Une longue marche contre la maladie de Charcot
À 26 ans, Vincent Monnerie relie Thonon-les-Bains à Nice avec le strict nécessaire, afin de récolter des fonds pour la recherche
Au départ de Valdeblore mercredi matin, le jeune homme ressent « une fatigue générale et des douleurs aux pieds ». Et pour cause : Vincent Monnerie n’a pas pris une seule journée de repos depuis le début de son périple à Thononles-Bains (Haute-Savoie), le 15 juillet dernier. « La chaleur n’est pas dure, mais les orages sont très contraignants. Il m’est arrivé de voir la foudre tomber tout près de moi. D’autres fois, je me suis retrouvé complètement trempé, à devoir marcher sous la pluie. » Des difficultés qui n’altèrent pas sa motivation à atteindre son objectif principal : sensibiliser le public à la maladie de Charcot et recueillir des fonds pour la recherche. Cette maladie neurologique progressive, aux causes méconnues, ne dispose d’aucun traitement connu à ce jour.
« Sur la route pour favoriser les rencontres »
Vincent a déjà avalé près de 400 kilomètres derrière sa brouette. Un compagnon de route qu’il n’a pas choisi au hasard, puisque le jeune homme originaire de Loches (Indre-et-Loire) est employé des travaux publics. Un outil pratique, surtout, qui lui permet d’emporter «le nécessaire pour dormir et manger en cas d’étape en montagne, ainsi que cinq litres d’eau, une roue de secours, une paire de chaussures d’appoint », et beaucoup d’autres choses. Vers 9 heures du matin, il quitte son village d’étape et se met en marche pour une longue journée, derrière sa brouette. «Je marche toujours d’une traite, et je grignote sur le chemin. Rester Au sommet de l’Iseran ! En compagnie de Gilles, qui se bat contre la maladie depuis ans. (Photos D. G.)
sur la route me permet de favoriser les rencontres. »
« La star c’est la brouette »
Et c’est plutôt efficace, puisqu’en seulement deux semaines, son journal de bord, « Des Kilomètres en Brouette », a réussi à agréger une communauté de 90 000 personnes sur Facebook, qui suivent ses exploits jour après jour. « La star, c’est la brouette ! Elle dégage un message, elle questionne les gens, et surtout elle me permet de faire connaître la maladie de Charcot », estime le jeune
homme, qui explique ses motivations à un passant dans une vidéo vue plus de 8 millions de fois. C’est pour son père Philippe, disparu en mai dernier des suites de la maladie, que Vincent a décidé, il y a quelques semaines, de traverser les Alpes avec une brouette. Un symbole aussi du fardeau que portent les personnes atteintes de sclérose latérale amyotrophiques (SLA).
Plus de pour la recherche
La cagnotte en ligne, lancée il y a quelques jours, a déjà permis
de récolter plus de 25 000 .La somme, qui s’ajoute au sponsoring d’une vingtaine d’entreprises de son village, sera reversée à un laboratoire de recherche. Le marcheur n’a cependant pas encore décidé lequel. « Cet argent, ce n’est pas pour ravitailler la machine à café du labo. Je vais suivre leurs travaux de très près. Les personnes malades ont beaucoup d’espoir et je ne veux pas les décevoir. » Avec l’association Momone Extrême, créée par son père en 2010, Vincent a d’ores et déjà démarché de nouveaux partenaires. Après avoir pris contact avec des structures engagées dans la lutte contre la maladie, il espère intégrer le Collectif Solidarité Charcot très prochainement.
Prochain périple en Corse
Prochaines étapes sur la route du marcheur : Menton hier soir, et enfin Nice dans la journée de samedi. La capitale azuréenne pourrait prévoir un événement public pour l’accueillir. Mais Vincent Monnerie n’a pas fini de marcher, avec d’ores et déjà d’autres projets en tête. S’il reprend le travail dès le 20 août prochain, ce n’est que pour financer son prochain défi en Corse. Un voyage qui l’emmènera du centre de l’île vers la côte ouest, dès la mi-septembre. « Je me suis créé ma propre discipline, estime Vincent. Je serai toujours avec une brouette, mais pas la même. »