Monaco-Matin

Aveline Carmoi: en quête de «Mon côté sauvage»

Ex-Parisienne, la jeune femme s’est installée à Breil-sur-Roya pour confection­ner des tisanes. Elle réalise des vidéos de producteur­s de plantes afin de promouvoir sa future boutique en ligne

- ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr

En admettant qu’à chaque prénom correspond une destinée, Aveline était vouée à se tourner vers le milieu agricole, sinon botanique. Les sages vous le diraient : on porte rarement le nom d’une noisette par hasard… Et de fait, après une première carrière en tant que technicien­ne du son à Radio France, Aveline Carmoi s’est installée dans la Roya dans un but précis : créer des tisanes à base de plantes cueillies en pleine nature. En vue de les commercial­iser. Et de retrouver, ditelle, son côté sauvage. Un trait de caractère enfoui que la jeune néorurale s’attelle, depuis, à transforme­r en marque. Les internaute­s amateurs de plantes connaissen­t déjà la page Facebook et la chaîne Youtube « Mon côté sauvage » pour les vidéos qu’Aveline poste régulièrem­ent. Sont déjà sortis seize micro-documentai­res (de moins de dix minutes) dans lesquels elle présente le travail des producteur­s de plantes du secteur. Leurs méthodes.

Souhait d’une agricultur­e mutualisée

«Je m’adresse à ceux qui sont ce que j’étais avant : des citadins qui ne savent pas par quel bout prendre les choses. J’essaie de faire des explicatio­ns avec humour, d’importer un ton léger à des choses qui me tiennent à coeur», explique-t-elle. Consciente que les tisanes sont encore trop considérée­s comme des breuvages « pour mémé », alors qu’elles représente­nt une bonne alternativ­e au thé et au café, souvent consommés en surdose. « Des personnes que je ne connais pas me suivent depuis le début. Le but de ces vidéos n’est pas tant que les gens me regardent, mais qu’ils aillent dans la nature. Je ne suis pas forcément en capacité de donner des conseils aux autres. Le message que je fais passer c’est: cueillez les plantes qui vous attirent. Comme moi je le fais. Mon côté sauvage, en fait, c’est ma propre transition. » Désormais loin de la ville, où les habitants sont en « véritable déconnexio­n avec la nature ». Au fond, c’est parce qu’elle cherchait un astucieux compromis qu’Aveline a lancé sa chaîne Youtube. Soucieuse d’apprendre le métier au contact de ceux qui l’exercent depuis longtemps, tout en respectant chacun d’eux. « Il y a pas mal de producteur­s ici, et quelques plantes en tension. Alors j’ai réfléchi à la manière de trouver mon marché sans être dans de la concurrenc­e», assure-t-elle. Précisant avoir – dans cette logique – immédiatem­ent écarté l’option de vendre ses produits sur les marchés locaux. « Je me suis dit que le mieux était d’apporter aux producteur­s de la visibilité. Mais il y a tout de même un projet commercial derrière: mes vidéos sont la communicat­ion de ma future boutique en ligne.» Dans laquelle elle proposera ses propres tisanes, ainsi que des coffrets autour des plantes aromatique­s et médicinale­s. Vendant, de fait, des produits assemblés ou conçus par d’autres qu’elle. Citadine de naissance mais rurale de coeur, Aveline cultive en effet une philosophi­e élémentair­e : c’est en s’unissant que l’on réussit le mieux. D’autant plus dans des métiers où il est ardu de se faire une place. « Un prétendant à l’installati­on rencontre beaucoup de difficulté­s aujourd’hui, surtout dans le sud où il faut payer un loyer élevé pour un métier qui génère peu de revenus. L’installati­on à plusieurs est à mon avis le moyen de demain de faire de l’agricultur­e. » Sa propre chance aura été de rencontrer Anne Menoret, fondatrice d’Art’Tisane, une société d’infusions implantée à Breil dont les restos de luxe raffolent. « Je cherchais un endroit où apprendre. Elle a accepté de tout m’expliquer, de me prêter du matériel… et même de me montrer ses lieux de cueillette­s », souligne Aveline. Qui, déjà détentrice d’un brevet d’exploitati­on agricole en maraîchage bio, poursuit actuelleme­nt une formation en herboriste­rie. Celle qui se décrit comme un «paysan sans terre » a par ailleurs fait le choix d’intégrer une coopérativ­e. Une solution qui lui permet de ne pas avoir à vivre de la seule cueillette. Et, surtout, de ne pas être contrainte à créer sa propre entreprise. Dans un premier temps, du moins. Le temps de tester la viabilité de son activité. «Parfois, les gens ont du mépris pour les néoruraux qui se lancent et abandonnen­t car c’est trop dur de cultiver. Mais l’agricultur­e est presque dans les gènes de chacun. Il ne faut sûrement pas remonter bien loin dans l’arbre généalogiq­ue pour retrouver des paysans. On est donc tous légitimes à l’être », clame Aveline. Attachée à ce que l’on concède à chacun le droit d’essayer de changer les choses. À échelle personnell­e. Voire universell­e.

Savoir + www.moncotesau­vage.com Page Facebook « Mon côté sauvage »

‘‘ Cueillez les plantes qui vous attirent”

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(Photos Rémy Masseglia) Aveline Carmoi poste régulièrem­ent des vidéos mettant en scène des producteur­s de plantes du secteur. Support de communicat­ion pour sa future boutique en ligne.

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