Insolite, cocasse, l’affaire pourrait prêter à sourire s’il n’était question de sécurité aérienne. Certains y verront une mise en garde pour les mauvais plaisantins. De son côté, le syndicat Unité-SGP FO Police nationale note que les agents de la PAF n’étaient que trois pour gérer la situation. Pour sa secrétaire départementale 06 Celya Boumedien, « cet incident démontre que nous ne sommes pas assez nombreux pour gérer de tels événements. Nous ne sommes pas à à l’abri d’une alerte, cette fois bien réelle. » 1. En version originale : « There is a bomb in this plane that is going to Rome » puis « Come to the bathroom and let’s have a talk, there is a bomb ».