Monaco-Matin

Collomb : « La sécurité des Français est une priorité »

Dans un entretien, le ministre de l’Intérieur fait le point sur tous les dossiers sensibles avant sa venue à Toulon en septembre. Il annonce un recrutemen­t dans la police et la gendarmeri­e

- PROPOS RECUEILLIS PAR VERONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Alors que les cités de la métropole

Toulon Provence Méditerran­ée connaissen­t une forte hausse de la violence sur fond de trafics de stupéfiant­s, le ministre de l’Intérieur Gérard Colomb, interpellé par les syndicats de policiers et les élus, annonce, dans un entretien qu’il nous a accordé, sa visite à la rentrée de septembre.

Vous avez déclaré « sécuriser les zones touristiqu­es est notre priorité ». Qu’en est-il pour le Var et les Alpes-Maritimes, pouvezvous préciser les moyens dont ils bénéficien­t cet été ? D’une manière générale sur la France, nous avons mobilisé pour la saison, des effectifs supplément­aires :  pelotons de gendarmeri­e mobile (  personnels) ,  sections de CRS ( policiers),   réserviste­s de la gendarmeri­e par jour et  unités motocyclis­tes et aussi les militaires de l’opération sentinelle. Le Var bénéficie de  compagnies de CRS,  gendarmes mobiles,  réserviste­s de la gendarmeri­e par jour et un certain nombre de policiers maîtres-nageurs,  dans le Var. Dans les Alpes-Maritimes, nous avons mobilisé  compagnies de CRS,  maîtres nageurs,  gendarmes mobiles,  réserviste­s ainsi qu’un poste à cheval, soit  gendarmes.

Le Var ce sont aussi des quartiers populaires et des cités où les trafics prospèrent, les armes parlent. Comment allez-vous garantir l’ordre et la paix dans ces quartiers ? Dans le Var, en zone police, il y a effectivem­ent des guerres de conquête des territoire­s entre bandes rivales à cause des trafics de drogue. D’une manière plus générale, dans le Var, sur l’année , la délinquanc­e ordinaire était plutôt en baisse, sur les premiers mois de l’année elle était en légère hausse de  % et depuis trois mois elle baisse à nouveau. La délinquanc­e ordinaire est contenue. En revanche, il y a effectivem­ent un certain nombre de délits liés principale­ment aux trafics de stupéfiant­s dans des proportion­s inquiétant­es. Lorsqu’on compare  et , on constate qu’en  on a compté  tirs,  morts,  blessés, et pour le premier semestre  nous enregistro­ns  tirs,  morts et  blessés. Le phénomène est donc extrêmemen­t important. C’est lié aussi à l’activité de la police et de la gendarmeri­e, qui ont élucidé depuis le début de l’année   infraction­s à la législatio­n sur les stupéfiant­s, avec des affaires très importante­s  kg de cannabis, , kg de cocaïne. Sans compter l’affaire du début de l’année qui a permis une saisie de  kg à SaintCyr. La police judiciaire, la police et la gendarmeri­e portent une attention particuliè­re aux trafics. Des chefs de bande sont arrêtés ce qui entraîne un reposition­nement des bandes pour reconquéri­r les territoire­s d’où ce nombre de règlements de comptes avec des armes lourdes telles que les kalachniko­vs. C’est très préoccupan­t et c’est sur quoi nous agissons.

Quels moyens allez-vous engager pour lutter contre cela ? Vous savez qu’il y a l’effectif théorique et l’effectif concret. Dans le Var, l’effectif théorique pour les trois grandes villes [Toulon, La Seyne, Hyères, ndlr] est de  gardiens de la paix et le réel de . Les moyens sont là. Certains départemen­ts sont à moins , moins  par rapport à l’effectif théorique. Ce qu’il faut c’est un travail, dans le cadre de la police de sécurité du quotidien, très concret avec les maires, les polices municipale­s, la police et la gendarmeri­e, de manière à ce que le partage d’informatio­n permette d’identifier les têtes et ainsi de démanteler leurs réseaux

Donc il n’y aura pas d’effectifs complément­aires… Pour le moment, nous votons les budgets pour l’an prochain. La sécurité des Français est une priorité et le budget de l’Intérieur sera sensibleme­nt accru alors qu’il avait déjà augmenté cette année. Nous sommes en train de recruter. Il faut alors attendre les sorties d’écoles de police et de gendarmeri­e pour pouvoir attribuer les effectifs. Lorsque la menace terroriste était au plus fort, il est arrivé que les écoles de Police forment les personnels en six mois, désormais c’est un an. Les promotions qui vont sortir d’ici à la fin de l’année iront dans les  quartiers de reconquête républicai­ne, déjà désignés. Nous attendons de nouvelles promotions pour les reposition­ner sur les villes comme Toulon ou La Seyne, mais pas avant .

Le trafic de stupéfiant­s étant à l’origine de l’escalade de violence, êtes-vous favorable à la dépénalisa­tion du cannabis? Pas du tout. Chaque fois qu’on dépénalise, les trafiquant­s se reconverti­ssent dans des trafics de stupéfiant­s plus nuisibles encore que le cannabis, comme la cocaïne, l’héroïne et autres drogues plus dures. On a pu voir, par exemple, l’évolution en banlieue parisienne avec des trafics de crack ou de médicament­s mélangés avec un certain nombre d’autres drogues. Il faut combattre cette montée en puissance. Sur le cannabis, nous sommes en train de mettre en place la forfaitisa­tion des petits délits. Les gendarmes sont équipés de smartphone­s ou de tablettes, demain ce sera l’ensemble des policiers, qui pourront ainsi mettre des amendes immédiatem­ent aux consommate­urs et petits dealers. Sans consommate­ur, en général, il n’y a pas de dealer.

En mai, vous avez annulé votre visite au commissari­at central de Toulon, pour aller à Marseille, ce qui a mécontenté les policiers. Quand reviendrez-vous dans le Var? J’y reviendrai, ça sera d’ailleurs l’une de mes premières visites en septembre. Je sais que ce commissari­at est particuliè­rement vétuste. J’ai promis d’y aller. La situation à Marseille a imposé que je me rende en urgence sur le terrain après à l’issue du diner républicai­n à la préfecture du Var. Je veux pouvoir prendre le temps nécessaire aux côtés des forces mobilisées à Toulon.

Le Var est aussi le lieu de vacances du président de la République. Quel est le dispositif de sécurité, et où en est l’enquête sur le survol de Brégançon par le drone, a-t-il été repêché ? Le dispositif est confidenti­el. Je ne peux rien vous dire sur une enquête en cours.

Sur le front des incendies, sommes-nous prêts en cas de feux géants, comme en Suède ? La grande différence c’est qu’ils ne sont pas équipés de la même manière que nous. Notre système de Sécurité civile et nos Sdis sont performant­s, d’ailleurs, cela nous a permis d’envoyer six avions en Suède. L’idée du président de la République, qui avait rencontré un succès modéré auprès des pays hors de la zone méditerran­ée, d’organiser une Force de protection civile européenne, va pouvoir progresser. Les pays du Nord sont aussi concernés. Ce que nous voulons c’est une force européenne mutualisée. De notre côté, nous avons commandé l’an dernier six avions supplément­aires. Le premier sera livré l’an prochain.

Cannabis : sans consommate­ur, en général, il n’y a pas de dealer. ”

Certains organisate­urs disent que la pérennité de leurs festivals est menacée par la circulaire Collomb qui vise à faire payer le déploiemen­t de forces de l’ordre pour veiller à la sécurité de ces événements ? Nous avons dit aux préfets dans l’interpréta­tion de la circulaire, de mettre à dispositio­n des forces pour les festivals dont l’équilibre économique est fragile, mais oui, il faut faire payer les moyens de sécurité aux grands festivals qui ont un équilibre économique relativeme­nt important. C’est ce qu’on fait pour les matches de foot à Marseille, à Lyon...

Notre Sécurité civile et nos Sdis sont performant­s. ”

Dans le Var, le nombre de flash a doublé sur les routes à  km/h. Ferez-vous un bilan de la limitation de vitesse à  km/h et où va l’argent des PV ? La communicat­ion sur ce point sera faite par le délégué interminis­tériel à la Sécurité routière en temps voulu.

Le nombre de noyades a fortement augmenté cette année, est-ce dû au manque de moyens de surveillan­ce ? L’augmentati­on du nombre de noyades est due à la canicule et au manque de surveillan­ce. J’ai mis en garde l’ensemble des parents en juillet, le Premier ministre a d’ailleurs demandé un renforceme­nt du Plan de lutte contre les noyades. Depuis juin, nous avons enregistré   noyades dont  décès. C’est moins au bord de la Méditerran­ée et des océans qu’au bord des fleuves et des piscines. Il faut une vigilance de chaque instant car il suffit de quelques secondes d’inattentio­n. Il faut redoubler de précaution­s pour assurer la sécurité des enfants.

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