Monaco-Matin

Après un mois à Marseille, l’Aquarius repart en mer

- CLARA MARTOT

En escale technique, le navire humanitair­e est resté un mois sans assurer ses missions de sauvetage de migrants. Hier, il est reparti vers les côtes libyennes. L’équipage de l’Aquarius a d’abord remercié chaleureus­ement Marseille pour l’avoir accueilli depuis le 30 juin. Mais Francis Vallat préfère être sincère: «Être dans ce port n’a pas été bon pour nous. Cela a eu un coût dramatique en terme de vies humaines», déplore le président de SOS Méditerran­ée France, l’organisati­on qui affrète le navire. L’Aquarius procède rarement à des escales aussi longues, car chaque jour à quai est un jour de sauvetage en moins. Et pour l’équipage, « il est insupporta­ble d’observer ce drame en mer depuis les côtes ».

 morts en un mois

Les stocks de ravitaille­ment ont été renfloués afin d’accueillir jusqu’à 400 naufragés. À bord du navire, une trentaine de marins, sauveteurs et soignants de Médecins Sans Frontières (MSF) iront secourir de la noyade les migrants en mer Méditerran­ée centrale. Cet espace maritime, entre les côtes libyennes et italiennes, est « le plus meurtrier au monde», dénonce Francis Vallat. Depuis le début de l’année, plus de 1100 humains ont perdu la vie en mer Méditerran­ée centrale, d’après l’ONG, dont 700 pour le seul mois de juin. L’Aquarius dénonce un « drame humanitair­e » et « l’incohérenc­e » des gouverneme­nts européens. Face à cette situation tragique, les sauveteurs de SOS Méditerran­ée et Médecins Sans Frontières assurent que leur retour en mer sera guidé par un devoir supérieur : celui de sauver des vies. «Il est très important de comprendre que notre action ne repose pas sur des conviction­s, mais sur une applicatio­n simple du droit maritime internatio­nal. Tout navire, quel qu’il soit, a l’obligation de porter assistance à une personne en danger et de la débarquer sur une terre sûre », explique Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerran­ée. Une allusion claire aux autorités maritimes libyennes : « Nous préférons respecter les injonction­s des autorités, et nous savons notamment le travail accompli par les autorités italiennes. En revanche, connaissan­t l’enfer vécu par les migrants en Libye, nous refuserons systématiq­uement de débarquer sur les côtes libyennes», a prévenu Antoine Laurent de SOS Méditerran­ée qui promet que l’Aquarius ira « plus loin et plus vite» dans les prochains mois. En moins de trois ans d’existence, le navire a sauvé 30 000 vies.

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(Photo doc MaxPPP)

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