Monaco-Matin

Beaulieu : on a nettoyé la mer avec Paddle cleaner

Créée en octobre 2015, cette associatio­n combine pratique ludique et sportive du stand-up paddle et engagement écologique en ramassant les déchets à l’aide d’une épuisette

- ÉLISE MARTIN

Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. » Pour les membres de «Paddle cleaner», cette phrase est devenue une devise. Depuis bientôt trois ans, les adhérents de cette associatio­n ramassent en moyenne 400 litres (on parle en volume de sac-poubelle plutôt qu’en kilos en fonction des objets parfois encombrant­s trouvés) de détritus chaque fois qu’ils sortent sur le littoral. Que ce soit en balade sur leur stand-up paddle (SUP), en canoë ou à pied sur les plages, leurs actions ont pour but de nettoyer mais également de sensibilis­er et d’éveiller les conscience­s. Alors, on a voulu savoir : qu’estce que c’est le paddle cleaner ?

Un sac-poubelle et une épuisette

Géraldine de Laugeiret, la cofondatri­ce, m’a donné rendez-vous à 17 heures, lundi dernier, sur la plage de la Petite Afrique de Beaulieusu­r-Mer. Au programme: longer la côte et amarrer un peu plus loin sur une crique connue pour sa saleté. Une dizaine de personnes sont venues ce jour-là, dont la moitié pour la première fois. Une petite sortie, comparée aux gros événements organisés avec le club Watersport de Saint- Jean-Cap-Ferrat hors saison, qui rassemblen­t une centaine de participan­ts. Nous voilà donc à lancer le paddle à l’eau et à grimper, armés d’un sac-poubelle et d’une épuisette. Je suis seule mais certains sont deux sur leur petite embarcatio­n, avec

des rôles bien déterminés : l’un rame, l’autre ramasse. Dès les premiers mètres, on trouve des déchets à la surface. Des verres en plastique, des emballages de friandises. Malgré mon niveau novice, je prends rapidement le coup pour associer stabilité et maniabilit­é de l’épuisette. À mes côtés, Simon, 42 ans, est venu avec ses enfants, Mathilda, 10 ans, et Mathieu, 13 ans. « Un jour, j’ai vu passer l’événement sur Internet et j’ai acheté un paddle. Et j’ai initié la famille. Ça va faire le troisième été que nous participon­s aux manifestat­ions» , raconte

cet infirmier. Pour lui, comme pour d’autres paddleurs amateurs, cet intérêt s’inscrit plus largement dans un mode de vie éco-responsabl­e : zéro déchet, zéro gluten, zéro produit animal, etc. La fibre écologique est le point commun des participan­ts.

Un soutien-gorge et une hélice

Arrivés sur la petite plage, on s’équipe de gants et c’est parti. On ramasse beaucoup de mégots, énormément de cotons tiges, des bouts de plastique, un soutiengor­ge,

deux casquettes, un moteur et une hélice de bateau… En tout, trois sacs et demi de 100 litres sont remplis. Pour Marine et Mass, Niçois depuis cinq mois, la surprise est grande: «C’est en voyant par nous-mêmes tout ce qu’on peut ramasser qu’on se rend vraiment compte. C’est ce genre d’actions qui te civilise, à mon avis.» C’est là tout l’objectif de l’associatio­n explique Géraldine, la cofondatri­ce: « On veut multiplier les campagnes et les projets tout en conservant le nettoyage. Il faut proposer des solutions alternativ­es au plastique et montrer le pouvoir de la consommati­on sur notre empreinte écologique. Le paddle, c’est le parfait support ludique pour attirer le regard sur la planète et pour agir. En plus, je vois que les gens sont enthousias­tes et qu’ils aiment le concept. Même s’ils n’adhèrent pas à tout, on crée des réflexes pour leurs prochaines balades ».

« Il faut réagir »

Tout en ramassant, Mathieu philosophe, du haut de ses 13 ans : «En protégeant la planète, on s’aide tous! Je suis persuadé qu’en répandant ce message et en continuant nos efforts, on arrivera à faire de notre minorité une majorité. » Sa soeur Mathilda enfonce: «Il faut réagir parce que nous sommes en train de détruire la plus belle planète du système solaire.» La relève est assurée avec cet esprit qui traverse déjà les génération­s… Deux heures de nettoyage plus tard, les paddles chargés de sacs poubelle, on retourne vers la Petite Afrique. Une fois les sacs mis à la benne, Géraldine annonce : «On reste sur les paddle. On a bien mérité un petit apéro sans déchet. » On partage alors un dernier moment à l’eau avec des éco-cup, du houmous vegan et des gâteaux sans gluten. «Au final, c’est ça Paddle cleaner : un team, un vrai crew. C’est la conviviali­té», conclut le jeune Mathieu.

Pour suivre les prochains événements, rendez-vous sur la page Facebook Paddle Cleaner.

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(Photo Cyril Dodergny) Parmi la dizaine de participan­ts, partis depuis la plage de la Petite Afrique de Beaulieu-sur-Mer, certains se débrouille­nt seuls, d’autres sont en équipe..

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