Monaco-Matin

Pablo, de nouveau Niçois

L’ancienne idole argentine du Gym va s’impliquer pour l’associatio­n OGCN. Dans sa ville de coeur

- FRANÇOIS PATURLE

Au printemps dernier, il a débarqué à Nice. Dans ses bagages, un passé de numéro 10 qui fit le bonheur du Ray (ah, l’équipe de la montée en 2002…) et un rêve qui ne l’a jamais lâché, travailler un jour au service du football niçois. Aujourd’hui, engagé auprès de l’associatio­n OGC Nice football (le club amateur), Pablo Rodriguez pose la première pierre d’un projet de vie 100% rouge et noir. Au coeur de l’été, ‘‘Pablito’’ parle déjà comme un homme heureux.

Pablo, vous voilà de nouveau citoyen nissart ! J’ai tenu ma parole. Lors de mes premières années de joueur à Nice (ndlr, ), j’avais donné une interview à Nice-Matin et promis deux choses. La montée en D, on avait réussi à le faire. La e chose, j’avais dit que je ne porterai jamais un autre maillot en France. Quand je suis parti de Nice, Metz et Saint-Etienne m’ont fait des propositio­ns. Metz me proposait plus d’argent qu’à Nice et Saint-Etienne, le double. Mais je ne pouvais pas porter le maillot vert. Aussi, avant de partir, j’avais dit que je reviendrai vivre ici, car Nice sera à jamais une ville à part dans mon coeur.

« J’ai concrétisé »

Quel a été le cheminemen­t de ce retour ? Je suis resté dix ans sans revenir. La première fois (il donna le coup d’envoi d’un Nice - Lyon en ), j’avais un peu peur que les gens m’aient oublié. Dès que j’ai commencé à marcher sur la pelouse du Ray, les supporters ont scandé mon nom. Tout le monde a chanté ‘‘Pablito’’ comme lorsque j’étais joueur. J’ai commencé à pleurer, j’étais trop ému, je n’arrivais pas à parler. On m’a tendu un micro, j’ai dit n’importe quoi… La e fois, à l’Allianz Riviera, la saison passée, le journal avait annoncé ma venue. La Brigade sud a préparé une grande surprise pour moi, ils ont déployé une banderole, ‘‘Pablito, bienvenue chez toi’’, écrit en espagnol. Quand j’ai vu ça, alors que j’avais déjà l’idée forte de revenir vivre ici, il fallait que je concrétise.

Où habitez-vous? À Fabron, avec ma compagne, Virginia. Je me sens à l’aise à Nice comme nulle part ailleurs. Parfois, je croise des jeunes de  ans dans le vieux Nice, qui me reconnaiss­ent. Ils me disent : « c’est mon père qui m’a dit que tu étais bon ». Le lendemain du match à l’Allianz, les supporters m’avaient invité à un barbecue, dans une grande propriété, près de Nice Lingostièr­e. Ils m’ont donné plein de trucs, des tee-shirts. Je ne savais pas comment les remercier.

Tous ces témoignage­s vous touchent ? Énormément. Avec Nice, mon histoire d’amour a été un peu comme un coup de foudre. En , j’étais arrivé deux jours avant mon premier match. Je ne parlais pas un mot de français. Après  minutes, il y a eu un coup franc près de la surface. Tout le stade a commencé à crier ‘‘Pablo’’. J’ai réalisé, c’était à mon attention ! Frédéric Tatarian, notre capitaine, me fait le geste, c’est pour toi. Je pose le ballon et je me dis, il vaut mieux pas le rater, celui-là. J’ai touché le poteau et c’est rentré. La chance m’a aidé ! J’ai l’impression que tout est parti de là. Je suis devenu un peu le chouchou.

« Vieira va réussir, j’en suis certain »

Quel sera votre rôle au sein de l’associatio­n OGC Nice ? L’associatio­n m’a très bien accueilli, je tiens notamment à remercier son président, Ange Ferracci. Dans un premier temps, je vais devenir ambassadeu­r du football féminin. Les filles sont montées en D. Elles ont une belle équipe. Elles ont un bel avenir. J’ai assisté à leur match d’accession. Le football féminin marche bien en France, c’est aussi le cas en Argentine. Les mentalités ont bien changé. Tout le monde se rend compte aujourd’hui que les filles jouent très bien au foot. Les diplômes d’entraîneur ? C’est autre chose. Je les ai obtenus, puisque j’ai travaillé trois ans comme coach profession­nel en Argentine. Mais pour m’en servir, j’ai besoin d’obtenir leur équivalenc­e en France. Il faut être patient.

Pensez-vous devenir un jour l’entraîneur des pros de l’OGC Nice ? Dès le premier jour où j’ai travaillé sur mon diplôme d’entraîneur, j’ai eu Nice dans ma tête. Je m’en sens capable un jour. Je serai toujours prêt et à dispositio­n pour l’OGCN, mais ce n’est pas moi qui décide. Aujourd’hui, je suis tout simplement un grand supporter de l’équipe, qui ira assister à tous les matches, en espérant nous voir gagner quelque chose. Le coeur rouge et noir.

Patrick Vieira ? Je souhaite très bonne chance à Patrick Vieira, à l’équipe, à tout son staff. Je suis beaucoup l’équipe, je vois que ça travaille très bien. Avec une volonté de bien jouer au ballon. Vieira a assez d’expérience pour être à la hauteur du championna­t français. C’est un ancien champion, un grand monsieur, qui a réussi dans tous les pays où il a joué, ce n’est pas un hasard. Il a fait un grand travail aux USA. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il va réussir. Il était déjà très intelligen­t en tant que joueur. Des joueurs importants sont partis, mais d’autres vont arriver.

Il paraît que Monaco vous a passé un coup de fil ? C’est vrai que Monaco a montré un intérêt pour mon travail avec les jeunes. Ils m’ont appelé, mais je ne me voyais pas travailler pour eux, avec le survêtemen­t rouge et blanc. Ils m’ont dit, ‘‘Pablo, on parle du boulot, là, c’est profession­nel’’… J’ai dit oui, je suis profession­nel, je comprends ça, mais je ne peux pas le faire. Un dirigeant monégasque m’a dit : ‘‘Pablo, toi, tu es trop identifié à Nice’’. Sur ce plan, je ne pouvais pas le contredire (sourire).

En Argentine, les gens se sont-ils remis de la défaite contre la France ? Oui, car la France a été championne du monde, cela a beaucoup adouci la blessure. Sur ce /e de finale, il n’y avait pas photo. La France était vraiment plus forte. Une vitesse d’exécution fantastiqu­e. Mais, même si l’Argentine était désorganis­ée, avec pas mal de problèmes dans la sélection, sur ce match, l’Albicelest­e a tout donné. Mais il y avait une trop grande différence de niveau avec les Bleus.

« Lloris, un grand monsieur »

Si vous deviez ressortir un carré magique chez les champions du monde ? Lloris, Kanté, Griezmann et Mbappé. J’ai entendu que

Lloris n’avait rien gagné avant cette Coupe du monde (une Coupe de France avec Lyon). Il mérite donc plus que jamais ce titre, le plus beau de tous. Il a été énorme et décisif toute la compétitio­n. Je le vois comme un grand joueur mais aussi comme un grand monsieur, toujours correct.

Mbappé peut-il devenir le nouveau Messi à l’échelle de la planète? Je pense que oui, mais cela dépend de ça (il pose l’index sur son front). J’ai remarqué quelques trucs au niveau de l’attitude, à la Coupe du monde… Il faut qu’il devienne un grand joueur mais aussi un grand monsieur. Il est jeune. Je pense qu’il va y arriver.

Pablo au quotidien à Nice, hors du foot ? Je fais du vélo, je cours, je vais à la mer, surtout sur la Promenade des Anglais. Je me balade dans le vieux Nice, je m’arrête pour manger la socca ou un pan bagnat. Nice a toujours été la plus belle, mais je trouve que la ville s’est beaucoup améliorée, on le voit même au niveau des transports en commun. Je sors le plus souvent avec un tee-shirt ou une casquette que m’ont donné les supporters. Et j’ai désormais un compte Instagram (pablitoofficiel). Je me suis mis à l’heure !

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(Photo François Vignola) Pablo Rodriguez avait promis lors de son départ du Gym de revenir vivre un jour à Nice. C’est fait !
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