TROPHÉE DES CHAMPIONS EN CHINE / PSG - MONACO (SAMEDI, H) La Chine a fait un rêve
Compétition anonyme il y a peu, la Chinese Super League est devenue en moins de 5 ans un championnat riche, pas forcément très compétitif, qui s’offre des joueurs renommés
Fabio Cannavaro, Paulo Sousa, Dragan Stoijkovic, Dan Petrescu, Bernd Schuster, Uli Stielike. Sur le papier, ce début d’équipe aurait de la gueule. En 2018, il s’agit d’un échantillon des entraîneurs qui oeuvrent sur les bancs de la Chinese Super League. Oui, la Chine s’éveille au football. Avec fracas et beaucoup d’argent. Pour le championnat actuel, qui prend fin en novembre, les stars ont de la gueule : Hulk, Oscar, Ezequiel Lavezzi, Javier Mascherano, Gervinho, Hernanes, Nicolas Gaitan, Renato Augusto, Cédric Bakambu, Axel Witsel ou encore l’ancien Monégasque Yannick Carrasco et l’ancien du Gym Anthony Modeste. Comment un championnat qui végétait dans l’anonymat le plus total est-il devenu aussi puissant financièrement en si peu de temps ?
« Les Chinois nous ont niqués »
La réponse se trouve dans le programme du Président de la république populaire de Chine Xi Jinping, qui souhaitait disposer d’un championnat digne de ce nom. A la fois pour des raisons économiques mais aussi en terme d’image puisque la Chine a un rêve : organiser le Mondial 2030. Pour ce faire, il faut exister sur la planète football. Alors pour doper son championnat local, les clubs chinois ont investi massivement et notamment dans les joueurs brésiliens (24 Brésiliens évoluent actuellement en première division chinoise) tout en profitant de la puissance économique pour piller Buteur contre Monaco en Ligue des champions en , le Brésilien Talisca ( ans) a préféré rejoindre la Chine et Guangzhou Evergrande plutôt que Manchester United. (Photo AFP)
des marchés plus faibles. En 2016, les Corinthians, sacrés champions du Brésil, ont ainsi perdu quatre titulaires, partis monnayer leurs talents en Chine (Jadson, Renato Augusto, Ralf et Gil). « Les Chinois nous ont niqués », résumait crûment Tite, l’entraîneur du club auriverde, qui avait eu toutes les peines
du monde à défendre son titre (7e en fin de saison), selon des propos rapportés par le Daily Telegraph. Autre pan du renouveau chinois, l’arrivée massive des entrepreneurs locaux dans chaque club. En résumé, chaque équipe du championnat est adossée à une grosse fortune locale. Ainsi, Alibaba,
géant du commerce en ligne, détient 40% des parts du Guangzhou Evergrande et son président, Jack Ma, avoue pourtant «nepas comprendre grand-chose au football ». Dans le même temps, l’Etat a aussi fait péter la carte bleue comme en témoigne la folle ascension du Shanghai SIPG, bien aidé par un investissement massif de l’Etat via Shanghai International Port Group (SIPG) qui gère le port de Shanghai. À côté de ça, les droits télé ont été multipliés par 20 en 5 ans via China Media Capital. Sans oublier les investissements chinois dans certains grands clubs européens (Wanda Group est actionnaire à hauteur de 20% de l’Atlético Madrid et le nouveau stade des Colchoneros s’appelle d’ailleurs Wanda Metropolitano).
Meilleure affluence que la Ligue
Pour autant, cet afflux massif d’argent n’a pas rendu le championnat extrêmement attractif en terme d’image et n’a pas tiré l’équipe nationale vers le haut (absente des quatre dernières Coupe du monde, aucun titre en Coupe d’Asie des nations). D’ailleurs, pour ne pas décourager les jeunes footballeurs chinois, le championnat est régi par des règles drastiques (6 joueurs étrangers dans chaque effectif maximum, seulement trois autorisés à jouer en match, interdiction pour les clubs de faire jouer plus d’étrangers que de Chinois U23 durant un match). En dépit d’un championnat sans aucun suspense puisque le Guangzhou Evergrande vient de remporter les sept dernières éditions (2011 à 2017), les Chinois se ruent massivement dans les stades. Avec une affluence moyenne de 23 766 lors du dernier championnat, la Chinese Super League fait mieux que la Ligue 1 (20 906 spectateurs).