Monaco-Matin

French Connection, héroïne de Roland Laurette

L’ex-professeur niçois de lettres et de culture générale, devenu écrivain, a recueilli les confession­s d’Henri Malvezzi, principal chimiste du célèbre trafic de drogue

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Etonnant et inattendu Roland Laurette ! Homme raffiné, cultivé, policé, très bien élevé. Et au milieu de cette distinctio­n innée, une propension à écrire sur les voyous. Deux livres sur l’affaire Colonna et récemment, les confession­s décryptées, commentées d’Henri Malvezzi, chimiste de la French Connection : Le paquet de gitanes bleues (Les Editions Ovadia). Trois livres aux antipodes de ses ouvrages déjà publiés. Roland Laurette. Fils de petits paysans du Sud-Ouest. Vivant à Nice. Passionné d’histoire de l’art. Agrégé de lettres modernes. Professeur de culture générale en classe préparatoi­re à HEC aujourd’hui à la retraite. Devenu écrivain à plein temps. Et donc, fasciné par les mauvais garçons ? Il lève la tête. Pointe le menton. Plisse les yeux. Ne dément pas. Argumente, amusé. « Je suis fasciné par les marginaux qui jettent sur le monde des gens ordinaires, un regard différent. Il y a chez eux, un refus des choses qui façonnent notre société. Mais au bout du compte, leur société parallèle possède les mêmes ressorts de fonctionne­ment que la nôtre.»

Humain et loyal...

La drogue. Devenue héroïne inédite sous la plume alerte de Laurette. Sniffée sous un autre angle. « Un jour, je suis dans un salon du livre. Quelqu’un me propose de rencontrer Henri Malvezzi, qui veut raconter sa vie. Oui, ça m’intéressai­t. » La rencontre entre le littéraire et « L’empereur de la came » a lieu à Marseille. « Il avait purgé 18 ans de prison. Il Roland Laurette a une propension à écrire sur les voyous. (Photo C. R)

avait payé sa dette et faisait partie des 4 ou 5 survivants de cette époque. » Malvezzi, jeune marin, beau gosse, croisant le chemin des plus grandes figures du banditisme. Bas-fonds. Règlements de compte. Parrains. Juge Michel. Coulisses d’un empire du milieu peu recommanda­ble, mais avec ses codes. « Mon problème

était de comprendre le personnage. Ce qui m’a attiré, c’est son côté humain. Quand il a 18 ans, il est à bord d’un navire. Un jour, un copain marin, comme lui, se jette à l’eau. On essaie de le sauver. Malvezzi plonge de 18 mètres de hauteur au milieu des requins... Oui, c’est un voyou, mais c’est également un héros. Il nourrit une loyauté à l’égard de ceux qui appartienn­ent au même monde que lui.»

Témoignage­s intègres

Un livre tandem. Tantôt c’est Malvezzi qui cause, confie, exhume des secrets ou des cadavres. Tantôt, c’est Laurette, qui écrit. « Lorsque les caractères sont en italique, c’est moi qui parle. » Un roman noir au réalisme social, à l’écriture cinématogr­aphique, au style vivant, direct comme un coup de feu à bout portant, sincère et tendre comme on pouvait l’être sur le Vieux-Port de Marseille. Du grand banditisme aux témoignage­s intègres. Drôle d’alchimie sous morphine...

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco