Monaco-Matin

Quinze jours ferme pour une possible vente de cannabis au Larvotto

- JEAN-MARIE FIORUCCI

En Principaut­é, les dealers se rapprocher­aient-ils au plus près d’éventuels clients pour vendre de la résine de cannabis ? C’est la situation évoquée au cours de la dernière audience de flagrance, avec la comparutio­n d’un Français de 20 ans. Ce jeune homme, sans emploi et à la scolarité rationnée, arrivait de Moselle avec dix-sept sachets de haschich dans les poches. Soit un poids total de 17,78 g. Il avait l’intention de se rendre sur la plage du Larvotto. Occasionne­llement, sur le sable, il aurait bien cédé quelques pochons de drogue pour s’autofinanc­er. Le tribunal correction­nel l’a condamné à une peine de quinze jours de prison ferme pour usage détention, transport, importatio­n, offre, cession de produits stupéfiant­s.

Il fait sa pub sur Snapchat

Dimanche, vers 15 h 45, les policiers contrôlent un groupe de trois personnes sur le boulevard Louis-II. Tous sont des consommate­urs de shit. Mais un Messin, en présentant sa carte d’identité, fait apparaître plusieurs pochons conditionn­és avec une substance brunâtre. L’intéressé reconnaît avoir acheté le cannabis à Marseille et à Cannes pour 120 €. Puis, découpé grossièrem­ent au couteau les barrettes afin de préparer des sachets de 1 g à 2 g proposés aux tarifs respectifs de5 € et 10 €. Par la suite, l’exploitati­on de son téléphone portable démontre aux inspecteur­s que ce Lorrain faisait sa pub en postant des vidéos sur Snapchat. À l’audience, le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e note les multiples versions du prévenu au cours de sa garde à vue pour expliquer la provenance de la drogue et sa destinatio­n. « Laquelle est crédible ? Vous n’avez ni salaire ni aide, et pourtant vous venez en vacances sur la Côte et vous achetez une grosse quantité de résine. Comment est-ce possible ? » Le détenu, inquiet d’une condamnati­on pressentie, confie : « Je consomme du cannabis depuis cinq ans. J’ai essayé d’arrêter, mais ça n’a jamais marché ! Je l’achète et je subsiste grâce à l’argent que m’envoie ma mère. Je regrette. J’ignorais que le shit était interdit à Monaco. Mais je n’étais pas venu pour en vendre. Ne me privez pas de la possibilit­é d’avoir un travail… »

La clémence du tribunal

Le magistrat note les multiples mentions sur le casier français du jeune homme: « Mineur, vous avez été condamné en 2012 pour vol. En 2013 et 2014 pour violences. Enfin majeur, en 2017, pour stupéfiant­s. Vous êtes en état de récidive légale. Vous allez passer votre vie en prison ? » Silence. Le procureur général adjoint Hervé Poinot réclamera quatre mois de prison ferme et dix ans d’interdicti­on du territoire monégasque. La défense tentera d’instiller le doute. « Mon client avait-il l’intention de les vendre ? Le trafic est impossible à Monaco et plus encore pour une personne qui arrive de Lorraine. Comment peut-on se nourrir et se loger au prix de 5 € le sachet ? Délaissé par son père, en rupture de scolarité et d’emploi, le prévenu vit de petits boulots. C’est un jeune qui a besoin qu’on lui tende la main. L’envoyer en prison, c’est inutile. Il n’y a aucun programme de réinsertio­n. Remettez-le dans le droit chemin en prononçant une peine, même lourde mais assortie du sursis. » Le tribunal affichera une clémence certaine.

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(Photo C.D.) Le tribunal correction­nel a été sensible aux arguments de la défense.

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