LA GRÈVE DES CHAUFFEURS DE BUS SE DURCIT
Le conflit social qui oppose les conducteurs à la direction de la CAM persiste. Hier, les grévistes ont manifesté dans la rue et devant le siège de la compagnie pour défendre leur condition de travail.
Les relations entre notre syndicat ne cessent de se détériorer, elles ont atteint un seuil inacceptable pour les salariés» scande Redah Bouhlel, secrétaire général du syndicat du personnel de la CAM, au onzième jour d’une grève qui semble partie pour durer. Hier après-midi, alors que le soleil accablait les courageux qui avaient quitté leur climatisation, ils étaient environ 90 à s’être rendus sur place. Pas tous chauffeurs de bus à la CAM. Des membres d’autres syndicats étaient venus prêter main-forte pour grossir le groupe d’une trentaine de conducteurs. Des retraités étaient là aussi, et des proches. «Parce qu’on a le nombre» disait le tract d’invitation à cette «Autobus Party ».
Solidaires
Un autobus passe, le conducteur klaxonne et lève le pouce, signe que tous les revendicateurs ne battent pas le pavé. Sirènes et sifflets à tous vents, et panneaux aux messages évocateurs : « Non aux pauses pipi chronométrées », «Stop aux cadences infernales », ou encore « Papa ou Maman à la maison 1 weekend dans le mois ! ». Redah Bouhlel continue son discours : «Les conducteurs ont besoin d’un week-end de repos par mois, pour nos familles c’est essentiel.» Une demande qui n’est pas satisfaite pour ces hommes qui travaillent 6 jours sur 7. «Les conducteurs ont besoin de sortir du bus au terminus, comme le préconise la médecine du travail, pour satisfaire les besoins physiologiques, et pour prévenir les troubles musculo-squelettiques.» Là, ce sont les cadences qui sont mises en cause. Ils souhaiteraient un temps de battement de 6 à 8 minutes à chaque terminus, contre environ 5 minutes à ce jour. «Face à ces besoins essentiels, la direction nous oppose un refus de principe. Pourtant on ne demande pas la lune, juste de la reconnaissance. Pour cela, on propose de faire des concessions, mais la direction rien. »
Journée (dis-) continue
Alors, ils assurent qu’ils tiendront, grâce à la solidarité des autres syndiqués. Le coeur du problème semble résider surtout sur l’abandon de la journée continue. Le renoncement à la pause déjeuner, à la faveur d’une journée continue, qui a cours dans l’entreprise depuis 1976, implique le paiement d’une » indemnité ». Une indemnité non payée, puisqu’en 1976, ce sont les chauffeurs qui réclamaient la journée continue. Aujourd’hui, les hommes du volant la réclament. Alors la direction rétablit la pause déjeuner pour les revendicateurs afin d’éviter le paiement. Il y a donc deux régimes. Et un imbroglio de plannings difficilement interchangeables pour compenser les week-ends réclamés. Les grévistes assurent avoir renoncé au paiement de cette allocation les jours de semaine. Le début d’une ouverture ? Hier après-midi, les bureaux de la CAM affichaient un écriteau mentionnant « Fermé pour raison technique ».