Monaco-Matin

Ils se déchirent autour de Marwa la petite Niçoise

Les réseaux sociaux s’enflamment. D’un côté, les partisans de Zakaria Sy, artisan de la campagne médiatique pour la Niçoise. De l’autre les partisans du père. Sur fond d’accusation­s d’escroqueri­e

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Facebook, YouTube, Twitter sont devenus, depuis quelques jours, les lieux où des protagonis­tes de l’affaire de la petite Marwa s’écharpent, s’accusent, s’insultent, se menacent… Triste et douloureux spectacle autour de la fillette pour laquelle un magnifique élan de solidarité s’était créé il y a presque deux ans. Une vague de soutiens impliquant des citoyens lambda, des people, des youtubers et même des stars internatio­nales. La cause de la petite Niçoise, victime d’un entéroviru­s foudroyant qui lui avait causé en septembre 2016 de terribles séquelles neurologiq­ues et endommagé plusieurs de ses organes dont le coeur, avait gagné le Net.

Cagnottes, tirelires, dons et vente de tee-shirts

De nombreuses cagnottes en ligne ont été créées, des tirelires installées dans des commerces, des teeshirts à l’effigie de la fillette vendus, des manifestat­ions organisées et des pétitions aux centaines de milliers de signataire­s lancées… En parallèle, une bataille judiciaire s’était engagée entre les parents et le corps médical. Fallait-il débrancher la fillette placée sous coma artificiel? Les parents avaient obtenu gain de cause auprès du Conseil d’État pour que leur enfant ne soit pas débranché. Aujourd’hui, les accusation­s d’escroqueri­e, de vols de dons, les plaintes pour diffamatio­n rythment cette affaire sur les réseaux sociaux qui s’enflamment. Car ça touche au coeur. Et désormais au

porte-monnaie. Des internaute­s réclament même d’être remboursés de leurs dons et ont lancé une « contre-pétition ».

« J’ai mis ma vie de côté pour elle »

Zakaria Sy, un Parisien de 31 ans, accuse le père, Mohamed Bouchenafa, d’avoir détourné des fonds destinés à la fillette. C’est ce jeune homme «impliqué dans l’humanitair­e» qui, en février 2017, avait pris fait et cause pour la petite fille qui avait créé le compte Snapchat «Jamais sans Marwa» qui dispose de plus de 100 000 followers.

« J’ai mis toute mon énergie pour la cause de Marwa. J’ai mis ma vie de côté pour cette petite ,raconte-t-il. Je suis devenu un proche de la famille et je me suis occupé des réseaux sociaux. »

« Il est devenu agressif. J’ai été menacé »

Mais très vite, ce jeune homme affirme avoir «senti qu’un truc clochait. » Il précise: «Le père disait avoir besoin d’argent pour acheter le matériel nécessaire pour hospitalis­er Marwa à domicile. Je lui ai demandé de faire faire des devis afin de les poster sur les réseaux sociaux et booster les dons. » Sauf que, assure Zakaria Sy, « il m’a fait poireauter, me disait que les devis étaient prêts, mais il n’a jamais voulu me les fournir ». Selon lui, « à partir de ce moment-là, il a commencé à me dénigrer sur les réseaux sociaux. Il est devenu agressif. Il a même mis mon adresse sur le Net et j’ai été menacé jusqu’en bas de chez moi ». Zakaria Sy assure avoir porté plainte contre le père de Marwa « preuves à l’appui ». Comme cette création de société dont le père de Marwa est le gérant. Un institut d’esthétique au nom de la cousine de Mohamed Bouchenafa. «Le père de Marwa n’a pas voulu que je vire l’argent de l’une des cagnottes, 22000 euros, sur le compte de sa femme mais sur celui de sa cousine. Et quelque temps après, elle ouvre un institut à Montpellie­r. » (1) Des accusation­s niées faroucheme­nt par le père de famille (lire ci-dessous).

« Toutes les sorties d’argent sont justifiées »

D’après Abdel Z., qui a organisé des directs sur le Net pour défendre Mohamed Bouchenafa, le montant des cagnottes Internet et des dons s’élèverait à 142100 euros. «L’argent est bel et bien présent, afin de servir l’associatio­n Jamais sans Marwa. Toutes les sorties sont justifiées avec factures et documents officiels », clame le soutien du père accusé. 1. Une société a bien été créée à Montpellie­r en mars 2017, et dont le père est le dirigeant.

 ?? (DR) ?? Marwa, victime d’un virus foudroyant est toujours hospitalis­ée dans le Var. « Son état ne s’est ni amélioré, ni dégradé », selon son père, Mohamed Bouchenafa.
(DR) Marwa, victime d’un virus foudroyant est toujours hospitalis­ée dans le Var. « Son état ne s’est ni amélioré, ni dégradé », selon son père, Mohamed Bouchenafa.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco